La revue Parlement(s)

Créée en 2003 sous le titre Parlement[s], Histoire et politique, la revue du CHPP change de sous-titre en 2007 pour affirmer sa vocation à couvrir tous les domaines de l’histoire politique. Chaque volume est constitué pour l’essentiel d’un dossier thématique (partie Recherche), composé d’articles originaux soumis à un comité de lecture, qu’ils soient issus d’une journée d’études, commandés par la rédaction ou qu’ils proviennent de propositions spontanées. Quelques varia complètent régulièrement cette partie. La séquence (Sources) approfondit le thème du numéro en offrant au lecteur une sélection de sources écrites commentées et/ou les transcriptions d’entretiens réalisés pour l’occasion. Enfin, une rubrique (Lectures) regroupe les comptes rendus de lecture critiques d’ouvrages récents. Enfin, la revue se termine systématiquement par des résumés des contributions écrits en français et en anglais (suivis de mots-clés).


La revue Parlement(s) n° 22 a pour thème : Citoyenneté, république, démocratie en France de 1789 à 1899 (Spécial concours – Études de documents). Ce vingt-deuxième dossier est coordonné par Jean Garrigues et Éric Anceau. Exceptionnellement, le dossier ne se compose que de deux éléments distincts : une première partie consacrée à 35 documents commentés (avec la contribution de 20 chercheurs différents, jeunes ou confirmées) [Sources] et la seconde consacrée à 5 lectures (critiquées par 4 historiens différents) [Lectures].
Ce dossier s’ouvre avec une introduction rédigée par Jean Garrigues et Éric Anceau : « Citoyenneté, république, démocratie : ces trois fondamentaux du politique sont questionnés dans la France de 2015. […] En outre, cette question historique capitale et d’une brûlante actualité a été mise aux concours de recrutement des professeurs d’histoire-géographie de l’enseignement secondaire : l’agrégation et le CAPES. Pour ces deux raisons, notre revue ne pouvait rester hors du débat. Avec ce numéro spécial, elle apporte une réelle plus-value en proposant des commentaires de sources variées, originales et au cœur des enjeux. […] Ce numéro spécial vient donc combler une lacune bibliographique en proposant l’analyse scientifique de 35 documents extrêmement variés susceptibles de figurer à l’écrit ou à l’oral des deux concours, dans la mesure où ils peuvent être exploitable en classe, et se veut un utile et original complément aux manuels et en ciblant le commentaire de documents ». Ces 35 documents, divers de par leur forme (graphiques, iconographies et textes), sont analysés dans 20 contributions. Pour 16 d’entre eux, la lecture et l’exploitation dans le cadre du concours (CAPES et agrégation) sont facilitées par l’accompagnement d’intertitres, pour les candidats. Néanmoins, 4 d’entre eux sont des articles sans l’insertion de titres.

Sources

Démocratie, citoyenneté, régimes électoraux et élections en France de 1789 à 1899 :
Alexandre Niess (Docteur en histoire contemporaine à l’université de Reims)
Dans cet article (sans intertitre), l’auteur répond, par le biais de 2 graphiques en points et en courbe qui présentent des données brutes (population, électeurs et grands électeurs), à la problématique : « Comment – par ces données statistiques représentées graphiquement – est-il possible d’analyser l’évolution des notions et pratiques de citoyenneté et du rapport à la démocratie dans le système politique et électoral français de 1789 à 1899 ? ».
Le local et le « grand tout national » : Municipalités, départements et préfets :
Pierre Allorant (Professeur d’histoire du droit à l’université d’Orléans)
Sans intertitre, l’article de l’auteur se compose de l’analyse d’un document (intervention du 3 novembre 1789 du parlementaire de la Constituante Jacques-Guillaume Thouret sur la création des départements) ainsi que de 3 iconographies. Ainsi, ces documents marquent bien l’évolution des républicains opportunistes qui ont su écouter leur base électorale provinciale en rompant avec l’assimilation de la République au jacobinisme et utiliser l’implantation ainsi que la popularité de leurs élus municipaux (très majoritaires jusqu’au recensement de 1931) pour convertir la France des campagnes et des sous-préfectures, par l’exemple de leur gestion modérée.
