C’est une BD, Le nid : les fils de la mort, très particulière et originale qui nous est proposée par les éditions Sarbacane et l’auteur et scénariste scénariste Marco Galli.
Originale d’abord par le thème proposé. La BD se situe dans le Nid, le Kelsteinhaus, un endroit secret et privilégié où venaient se ressourcer les huiles nazies autour de leur leader à la fin des années 30 et jusqu’à la fin de la guerre. Dans les Alpes allemandes, en Bavière, ces élites peuvent s’adonner à toutes sortes de plaisirs et d’excès, alcoolisés ou charnels, dans la discrétion la plus absolue.
Dans cet univers, nous suivons plus particulièrement Adolf Hitler et Eva Braun, au milieu d’une multitude de personnages. La BD se veut alors plus intimiste, l’auteur évoquant plus particulièrement le déclin mental et la santé fragile du Führer, ce qui suscite la plus vive inquiétude chez ses collaborateurs. Cela rappelle d’ailleurs de nombreuses scènes du film La chute d’Oliver Hirschbiegel sorti en 2004 et relatant les derniers jours d’Hitler dans son bunker à Berlin.
Au milieu de cette cour, naissent les intrigues les plus hypocrites quant à la suite à donner aux ordres de plus en plus jusqu’au-boutistes d’Hitler qui voit l’étau se resserrer. La BD suit en effet les quelques jours qui précèdent le D-Day mais aussi la manière dont celui-ci va être annoncé à Hitler. La dernière planche peut servir d’ailleurs de passerelle entre la BD et ce film.
L’autre originalité de la BD vient du style choisi pour ce huis clos pesant. Le graphisme pourrait être clivant, sans aucun doute. Mais sa grande force vient de l’atmosphère qu’il installe : une ambiance pesante, parfois nauséeuse. En tout cas, cela ne laisse pas le lecteur indifférent car nous sommes plongés dans l’intime, le cauchemar, parfois l’horreur et le détestable. La volonté de heurter et de provoquer est là, ce qui suscite à la fois beaucoup de rejet mais aussi de la compassion pour certains personnages.
En toute franchise, l’aspect visuel peut rebuter au départ. Il faut cependant franchir ce premier barrage, car le récit, l’atmosphère et la trame de cette BD sont assez envoûtantes. On comprend mieux alors les choix graphiques de l’artiste et on s’immerge facilement, au final, dans ce site hors du temps et hors du quotidien. Les caractères des personnages sont approfondis et clivants, les personnalités sont travaillées avec justesse. Un vraie et bonne surprise à conseiller.
Présentation de la BD sur le site de l’éditeur
Juin 1944. Hitler se retire avec les principaux dignitaires nazis dans sa résidence située dans les Alpes bavaroises, « le Nid », d’où il lancera ses deux dernières offensives qui échoueront et annonceront la défaite du Reich. Souffrant de toutes sortes de maux et de sautes d’humeur, hanté par des cauchemars monstrueux, consommant drogues et médicaments, il est déjà un chef fini mais disposant encore d’un pouvoir de mort et de destruction redoutable. Ses invités, entre terreur et adoration, gravitent autour de lui et se perdent dans des soirées décadentes pour mieux nier la réalité qui se dessine sous leurs yeux.
Entre les hallucinations du Führer, la démission des généraux et l’amusement forcé des invités, ce sera aux montagnes, teintées d’un rouge sang, de révéler le sort qui attend tout ce “beau monde”.
Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur
Marco Galli est un auteur de bande dessinée et un peintre né en 1971 à Montichiari, en Italie. Diplômé de l’école d’art de Mantoue en 1989, il se consacre d’abord à la peinture sur toile, avant de publier plusieurs romans graphiques en Italie, où il se fait un nom. L’expérimentation de techniques et de styles toujours différents est une constante dans son travail.
Le Nid est sa première bande dessinée publiée aux éditions Sarbacane.