Mes journées sont bien remplies : une version tôt le matin, des cours jusqu’à midi avec mon frère, parfois avec l’abbé Dussert, un thème le soir et entre-temps des exercices de grammaire française, quelques fables ou la lecture de l’encyclopédie des enfants.
A 10 ans, commence la formation intellectuelle de Jean-François Champollion quant-il rejoint son frère à Grenoble. Ce dernier de 7 ans son ainé, lui enseigne, tout ce qu’il aime déjà passionnément : le grec et le latin, puis les langues anciennes orientales.
Historienne et enseignante, Viviane Koenig est une autrice jeunesse bien connue pour ses publications jeunesse. Elle allie des connaissances précises sur l’Égypte pharaonique et des talents de conteuse qui n’est plus à prouver.
S’identifier à Champollion lui-même
L’originalité de ce roman jeunesse est de se mettre dans la tête de Champollion lui-même et de nous faire vivre au lecteur le déchiffrement d’une écriture méconnue. Ce dernier s’initie à la « méthode Champollion » encore utilisée par les archéologues contemporains, améliorée par les progrès technologiques. Il suit le savant, ses passions et ses interrogations depuis le jour où il décide, à 9 ans qu’il serait le déchiffreur de l’écriture égyptienne. Il faut dire qu’il est « à bonne école ».
Jacques-Joseph, un maître inégalable
Dès mars 1801, Jean-François part vivre à Grenoble chez son grand frère qui devient bibliothécaire du muséum des Antiques, ouvert en 1795, fréquenté «La bibliothèque» comprend de nombreuses écrits égyptiens, utiles au travail d’un chercheur. Le jeune garçon accède facilement à des ouvrages anciens et se met à étudier l’arabe, le syriaque et l’araméen.
Dans le cercle intellectuel du préfet Fourier, un savant participant à expédition d’Égypte de Bonaparte, Jacques-Joseph connaît les péripéties de la découverte de la pierre de Rosette. Il suit les travaux des savants versés dans l’égyptologie. Une copie de la stèle arrive à Grenoble. Les trois écritures sont identifiées : les hiéroglyphes, langue religieuse comme le copte, le démotique, langue du peuple et le grec, langue de la dynastie des derniers pharaons. Jacques-Joseph traduit le texte grec en 1805.
Une méthode intuitive qui dépasse ses concurrents
Une bourse permet à Jean-François Champollion de fréquenter le lycée de Grenoble dont il déteste l’enseignement. Les cours l’ennuient sauf le grec et le latin. Diplôme en poche, il part seul à Paris afin d’étudier l’arabe et le persan avec M.Silvestre de Sacy, mais aussi le copte avec un vieux moine, Dom Raphaël. Champollion cherche alors les relations entre toutes ces écritures orientales et les hiéroglyphes dont il pressent les clés. Ses lectures, notamment le Voyage dans la Basse et la Haute Égypte de Vivant Denon le pousse à recopier les cartouches. Il compare, examine les textes à sa portée comme une copie de la pierre de Rosette fournie par Joseph Fourier.
La clé de l’énigme
Alors que Jacques-Joseph devient le secrétaire particulier de Bon-Joseph Dacier, un savant antiquisant élu à l’Académie des inscriptions et belles lettres, de nombreux chercheurs concurrencent les frères Champollion : Jean-Joseph Marcel, Étienne Quatremère, royaliste français mais surtout, l’anglais Thomas Young (dont le pseudonyme est ADCD), excellent médecin, musicien et savant en physique et en optique. Témoin oculaire de la stèle, ce dernier affirme être sur le point de déchiffrer l’écriture secrète. Jean-François persiste dans ses travaux afin publier, quand il sera prêt, son Dictionnaire des hiéroglyphes et sa Grammaire du copte. Il traduit les hiéroglyphes en copte puis en démotique, en grec et en français. Ainsi il détermine le pluriel, identifie les déterminatifs (des signes muets ajoutés à la fin des mots pour exprimer le genre, la nature ou le sens).
De son côté, ABCD avance vite car il traduit certains noms de pharaons dans les cartouches.
Cependant, en 1821, Champollion parvient à distinguer parfaitement les trois écritures, le hiératique (façon plus rapide d’écrire les hiéroglyphes), le démotique (écriture encore plus simplifiée et plus tardive) et les hiéroglyphes. Surtout, à partir des cartouches de Ramsès, Cléopâtre et Thoutmosis, il comprend qu’il existe des hiéroglyphes-idées, hiéroglyphes-sons, des hiéroglyphes-déterminatifs. Mais le même hiéroglyphe peut être utilisé dans chacun des trois types déterminés en fonction du contexte et de la phrase. Rien n’est fixe, tout est mouvant.
« Les chiens aboient mais la caravane passe » (proverbe arabe)
A 32 ans, le 27 septembre 1822, Jean-François Champollion écrit sa fameuse Lettre à Monsieur Dacier, son discours lu à la conférence exceptionnelle de l’Académie. Le savant explique très brillamment comment fonctionne le système de l’écriture hiéroglyphique.
Ébloui par la démonstration de son frère, Jacques-Joseph fait imprimer le manuscrit afin de le diffuser largement parmi les auditeurs de l’assemblée. Thomas Young présent à Paris le félicite ainsi que tous ceux qui sont capables d’apprécier son dur labeur.
Mais tout reste à faire. Le jeune égyptologue est autant admiré que jalousé. Aucun poste d’importance ne lui est confié. Il vit sous la tutelle de son frère et tout reste à prouver et il lui faut à convaincre.
Dans un milieu politique troublé (arrivée de Charles X en 1824, puis les trois glorieuses en juillet 1830), Champollion-le-jeune devra confronter la théorie à la pratique, voir des objets et des textes encore peu nombreux en France. Il doit parcourir l’Europe surtout en Italie où des collections se constituent, à Rome où des obélisques ont été transportés dès l’époque romaine et des trésors égyptiens sont conservés par la papauté au Vatican.
Puis le rêve de partir en Égypte se concrétise, ce pays dirigé par Méhémet Ali, un Pacha connu pour être « moderne ».
Viviane Koenig se montre une magicienne digne de ce monde antique égyptien. Son ouvrage s’avère un enchantement. Elle parvient si bien à décrire les affres d’une personnalité hors du commun. On s’y croirait… On devient Jean-François Champollion et on cherche avec lui les solutions qui le conduisent à comprendre le fonctionnement de cette mystérieuse écriture. Ce roman est une réussite qui honore celui « qui a rendu la parole à une écriture muette depuis 15 siècles ».
Présentation de l’éditeur
Depuis la découverte de la pierre de Rosette en Égypte, les savants sont en émoi. Ils s’interrogent face au texte qui y est gravé en trois langues différentes, dont les incompréhensibles hiéroglyphes. Une rareté !
Jean-François Champollion, élève original qui adore les dictionnaires, la grammaire, les langues anciennes et orientales, rêve de résoudre cette énigme. Un jour, il se fait une promesse : il déchiffrera la pierre de Rosette ! Mais l’affaire est rude, et la concurrence sévère : Silvestre de Sacy, Akerblad, Young et bien d’autres illustres savants veulent aussi la comprendre.
Champollion résoudra-t-il le secret des hiéroglyphes le premier ?