Deux jours avant la date anniversaire de la mort de la dernière reine de France, un nouveau livre est paru à son sujet. Cet ouvrage rédigé par Cécile Berly, n’est pas une biographie qui entre dans les détails de la vie de la souveraine. Elle présente les grandes lignes de sa vie et est très abordable pour quiconque s’intéresse de près ou de loin à Marie-Antoinette. Il se lit d’ailleurs assez vite avec des chapitres d’une dizaine de pages. Par conséquent, il n’est pas adapté aux personnes voulant avoir les moindres détails sur la reine.
D’ailleurs, la lecture est à mon goût trop succincte car plusieurs raccourcis sont faits comme celui de la « bergère de luxe » pour parler de son envie de construire le Hameau avec des maisons d’aspects villageoises mais où les intérieurs étaient ceux destinés à son rang. Il n’est jamais fait mention de son objectif pédagogique pour ses enfants héritiers de la Couronne de France. L’auteure contribue donc à faire perdurer ce mythe et on peut le regretter.
Une reine isolée et critiquée à Versailles et dans le royaume
Malgré les choix faits par l’auteure d’aller à l’essentiel, elle fait bien comprendre au lecteur au fil des chapitres comment Marie-Antoinette s’est isolée de la cour et du peuple en n’occupant pas son rôle de reine contrairement aux précédentes. Mais surtout comment, dès son arrivée, elle était peu aimée en raison de son origine autrichienne, une vieille terre ennemie de la France. Son futur époux et futur Louis XVI avait grandi dans un environnement qui ne proférait pas des belles phrases à l’encontre de ce pays. C’est une des raisons pour lesquelles leur mariage prit du temps pour être consommé.
D’autre part, son mari n’ayant pas de maîtresse, sa femme eu ce double rôle de favorite et de reine par ses actions : Marie-Antoinette s’intéresse à la mode, à la culture… Des domaines réservés à la favorite en titre et qui servait finalement à déverser la haine de l’opinion publique sur elle et non sur le roi et la famille royale.
Marie-Antoinette, une cible
Or, Marie-Antoinette fut la cible privilégiée car ces domaines lui étaient réservés. Le roi souhaitait aussi qu’elle se perde dans ses plaisirs tels que la mode, les jeux et lui donnait volontairement de l’argent pour l’encourager lorsqu’elle n’avait plus d’argent à dépenser afin de la laisser en dehors de la politique. L’auteure nous montre ici un roi loin des clichés : il fut habile et fin stratège pour que sa femme ne puisse pas dire un mot sur sa politique à sa famille autrichienne avec qui elle communiquait très régulièrement.
Cécile Berly revient également sur le tableau qui a été utilisé en guise de couverture de cet ouvrage, pour évoquer à nouveau le fait que la reine sortait de son rôle en s’habillant comme une « courtisane » et non pas comme une reine. La recherche de l’intimité et de la solitude était également critiquée car une reine devait se montrer et être au service de tout le monde par sa disponibilité à être vue et observée.
Critiquer la reine c’est critiquer in fine le roi
Son progressif isolement à Trianon fut très critiqué par la noblesse, alors mise de côté ; et qui contribua à colporter des inepties sur ce qu’il se passait dans ce domaine de Versailles. Le comte d’Artois contribua à ce déchaînement de critique et de haine par le peuple vis-à-vis de la reine car il colporta aussi des rumeurs de libertinage et de dépravation de Marie-Antoinette. Cependant, ne pas avoir partagé le lit de la reine pendant plusieurs années (due à son hostilité envers l’Autriche) ni avec une autre femme, fera naître des ragots sur sa virilité et par conséquent sur sa capacité à diriger un royaume ; car à cette époque les deux étaient liés.
Cécile Berly explique très bien cet engrenage et l’aspect psychologique du roi, de la reine Marie-Antoinette et du peuple. Les décisions, les actions ont un sens et à la lecture de ce livre nous comprenons mieux les mécanismes qui ont fait éclater la révolution. Lorsqu’elle devient mère, la reine devient plus sage mais l’opinion du peuple change peu à son sujet.
Marie-Antoinette, un rôle politique grandissant
Le rôle que Louis XVI lui donne change vers la fin du règne, en particulier lorsque la révolution éclate et qu’ils sont désormais à Paris. Elle prend part aux conseils et donne son avis sur les décisions à prendre. Marie-Antoinette écrit à certains députés afin de mieux comprendre la révolution et essaye d’être bonne élève. Elle prépara la fuite à Varennes, communiqua avec sa famille pour qu’ils puissent mater la révolution et la remettre sur le trône.
Dès son arrivée en France, elle fut accusée de tous les maux et finalement, à la lecture des chapitres successifs, on s’aperçoit vite que peu importe ce qu’elle faisait, tout lui était reproché. Même jusqu’à ces derniers instants de vie dans la charrette la menant à l’échafaud et sur le lieu de son exécution.