Parmi les nombreux médias et journalistes qui ont suivi la campagne présidentielle, se cachaient 4 dessinateurs et 2 dessinatrices. Présents depuis l’automne 2021 jusqu’à la proclamation des résultats (cet album est sorti 15 jours après la fin du 2nd tour), ils étaient chargés de suivre chacun un (voire plusieurs) candidats et de retranscrire en une quarantaine de page chacun des moments de la campagne électorale.

Les auteurs

Mathieu Sapin est le chef d’orchestre de cette équipe et il est chargé de suivre Emmanuel Macron. Après avoir raconté la campagne de François Hollande, il a suivi ses premiers pas à l’Élysée dans l’album Le Château. Il est aussi l’auteur de Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu, de Comédie française ainsi que d’un film situé dans le milieu de la politique, Le Poulain.

Louison est chargée de suivre Christiane Taubira et Anne Hidalgo. Dessinatrice et romancière, elle a mis en scène la dernière année de mandat de François Hollande dans une bande dessinée, Cher François.

Dorothée de Monfreid est chargée de suivre Yannick Jadot. Elle a signé plus de cinquante albums jeunesse, ainsi que des bandes dessinées comme Mari Moto, Les choses de l’amour ou Ada & Rosie, mauvais esprit de famille.

Kokopello est chargé de suivre Jean Lassalle et Valérie Pécresse. Il a levé le voile sur la vie quotidienne des députés de l’Assemblée nationale dans Palais Bourbon.

Lara est chargé de suivre Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel. Dessinateur pour Le Canard enchaîné depuis 2014, il a suivi en ligne la campagne présidentielle de 2017 pour l’hebdomadaire L’Obs.

Morgan Navarro est chargé de suivre Marine Le Pen et Eric Zemmour. Il a, entre autres, publié Ma vie de réac, Stop Work (avec Jacky Schwartzmann), Ils sont partout (avec Lara) et Le Président (avec Philippe Moreau-Chevrolet).

Mon avis

Même si la bande dessinée Carnets de campagne est découpée en 5 chapitres chronologiques, n’attendez pas de cette dernière un récit détaillé et exhaustif des coulisses de cette campagne présidentielle. En effet, les dessinateurs s’intéressent à croquer des instantanés de celle-ci. Ainsi, on retrouve les grands évènements de la campagne (Covid-19 avec Omicron, guerre en Ukraine, candidature puis retrait de Taubira, candidature de Macron au dernier moment …) mais ils servent de toile de fond pour croquer l’atmosphère des meetings, des déplacements et des réunions informelles des différents candidats.

De même, n’étant pas des journalistes, les dessinateurs sont plutôt accueillis avec bienveillance (voire enthousiasme) par l’entourage des candidats. Ils semblent donc avoir disposé d’une certaine liberté d’observation et ensuite de restitution. Cette liberté se retrouve bien sûr graphiquement : chacun racontant ses instantanés de campagne avec son propre style de dessin. Elle est aussi présente dans le ton employé par chacun d’entre eux car ils n’hésitent pas à faire part de leur ressenti et de leurs doutes. C’est le cas, par exemple, de Morgan Navarro qui a peur de sympathiser avec des supporters d’Eric Zemmour ou de Louison qui, ayant suivi la campagne de Hollande en 2012, comprend vite que c’est très mal parti pour Hidalgo.

Cette bande dessinée peut être intéressante à utiliser au lycée dans le cadre de l’HGGSP ou de l’EMC. En effet, elle permet de saisir les coulisses d’une campagne politique et, notamment, les relations entre les équipes des candidats et les médias. De plus, par leurs questionnements politiques et métaphysiques, les dessinateurs arrivent aussi à donner à la politique ce qui lui manque souvent aux yeux de nos élèves : un peu de chair …