La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) est désormais présentée par le service de presse des Clionautes, dans le cadre de la Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Etudes et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.

« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 76 (2015-10) : Des Loges hors du commun

Ce numéro est composé d’un avant-propos et de 4 articles. Ce numéro comporte les rubriques habituelles : Études, Dossier, Portraits.

ETUDES :

Le boulangisme et la loge de Nancy : (Jean-Claude Couturier)

Ce premier article, rédigé par Jean-Claude Couturier, étudie l’histoire de la loge Saint-Jean de Jérusalem à l’époque du boulangisme, à Nancy. L’imaginaire politique associe à juste titre la franc-maçonnerie à la Troisième République. Dernière l’image d’Épinal, le grand intérêt d’une étude comme celle de Jean-Claude Couturier, qui ouvre ce numéro, est d’examiner la réaction des Francs-Maçons face à l’une des premières grandes menaces que connut la Troisième République et la jeune démocratie française, en 1890. Elle en annonçait d’autres. Menace d’autant plus dangereuse que Boulanger passait alors pour un général républicain. L’article montre comment, concrètement, sur le terrain, les Loges vont peu à peu constituer et enraciner dans la société cette base arrière du parti républicain qui va lui permettre de résister aux assauts répétés de ses adversaires jusqu’à la Première Guerre mondiale (1914-1918).

DOSSIER : Des Loges hors du commun

Le dossier est consacré à deux Loges bien différentes mais toutes les deux hors du commun. Jean-Yves Guengant nous invite à découvrir la Loge toulonnaise Les Vrais Amis Réunis d’Égypte. Quant à Jean-Pierre Zimmer, il nous dévoile la Loge maçonnique allemande In Ketten zum Licht (Des Chaînes à la Lumière) installée dans un camp de prisonnier du Finistère en 1918.

Les Vrais Amis Réunis d’Egypte : (Jean-Pierre Zimmer)

Ce deuxième article, écrit par Jean-Pierre Zimmer, nous restitue un épisode singulier de l’histoire des Loges bretonnes. La participation des Maçons à l’extraordinaire « expédition d’Égypte » est une des belles figures de l’histoire de l’Ordre… Mais force est de constater que les documents à ce sujet sont fort rares. En fait, les archives de la Loge toulonnaise, Les Vrais Amis Réunis d’Égypte, sont l’un des très rares témoignages documentés, le seul peut-être, sur la pratique maçonnique des Français au bord du Nil. À l’image du pays, après les grands vents de l’épopée napoléonienne, Jean-Pierre Zimmer nous montre comment cette Loge aux origines étonnantes devint un atelier plus classique affrontant tant bien que mal les à-coups du XIXe siècle.
Née sous la Première République, cette Loge connut bien des vicissitudes, au gré des évènements politiques qui émaillèrent la vie de la France dans cette première moitié du XIXe siècle. Très dépendante d’un recrutement dans les milieux militaires, elle ne pouvait que souffrir des aléas des diverses campagnes militaires avec, pour conséquence, une mise entre parenthèses de quelques années, peu avant la fin du Premier Empire.
Réveillée de sa léthargie sous la Restauration, ce n’est pas pour autant qu’elle connut une vie facile et un développement linéaire, loin s’en faut, et ses divers Vénérables s’en inquiétèrent souvent. Il leur fallait faire face à des effectifs fluctuant au gré des mouvements des régiments en garnison à Toulon, au sein desquels étaient recrutés nombre des Frères de la Loge par initiation ou par affiliation. Mais ces déplacements de régiments ou de bâtiments de la flotte n’expliquent pas tout. L’absentéisme fut aussi un écueil sur lequel elle buta souvent, soit qu’il fût dû aux nécessités du service, soit qu’on doive l’attribuer à un manque d’intérêt des Frères, mais qu’allaient-ils donc chercher en Loge ?
En l’absence de certitude, nous aurions tendance à penser que c’est l’accumulation de faits qui conduisit cette Loge à se mettre en sommeil et à n’en plus ressortir. Si le soleil d’Austerlitz s’est éclipsé à Waterloo, la lumière d’Alexandrie fit alors de même à Toulon. Conséquence de la disparition de cette Loge, suivie de deux autres après le coup d’État du 2 décembre, la Maçonnerie toulonnaise se réduisit à la Loge La Réunion. Cette dernière maintint le flambeau allumé sur la rade pendant de nombreuses décennies. Elle eut une activité féconde et se vit décerner, par deux fois, la médaille de la ville de Toulon, pour services rendus pendant les épidémies de choléra

In Ketten zum Licht : une Loge maçonnique dans un camp de prisonniers – Finistère, 1918 (Jean-Yves Guengant)

Ce troisième article (écrit par Jean-Yves Guengant) raconte l’histoire d’une Loge hors du commun In Ketten zum Licht (Des Chaînes à la Lumière). Atelier hors du commun aussi, tant par les circonstances de sa création que par le destin de ses membres, que cette Loge, Des Chaînes à la Lumière, constituée par des prisonniers allemands de la guerre de 14 au camp de prisonniers de l’ile Longue en Bretagne. Jean-Yves Guengant nous présente une enquête passionnante où la lumière de la fraternité est tachée des ombres des grands drames du XXe siècle.
Outre les habituelles mais indispensables notes infrapaginales, à la fin de l’article, Jean-Yves Guengant a l’énorme mérite de donner ses références qui sont nombreuses : sources, bibliographie (ouvrages et dictionnaires) et sitographie !

PORTRAITS :

Alexandre Chevalier (1910-1969) : (Denis Lefebvre)

Ce quatrième article (rédigé par Denis Lefebvre) brosse, pour la première fois, un portrait d’Alexandre Chevalier (1910-1969), drômois de naissance. Si plusieurs Grands Maîtres du Grand Orient de France ont laissé une trace dans l’Histoire, d’autres sont un peu oubliés aujourd’hui. C’est le cas de ce médecin qui fut Grand Maître de l’obédience en 1965-66. L’auteur nous retrace le parcours d’un Frère qui apparaît à la fois comme un homme de progrès, combattant engagé dans la tragédie de la guerre d’Espagne (1936-39) dans sa jeunesse, et comme promoteur d’une conception maçonnique initiatique et symboliste de la franc-maçonnerie.
Jean-François Bérel © Les Clionautes