Luxueusement illustré de cartes, plans, photos, reproductions de tableaux et témoignages habilement mis en page, cet ouvrage sur les résidences de gouverneurs et préfets en Guadeloupe, qui a reçu le soutien de la Préfecture de la Région Guadeloupe, a été rédigé à plusieurs mains (P Gustin, J Carton, P Coquelet, M-E Desmoulins, H Maheux) sous la houlette de l’historien local Gérard Lafleur (Saint-Claude, histoire d’une commune de Guadeloupe, 1995 – Les Libanais et les Syriens de Guadeloupe, 1999). Signalons également la collection Terres d’outre-mer de l’éditeur Hervé Chopin, et singulièrement, dans la veine patrimoniale, le remarquable Patrimoine de Guadeloupe (2017) pour les amoureux de l’archipel.

Des hauts-lieux du pouvoir

Trois sections éclairent brillamment le propos. La première dénommée l’histoire des résidences est la plus ample avec une généalogie remontant au XVIIè siècle, lorsque la Guadeloupe était encore, peu après l’arrivée des Français, propriété seigneuriale. Ces résidences, sises à Basse-Terre et à Saint-Claude (Matouba, Camp Jacob), au sud de la Guadeloupe, sont celles du pouvoir politique et militaire, incarné par les gouverneurs, puis par les préfets à partir de 1947, qui y résident ou y travaillent. Ces constructions de bois, de pierre puis de béton traversent les vicissitudes des siècles et leur cortège d’ouragans (1825, 1928), incendies (1905) et autres démolitions (1854) ou reconstructions (Champ d’Arbaud en 1865, Ali Tur en 1935). Plus près de nous, en sa qualité de  »maison de la République », la résidence préfectorale de Saint-Claude accueille d’illustres visiteurs, du Général de Gaulle (1956, 1960, 1964) à Jacques Chirac (1987, 2000).

Entrez…

Et pour mieux entrer dans cette fameuse résidence juchée à plusieurs centaines de mètres d’altitude, restaurée entre 2010 et 2014 et dotée d’un parc renommé, la deuxième section de l’ouvrage offre un florilège de photos actuelles impeccables signées Daniel Dabriou, témoignant de la richesse des belles et vastes demeures créoles du XIXè siècle. Détails d’architecture extérieure, intérieurs boisés où l’on croit entendre craquer le parquet dans un dialogue continu entre le dedans et le dehors, mobilier local (ce magnifique fauteuil en poirier pays du milieu du XXè) ou non soulignent le goût et un certain art de vivre sur les contreforts de la Soufrière. La résidence est classée Monument historique depuis 1979.

Enfin, les annexes proposent cinq biographies de gouverneurs majeurs, dont celle du Guyanais Félix Eboué, puis une chronologie des 34 préfets de la séquence 1947-2018, suivie d’une bibliographie.

En somme, ce beau livre invite à une visite dans le temps, mais aussi et surtout dans cet espace basse-terrien, antre du pouvoir. Une réussite.

La présentation de l’éditeur