« Catherine de Médicis, figure controversée de l’histoire de France, devient crainte et redoutée lors des Guerres de religions. Mais sous le vernis de la légende noire, la vérité est en demi-teinte.

Au crépuscule de sa vie, Catherine est toujours hantée par de terribles cauchemars. Les morts la poursuivent encore jusque dans son sommeil. Une phrase l’accompagne comme une litanie morbide : « Treize, pas un de plus. » Elle voit dans ce chiffre porteur de malheur un message caché, et malgré la mise en garde de son confesseur, compte bien découvrir lequel ».

En février 2019 est sorti le deuxième volume de la trilogie sur Catherine de Médicis, intitulée la reine maudite, chez Delcourt. Ce titre appartient à la collection Les reines de sang, démarrée en 2012 avec Aliénor d’Aquitaine (6 volumes déjà parus depuis) et Isabelle de France (2 tomes). Cette collection s’est enrichie depuis de nombreuses figures féminines de notre histoire au sens large, de Cléopâtre à Tseu Hi, en passant par Jeanne de Bourgogne. Il est intéressant de noter que cette trilogie centrée sur Catherine peut s’inscrire dans la suite ou en parallèle des excellentes BD parues sur la famille Médicis chez Soleil (5 tomes).

Ce deuxième tome est toujours l’achèvement du travail de la même équipe que le premier, à savoir Simona Mogavino et Arnaud Delalande. Simona Mogavino et Arnaud Delalande sont les auteurs des 6 volumes de la collection des Reines de sang sur Aliénor d’Aquitaine. Ils sont à l’origine de la création de cette collection avec l’éditrice Marya Smirnoff. Arnaud Delalande avait auparavant publié chez Grasset plusieurs romans comme La Musique des morts et participé à l’écriture de scénarii, au cinéma (Krach de Fabrice Génestal) et en bd (Le dernier Cathare chez 12 Bis). Les auteurs sont accompagnés depuis le début de cette aventure chez Delcourt par le dessinateur argentin Carlos Gomez, connu avant ce travail pour son personnage de Dago chez Aurea.

Ce tome est construit d’une manière différente par rapport au premier. Il démarre par une évocation des événements de 1527, traumatisants à plus d’un point pour la jeune Catherine, puisqu’elle semble hantée jusque dans ses derniers jours par ceux-ci. Nous retrouvons ainsi Catherine à Blois en 1589, juste avant les Etats généraux, quelques jours avant sa mort, appelant un confesseur et relatant avec lui ce qu’il s’est passé entre 1559 et les noces de sang, à la veille de la Saint Barthélémy.

A travers ce tome, c’est l’inscription de Catherine à la fois comme « reine de sang » et « reine maudite » qui trouve son sens, beaucoup plus encore que dans le 1er volume. D’abord, la malédiction autour de sa famille en France. Epouse aimante et fidèle d’un mari volage, elle doit subir d’abord l’affront de la présence et des moqueries de la magnifique Diane de Poitiers, puis survivre à la mort accidentelle de son mari, Henri II. Mère de 10 enfants, elle en enterrera plusieurs, dont deux rois de France, François II et Charles IX. « Reine de sang », car au-delà de qui touche à son sang, à sa famille, elle est plongée au coeur de la violence des guerres de religion qui ensanglantent la cour et le royaume à partir de 1562. 

Les auteurs ont choisi de rentrer dans l’intimité de Catherine de Médicis, en proie à la culpabilité, à la superstition, aux doutes, parfois aux remords, arrivée au seuil de sa vie. Nous la voyons évoluer au sein d’un monde qui semble la rejeter mais aussi la craindre, proche de son mari et de ses fils, sa famille étant au coeur de son action politique et de ses ambitions, plus que le destin de la France en soi. Nous rencontrons une multitude de personnages, des Condé aux Guise, en passant par Nostradamus ou Côme Ruggieri. Les auteurs réalisent ainsi un 2e tome prenant, vibrant, rythmé et accrocheur, faisant de cet ouvrage une suite de très grande qualité à un premier volume, déjà lui-même très réussi.