Un titre prometteur, un sous titre médiatique, un projet généreux qui vient compléter nous dit-on une série de très courtes émissions de télévision diffusées en juin dernier sur Fr3


Une galerie de portraits sympathiques, de belles illustrations mais un ensemble hétérogène: des femmes et des hommes plus ou moins célèbres dans des domaines très variés de la scène à la politique en passant par les sciences ou le sport, à des époques très diverses. Un livre qui pourrait se trouver sur les étagères d’un CDI de collège pour quelques portraits intéressants: Jean Baptiste Belley et Leopold Sédar Senghor, Apollinaire, Léonard de Vinci ou Marie Curie.

La présentation de l’ouvrage parle d’ “éminents citoyens qui ont contribué à la grandeur de la France” et “issus de la diversité”: diversité il y a de Joséphine Baker à la Comtesse de Ségur et de St Augustin à Larbi Ben Barek en passant par Bonaparte et Alexandre de Médicis mais tous n’ont pas été citoyens français et on est loin des couleurs affichées dans le titre.
L’auteur est professeur de sociologie très impliqué en politique, candidat au législatives en 2007 dans l’Aisne et co-fondateur en 2008 de l’association Institut du citoyen visible.

Il nous propose une galerie de personnages dans un ordre alphabétique qui peut surprendre.

On trouve là des auteurs littéraires puisque le premier est Guillaume Apollinaire, ce Polonais né à Rome et mort de la grippe espagnole sous l’uniforme français le 9 novembre 1918. Alexandre Dumas, la Comtesse de Ségur née Rostopchina ou encore Flora Tristan d‘origine franco-péruvienne.

Les arts du spectacle sont plutôt bien représentés avec l’Afro-américaine Joséphine Baker, française en 1937 et présentée aussi comme mère adoptive de nombreux enfants des quatre coins du monde, Dalida et dans un temps plus lointain le chevalier de St Georges, ce fils d’un noble antillais et d’une esclave, connu à la cour de France au XVIII ème siècle comme le Mozart noir et dont les œuvres furent malheureusement détruites en 1802 lors du rétablissement de l’esclavage.

Il est dommage de n’avoir réuni sous un même chapeau ces Français nés ou fils, petit-fils d’esclaves que l’on rencontre au fil des pages d’autant qu’un portrait est consacré à celui qui fit rétablir l’esclavage: Napoléon Bonaparte. Honneur d’abord à un homme peu connu Jean Baptiste Belley, né à Gorée, esclave puis député de St Domingue à la Convention et l’un des auteurs de la première abolition de l’esclavage. Le général Dumas, père d’Alexandre est lui un mulâtre qui prit le nom de sa mère esclave domestique aux Antilles pour combattre dès 1792 dans la légion franche des Américains sous les ordres du chevalier de St Georges. C’est en Guyane que naquirent deux autres personnages Félix Eboué puis Gaston Monnerville, président du sénat de nombreuses années, tous deux politiciens qui ont œuvré pour une politique coloniale plus respectueuse des populations, ouvrant à la citoyenneté. On est pourtant un peu surpris de ne pas trouver ici un portrait d’Aimé Césaire mort en avril 2008 ou encore de Toussaint Louverture ou Frantz Fanon; d’autant que la personnalité de Léopold Sédar Senghor est présentée ici. Il fut, il est vrai, député à l’Assemblée Nationale et ministre, également écrivain en langue française mais tout de même aussi peut-être surtout président de Sénégal. Ce choix explique peut-être l’article suivant mais peu documenté sur les tirailleurs sénégalais.

On trouve par contre d’autres hommes politiques dont la diversité n’est pas évidente: outre Bonaparte, Jean Paul Marat est certes né en Suisse d’un père sarde ou cet autre suisse qui fut certes ministre le Louis XVI: Jacques Necker.

Dans le domaine intellectuel on notera les portraits d’Henri Bergson, père polonais et mère anglaise, Marie Curie. On peut y ajouter ce fils de familles de diamantaires hollando-polonais qui fit fortune dans l’industrie automobile; André Citroën.

Reste quelques individualités peut classables et très diverses: le footballeur marocain Larbi Ben Barek, sélectionné en équipe de France de 1930 à 1950, l’Indienne Noor Inayat Khan, membre du réseau de résistance Prosper qui mourut fusillée en 1944.

Enfin les auteurs ont choisit d’ajouter par rapport aux séquences télévisuelles des “personnalités “visibles” européennes emblématiques de la diversité”: St Augustin, Alexandre de Médicis, Mauresques et Marrannes (l’occasion d’évoquer un petit-fils de réfugié: Michel de Montaigne) et Léonard de Vinci.

En conclusion, un petit livre pas désagréable à lire ou à feuilleter.

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