Les étrangers, l’immigration et la citoyenneté républicaine (1789-1899) :
Stéphane Kronenberger (Docteur en histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille)
L’auteur présente, sans intertitre, 2 documents : le premier est la loi du 3 décembre 1849 « sur la naturalisation et le séjour des étrangers en France » et le second est le texte du député radical de l’Ain Christophe Pradon à l’occasion du dépôt, en 1883, d’une proposition de loi visant à taxer les étrangers. Le premier texte montre le pouvoir souverain de l’administration française sur les étrangers sur l’Hexagone. Le second document démontre que la proposition Pradon est une pièce de l’arsenal juridique que la Troisième République met en place pour soumettre progressivement les étrangers à des obligations, dont sont dispensés les citoyens français, et d’ainsi leur imposer une forme de contrainte étatique.
Citoyenneté et régénération (1789-1794) :
Annie Duprat (Professeure des universités à l’université de Cergy-Pontoise)
Après une introduction et avoir expliqué dans un intertitre ce qu’est « être citoyen », l’auteure présente, dans son intertitre « être membre d’une société populaire », 3 documents iconographiques des années 1790-1793. Associer « citoyenneté » et « régénération » résume le projet fondamental de la Révolution française mise en œuvre dès 1789. Le basculement politique vécu par les Français entre 1789 et 1792 est une rupture de civilisation complète. Cependant, la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen achoppe sur 2 points essentiels : la Liberté, puisque la question de l’esclavage n’est pas soulevée en 1789, et l’Égalité, gravement bafouée par le principe du suffrage censitaire.
Lutte des classes et triomphe de la démocratie occidentale : Les analyses pionnières du magistrat Cottu (3 août 1828) :
Olivier Tort (Maître de conférences à l’université d’Artois)
L’article de l’auteur est structuré avec le texte en premier et l’analyse du document en second avec un plan explicite. En effet, le document est un extrait de la brochure du magistrat parisien et essayiste Charles Cottu (1778-1849) publiée en août 1828. L’auteur présente le contexte du document, en fait l’analyse (critique des progrès de la démocratie) et en mesure la portée (un bréviaire antidémocratique aux effets malencontreux).
Le journal L’Atelier s’adresse aux ouvriers en Février 1848 :
François Jarrige (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne)
Avec la même présentation structurée (le document et des intertitres explicites), l’auteur présente le contexte historique de février 1848 et le journal L’Atelier, organe appartenant à la presse réformatrice et radicale des années 1840. Ensuite, l’auteur explique l’évolution du monde ouvrier par « l’effervescence post-révolutionnaire » de 1792 à 1848 au travers du premier document. Le second texte consacré à la sauvegarde des machines est décrypté par l’explication d’ « une théorie démocratique des machines ». Enfin, à travers « L’Atelier ou la république modérée », l’auteur conclut que « la révolution de Février 1848 fut un moment décisif dans le long processus de politisation qui conduit à l’avènement de la République et à la reconnaissance de la souveraineté populaire ».
Exil, citoyenneté et république : Les étrangers dans le Paris de 1848 vus par Louis Garnier-Pagès :
Delphine Diaz (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Reims)
Le document est un extrait de l’Histoire de la révolution de 1848 (tome 7) de Louis-Antoine Garnier-Pagès (1803-1878) qui apporte un témoignage sur la réception des évènements de Février 1848 par les étrangers à Paris, tout en éclairant les modalités de leur engagement au profit de la Seconde République.
« Les deux compagnons du devoir » (1848) et « 1852 » (1850) : Deux chansons de Pierre Dupont :
Philippe Darriulat (Professeur en histoire contemporaine à l’IEP de Lille)
Ces deux chansons ont été écrites par le chansonnier Pierre Dupont (1821-1871) pendant la Seconde République. La première en 1848 et la seconde en juillet 1850, dans un climat marqué par de fortes oppositions entre le parti de l’Ordre, majoritaire à l’Assemblée, et les démocrates-socialistes.
La démocratie césarienne : De l’urne électorale à la consécration providentielle :
Juliette Glikman (Chercheuse associée au Centre d’histoire du XIXe siècle Paris I-Paris IV)
L’article de l’auteur présente comme documents 2 gravures (non datées), une estampe de 1867 puis une lithographie (non datée). Deux gravures représentent Louis-Napoléon Bonaparte puis Napoléon III (« Célébrer la démocratie impériale ») : la première (figure 1) en un « président issu des urnes, protecteur bienveillant d’une démocratie prospère » puis la seconde (figure 2) pour « représenter le mystère de la majesté élue ». La démocratie césarienne est symbolisée par « L’élu du peuple, la voix de Dieu ». Quant à « L’homme des masses », il est perçu à travers l’estampe de 1867 représentant le Prince impérial en équilibre sur un bouclier soutenu par 4 figures symbolisant l’industrie, l’agriculture, l’armée et la bourgeoisie. Enfin, le « Vox populi, vox dei » est représentée par une vignette, éditée à l’occasion du plébiscite de novembre 1852, célébrant l’ascension d’un souverain révélé par la ferveur populaire.
