Matthias Lehmann livre sur plus de trois-cents pages une saga brésilienne qui couvre près de 70 ans de la vie de ses personnages au Brésil. L’ouvrage commence en 1937 à Belo Horizonte.

L’auteur

Matthias Lehmann a déjà publié plusieurs bandes dessinées dont «  L’étouffeur de la RN 115 » ou « La Favorite ». Il dessine en parallèle pour la presse généraliste. Dessinateur franco-brésilien, il s’inspire en partie de son histoire familiale. Une double page finale donne d’ailleurs quelques explications à ce sujet. Cette bande dessinée est en noir et blanc et se caractérise aussi par la rondeur de son trait et le fourmillement de ses dessins.

Oswaldo et Maria Augusta Wallace

La figure tutellaire est celle d’Oswaldo Wallace, patriarche, qui dirige avec autorité les mines de fer qu’il possède. Il n’hésite pas à employer des méthodes plus que musclées quand certains s’opposent à lui et particulièrement des syndicalistes. Il a comme homme de main un nommé Vasconcelos qui prendra de l’importance tout au long du livre.  L’épouse d’Oswaldo, Maria Augusta, n’est pas dupe très longtemps des infidélités de son mari. Ils ont ensemble cinq enfants dont Severino et Ramires que tout va bientôt opposer. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, on voit réapparaitre leurs trois soeurs avec des destins très différents également.

La famille Rebendoleng

Le père est syndicaliste et s’oppose à la domination de Wallace. Il est le père de deux enfants dont une appelée Iara que l’on retrouve à plusieurs reprises dans l’histoire en lien avec Severino. Elle est pauvre, métis, et subit donc le racisme. Severino est amoureux d’elle.

Deux frères, deux ambiances

C’est un euphémisme de dire que les deux frères se détestent. Ramires est prêt à tout pour dominer et se révèle un personnage assez veule. Placé par son père dans une entreprise, il ne fait pas grand chose. Lubrique, il ne perd jamais une occasion d’avoir une relation sexuelle. Severino est clairement situé à gauche. Il travaille d’abord dans un journal avant de se lancer dans une carrière littéraire couronnée de succès.

L’arrière-plan historique

La bande dessinée retrace donc en filigrane plus de soixante-dix ans de l’évolution politique du Brésil. L’auteur parle ainsi de la période où le pays est dirigé par Getulio Vargas. Il décrit la politique menée par ce dernier. Le dirigeant se suicide en 1954. L’ouvrage parle également de la période des années 60 et du coup d’état de 1964 soutenu par les Etats-Unis. Le chapitre 5 évoque la guérilla en se situant en 1969. On y retrouve Severino et Iala Rebelondeng. Dans les années 70, le DOPS ou Département de l’ordre politique et social, tient le pays sous sa coupe. Plusieurs pages retracent la violence exercée par ce service pour réprimer les opposants.

Une histoire de déclassement

L’histoire que raconte Matthias Lehmann est aussi celle d’un déclassement social pour les Wallace. Lorsque le père meurt, sa femme et ses enfants doivent changer d’appartement. Les relations entre les frères et soeurs ne font que se tendre de plus en plus tant les options politiques de chacun sont différentes.

Des paysages

Au-delà de l’histoire, il faut signaler que l’auteur donne à voir des paysages du Brésil, que ce soit des paysages urbains comme à Belo Horizonte ou de jungle. Il reconstitue également des affiches politiques, des unes de journaux et certaines planches peuvent être observées attentivement pour mesurer la richesse des détails.

Cette bande dessinée retrace donc une large part de l’histoire du Brésil du XXème siècle avec des personnages aux caractères très opposés. C’est en quelque sorte une nouvelle variation du destin d’une famille au sein du destin du pays, où comment petite et grande histoire peuvent se rencontrer dans un album.

Pour découvrir une présentation par l’auteur, c’est ici.