L’auteure Yannick Ripa, historienne spécialiste de l’Histoire des femmes et du genre nous livre une biographie richement documentée sur Cléo de Mérode.
Cléo de Mérode naquit le 27 septembre 1875, à Paris. Elle est élevée par sa mère Vincentia de Mérode, et reçoit une éducation artistique et scolaire en plein coeur de Paris.
Sa destinée est artistique, par sa grâce et sa beauté, elle parvient aux plus hautes sphères de la société et voyage dans toute l’Europe.
Son parcours se fait loin des tréfonds de la société, dans laquelle vivent et survivent les danseuses de l’Opéra.
Peintes et sculptées par Degas, les danseuses de l’Opéra sont l’objet de tous les désirs pour la gente masculine. Pour preuve, la Petite Danseuse de quatorze ans, décriée lors du salon des indépendants de l’Epoque. Une analyse de cette œuvre est disponible ici
Cléo de Mérode se distingue des autres danseuses, grâce à l’entreprise de sa mère, issue de la bourgeoisie autrichienne. Grâce à ce statut, Cléo intègre l’Opéra de Paris et étudie dans une institution religieuse. Son parcours et les heures de travail lui permettent d’atteindre rapidement le coryphée à l’Opéra de Paris. Elle quittera l’Opéra avant la Première guerre mondiale.
Avant Joséphine Baker et Sarah Bernhardt, Cléo de Mérode est une icône sur la scène parisienne, nationale et internationale. Elle aura de nombreux prétendants dont le roi des Belges, mais elle ne cédera jamais. Sa vie sentimentale est analysée par l’auteure, de façon totalement objective. Cela permet de déconstruire tout le mythe autour de la danseuse.
Source : rmn et analyse par l’Histoire par l’image ( cliquez sur la photo)
Cléo de Mérode est autant adulée que détestée dans la presse. De nombreux témoignages et archives exploitées par l’auteur y font référence. Sa beauté n’a point d’égal à l’époque. Elle sera sacrée reine de beauté. Et les passions à son égard seront nombreuses. Carte postale illustrée d’une photographie de Cléo de Mérode en costume de scène (1901), cliché Reutlinger.
La rançon de la gloire est amère pour Cléo de Mérode, qui entame un procès à l’encontre de Simone de Beauvoir. Et c’est cela le fil conducteur qui mène le lecteur dans la vie de la danseuse.
L’artiste saisit la justice et gagne ( en 1950) son procès contre Simone de Beauvoir à l’occasion de la sortie de son ouvrage, le Deuxième Sexe, 1949. La philosophe avait, en effet, rédigé quelques lignes affublant Cléo de Mérode de « cocotte » ou encore « d’hétaïre » ( prostituée de haut rang social).
A l’issue du procès, les lignes sont effacées, Cléo recevra un franc symbolique- au lieu des millions demandés mais, l’affront et le traumatisme resteront toujours présents pour l’artiste. Elle rédigera donc une auto-biographie, en 1955, Le ballet de ma vie. Elle s’éteint le 17 octobre 1966 à Paris.
Cléo de Mérode aura traversé l’Histoire et donné ses lettres de noblesse à un art si dur qu’est la danse classique. On lui doit également, la coiffure à bandeau, coiffure indémodable…
Yannick Ripa réussit dans cette belle biographie, à réhabiliter la mémoire d’une femme d’exception, quelque peu oubliée mais qui est et restera une icône de la Belle Epoque.