La République et les paysans : La lutte électorale en 1863 selon Jules Ferry :
Chloé Gaboriaux (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’IEP de Lille)
L’article présente un texte de Jules Ferry, rédigé peu après les élections de mai 1863. Jules Ferry explique le bonapartisme rural par les effets conjugués des pressions administratives et du manque d’éducation politique de la paysannerie française. Ce texte qui est « L’appel au réalisme » de Jules Ferry est « un constat en partie biaisé ». Néanmoins, ce fut « un texte de combat » qui a beaucoup pesé sur l’historiographie républicaine de la politisation des paysans français.
Jules Ferry, « De l’égalité d’éducation » : Extrait de la conférence donnée à la salle Molière, 10 avril 1870 :
Jean-Claude Caron (Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Blaise-Pascal – Clermont 2)
Grâce à des intertitres précis : Présentation du document (Nature, Auteur, Date et contexte, Contenu et Problématique), Question scolaire et question sociale : l’école au cœur de la démocratie, L’égalité par l’école : une utopie républicaine ?, l’auteur met en relief cette conférence de Jules Ferry, prononcée 5 mois avant la fin du Second Empire, destinée à l’adhésion des ouvriers à la République démocratique et parlementaire.
Jules Barni et la démocratie : Combats pour l’instruction, la morale et la liberté (1871):
Jacqueline Lalouette (Professeur émérite de l’Université de Lille 3)
Jules Barni (1818-1877) est un brillant et jeune agrégé en philosophie. Radié de l’université sous le Second Empire, il s’exile en Suisse pour revenir en France en 1870 pour devenir un député républicain de la Somme en 1872 et 1876. Le combat pour l’instruction et la morale est une exigence de Jules Barni dès 1848 où il considère que République et instruction sont intimement liées. De plus, libre penseur, anticlérical déterminé, partisan de l’école laïque et de la séparation des Églises et de l’État, Jules Barni lutte contre tous les fanatismes et pour la liberté de croire. Ses positions sur l’instruction et les relations entre l’État et les cultes préfigurent des mesures et des initiatives des républicains qui verront le jour quelques années ou quelques décennies après sa mort (1877).
La citoyenneté à table : Quelques gestes civiques vus de l’assiette :
Maïté Bouyssy (Maître de conférences honoraire HDR d’histoire contemporaine à l’université de Paris I)
Cet article ayant pour intertitres « 1789-1870, le discours répond à la suspicion politique » et « L’assiette en mal de république » décrypte 3 assiettes. L’assiette historiée, media qui a véhiculé peu ou prou tous les faits de société du XIXe siècle, n’a représenté la vie politique finalement que de façon prudente et souvent sceptique.
« La liberté de la presse », par Alfred Le Petit : Le Grelot, 10 mars 1872 :
Christian Delporte (Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines)
L’article de Christian Delporte ayant pour intertitres « L’illusion libérale », « La caricature censurée », « Le Grelot, journal satirique républicain » et « Les ciseaux de Victorine » explique que la presse en France n’est pas passée brutalement d’un régime de surveillance à une pleine liberté, avec la chute du Second Empire, en 1870. La couverture du journal satirique et républicain Le Grelot, datée du 10 mars 1872, vient attester les ambiguïtés du gouvernement de Thiers à l’égard des journaux qui à la fois subissent un contrôle souvent sévère mais peuvent le dénoncer en une.
Hubertine Auclert et la naissance du suffragisme :
Noëlline Castagnez et Corinne Legoy (Maîtres de conférences en histoire contemporaine à l’université d’Orléans)
L’article de Noëlline Castagnez et Corinne Legoy étudie 2 documents qui témoignent à la fois de la singularité et de la radicalité du féminisme d’Hubertine Auclert. Le premier date de 1878 et le second de 1879. Avec ces intertitres « Présentation des documents (Auteur, Contexte et nature des documents, Problématique) », « Le droit de suffrage féminin au nom des valeurs républicaines », « L’hypocrite « guerre au cléricalisme » » et « Féminisme et socialisme : brève rencontre », la place singulière d’Hubertine Auclert dans le féminisme de la Troisième République s’explique par sa radicalité envers la République et par ses relations difficiles avec les familles républicaine, socialiste et féministe.
