Ce manga de Linus Liu, jeune dessinateur hongkongais, nous plonge dans la citadelle de Kowloon qui, jusqu’à sa démolition en 1992 était une ville dans l’enclave britannique de Hong Kong. Tigrou, jeune écolier, s’y égare et entraîne avec lui le lecteur du » côté obscur des cartes « .
Au cœur du labyrinthe
À la sortie de l’école, Tao Tigrou, au visage recouvert d’un masque de chat, se lance à la poursuite de son bulletin scolaire entraîné par le hasard dans les quartiers à l’est de Hong Kong et pourtant non loin de chez lui. Si la citadelle de Kowloon ressemble à un monolithe vu de l’extérieur, son enchevêtrement de rues, impasses et boutiques diverses y héberge une population multiforme. Drago au masque bicolore y sera son guide.
La clandestinité est le maître-mot dans ce quartier aux mains de la pègre qui en a pris le contrôle et y fait régner ses propres lois : nul ne s’y risque pas. La violence et la débrouillardise y règnent totalement.
Les cabinets dentaires clandestins y pullulent, les habitants, abandonnés des autorités s’éclairent par des branchements sauvages, les déchets jonchent les rues. Le quotidien y est dangereux : les mafias y règlent leur compte, des hommes tombent parfois du haut de l’escalier du paradis. Gangsters, tripots, prostitution, drogue gangrènent la citadelle. Pourtant, les 30.000 habitants forment une réelle communauté autour des échoppes de rue où se partagent les repas.
L’amitié pour guide
Catmask Boy s’inscrit dans la lignée des récits d’amitié. Tao Tigrou, seul dans les rues inconnues de l’Est, sort de l’enfance en se confrontant à une réalité dont il a toujours été préservé. Revêtu de son tee-shirt à rayures noir et blanc, le visage recouvert d’un masque qui n’est pas sans rappeler le yin et le yang, Drago, l’enfant de Kowloon, est une véritable boussole et un ange gardien pour le jeune héros du manga. Le danger est au coin de chaque ruelle pour l’étranger qui s’égare dans la forteresse.
Les jeux d’enfant deviennent des espaces d’affrontement. Ainsi, une bataille se livre contre deux jeunes frères simplement vêtus de maillots de corps et de short, à la coupe iroquoise, mais qui savent déjà tricher et triompher. « À quoi ça sert d’avoir toutes les cartes si personne ne joue avec moi » ? dit Drago en offrant à son nouvel ami l’ultime carte qui lui restait après la partie perdue.
Les super-héros survivent mieux ensemble à l’adversité qui peut s’abattre sur eux. Drago, l’enfant de Koolow, en connaît les règles, sait se battre, s’engager dans une poursuite dans les ruelles obscures. Isolé, la vie de Tigrou est directement menacée. « Laisse, j’ai grandi ici, moi, je ne crains rien » explique Drago prenant tous les risques pour son nouvel ami.
Linus Liu fait le choix de couleurs lumineuses qui rendent l’atmosphère heureuse, le trait du graphisme dégage un bonheur enfantin dans un univers qui ne l’est pourtant pas. Catmask boy est une fenêtre ouverte sur la société hongkongaise 20 ans avant la rétrocession du territoire à la Chine et une belle histoire d’amitié.