Les candidatures gouvernementales sous la IIIe République :
Christophe Voilliot (Maître de conférences en science politique à l’université Paris X-Ouest Nanterre)
L’article de Christophe Voilliot étudie 2 documents (Circulaire du ministre de l’Intérieur aux Préfets du 12 février 1878 et la Circulaire du Préfet aux Sous-Préfets et Maires du département de l’Yonne du 3 janvier 1878). Il montre que les contemporains marqués par le souvenir des candidatures impériales officielles étaient plus enclin à faire émerger des entreprises partisanes (presse) et le développement en leur sein d’un savoir-faire de la mobilisation électorale qui vont finir par rendre obsolètes les candidatures gouvernementales.
Quelle représentation parlementaire pour la Guyane et le Sénégal sous la IIIe République ? :
Vanina Profizi (Professeure agrégée, Sciences-Po et classes préparatoires du Lycée Giocante de Casabianca à Bastia)
L’article de Vanina Profizi présente comme document le débat du 4 avril 1879, au Sénat, discutant pour la dernière fois avant son adoption, d’une proposition de loi rétablissant la représentation des colonies de Guyane et Sénégal à la Chambre des députés, défendue par l’amiral Jean Bernardin Jauréguiberry (1815-1887), ministre des colonies du ministère « opportuniste » Waddington. Par ces « Une représentation coloniale contestée » et « Assimilation et capacité électorale des coloniaux », l’article s’attache à montrer que le modèle de l’assimilation semble triompher en même temps que la Troisième République, avec cette triple accession des territoires coloniaux à la représentation démocratique (commune, conseil général, député).
La République vue par un parlementaire bonapartiste à la fin du XIXe siècle :
Jean El Gammal (Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lorraine)
Avec pour intertitres « Un système politique bloqué », « Autour de la « Charte de 1875 » » et « Un projet politique et historique », l’article de Jean El Gammal s’intéresse à Gustave Cuneo d’Ornano (1845-1906), figure du bonapartisme d’opposition sous la Troisième République, notamment en tant que député de la Charente de 1876 à 1906. L’auteur analyse un extrait de la préface de l’ouvrage de Gustave d’Ornano, livre à visée doctrinale, La République de Napoléon, publié quelques années après la fin de la crise boulangiste.
En couverture : « L’égalité devant la loi » (1899) :
Pierre Allorant (Professeur d’histoire du droit à l’université d’Orléans)
L’article de Pierre Allorant analyse la carte postale intitulée L’Égalité devant la loi, illustrée par Pierre Méjanel et éditée par Camille Charrier (vers 1900) et aborde l’évolution de la question de la conscription en France de 1798 à 1905.
Le devoir du citoyen français : Une conférence dreyfusarde de Louis Havet, 11 février 1899 :
Marie Aynié (Professeure agrégée et docteure en histoire)
L’article de Marie Aynié étudie la conférence dreyfusarde de Louis Havet prononcée sous les auspices de la Ligue des droits de l’homme (LDH) de Rouen, le 11 février 1898. Grâce aux intertitres suivants : « Au cœur de la lutte dreyfusarde », « Un héritage qui oblige » et « Le rôle des citoyens », l’auteur resitue le contexte de l’époque qui était celui où la Chambre criminel de la Cour de Cassation est dessaisie du dossier de révision du procès de 1894 qui a condamné le capitaine Alfred Dreyfus et où les progrès de la cause dreyfusarde semblent donc gravement menacés.

Lectures : (Spécial concours)

Jean-Claude Caron, Les deux vies du général Foy (1775-1825), guerrier et législateur, Paris, Champ Vallon, 2014, 359 p., par Olivier Tort :
Dans cet ouvrage de 2014, Jean-Claude Caron exhume une figure injustement oubliée de la première moitié du XIXe siècle : Maximilien Sébastien Foy, qui fut l’une des sommités de la gauche parlementaire sous la Restauration après avoir été général d’Empire. Ce personnage historique constitue à merveille le syncrétisme paradoxal entre bonapartisme et libéralisme par la grâce de la seconde Restauration.
Emmanuel de Waresquiel, Fouché. Les silences de la pieuvre, Paris, Tallandier/Fayard, 2014, 830 p., par Pierre Allorant :
Après la biographie de Talleyrand, Emmanuel de Waresquiel s’attaque à celle de Fouché en réussissant le tour de force de la renouveler grâce à des archives inédites (papiers et documents familiaux spontanément livrés par les descendants d’un notaire de l’un des fils de Joseph Fouché). Les intrigues du remarquablement habile ministre de la Police pour survivre à toutes les transitions constitutionnelles sont connues du grand public qui en oublie l’homme qui se cache derrière et que l’historien restitue magnifiquement. Grâce à cette biographie de Joseph Fouché, les lecteurs apprendront beaucoup sur la richesse de ce quart du XIXe siècle qui a bouleversé l’Europe et fondé la politique contemporaine.
Olivier Tort, La Droite française. Aux origines de ses divisions 1814-1830, Paris, Éditions du CTHS, 2013, 352 p., par Éric Anceau :
Avec cet ouvrage paru en 2013, Olivier Tort a su faire, de sa thèse de doctorat soutenue à l’Université Paris-Sorbonne en 2007, une synthèse accessible à un large lectorat dans une édition soignée sur le plan formel sans faire de concession sur le fond et sans affaiblir la démonstration. L’auteur remet carrément en cause la célèbre tripartition de la droite établie par René Rémond entre le légitimisme, l’orléanisme et le bonapartisme pour le remplacer par la « droite modérée », le « centre droit » et l’ « extrême droite ». Au travers d’une géographie électorale inédite, l’analyse est brillante, séduit et emporte l’adhésion du lecteur mais, d’après Éric Anceau, « elle ne nous semble pas contredire fondamentalement celle de René Rémond, mais plutôt la compléter de façon décisive, en rendant plus précisément la complexité de la réalité historique et politique ».
Frédéric Monier, Olivier Dard et Jens Ivo Engels, Patronage et corruptions politiques dans l’Europe contemporaine, 2. Les coulisses du politique à l’époque contemporaine. XIXe-XXe siècles, Paris, Armand Colin, coll. Recherches, 2014, 281 p., par Pierre Allorant :
Issu d’un colloque sur « Faveurs et corruption » tenu à Metz en 2012, ce volume constitue le second volet d’une étude qui se propose de dévoiler les coulisses du politique contemporain, période où jeux d’influences et corruptions participent du processus de modernisation d’une vie politique marquée par le poids croissant des médias. Bien qu’extrêmement riche par le nombre des contributions et des auteurs, les 3 pages de conclusion laisseront probablement le lecteur sur sa faim mais elles ont le grand mérite d’ouvrir largement le champ à de nouvelles recherches, déjà utilement balisées par une mise au point bibliographique, notamment pour la France de 1940 à nos jours.
Emmanuel Fureix (dir.), Iconoclasme et révolutions de 1789 à nos jours, Ceyzérieu, Champvallon, 2014, 310 p., par Noëlle Dauphin :
Actes d’un colloque réunissant à Paris (13-14 décembre 2012), les « historiens, historiens de l’art, anthropologues, spécialistes d’aires culturelles », cette publication parue en 2014 examine la portée des gestes et des actes de destruction ou de détournement de sens, en récusant le terme de vandalisme. En introduction, le directeur de la publication (Emmanuel Fureix) explicite les ambitions de la réflexion. Celle-ci se poursuit avec une première partie « Iconoclasme et régénération sous la Révolution française », dont Bertrand Tillier écrit le préambule et qui comprend 7 communications. Puis, la deuxième partie intitulée « Iconoclasme, Révolution et Dé-Révolution du XIXe siècle » regroupe également 7 contributions, introduites par Emmanuel Fureix. Puis, la troisième et dernière partie nommée : « Iconoclasmes et instrumentalisations : le palimpseste des révolutions (XXe-XXIe siècles) » introduite par Johann Chapoutot, comprend à nouveau 7 communications. Enfin, la conclusion rédigée par Annie Duprat et Emmanuel Fureix insiste sur la difficulté de l’exercice d’interprétation des faits et l’intérêt des études fines.
© Les Clionautes (Jean-François Bérel pour La Cliothèque)