Cette BD est le troisième volume de la tétralogie consacrée à Cléopâtre VII Philopator (69-30 avant notre ère) qui régna sur l’Egypte entre 51 et 30. C’est la même équipe qui officie sur les 4 tomes, à savoir Thierry et Marie Gloris pour le scénario et Joël Mouclier pour le dessin. A l’instar des volumes précédents, la qualité de l’histoire et des dessins est au rendez-vous, comme pour la majorité des titres parus dans la collection des Reines de sang chez Delcourt.

Ce tome démarre par un événement tragique, un de plus, autour de Cléopâtre, à savoir l’assassinat de Jules César, ce qui oblige à une fuite forcée et rapide vers l’Egypte. S’éloignant d’un univers, l’Urbs, qui l’a rejetée dès le départ, elle retrouve sa place en Egypte en tant que pharaon. Après ces années d’absence, elle doit d’abord reprendre en main son pays et remettre en place son autorité. D’autant que les trahisons viennent des cercles les plus proches. Et ainsi comprendre que le pouvoir s’exerce dans la solitude.

Si Cléopâtre semble vouloir s’éloigner officiellement des affaires romaines, elle va se retrouver assez vite rattrapée par les tensions internes entre le second triumvirat (Marc-Antoine, Lépide et Octave Auguste) et les assassins de son ancien amant, César. A cela se rajoute en plus le fait que l’Egypte reste le grenier à blé de Rome et que le blé est un facteur d’amour du peuple envers ceux qui le dirigent, un facteur de déstabilisation tout aussi bien à Rome qu’en Egypte, un instrument de négociation. Dernier enjeu géopolitique majeur: Cléopâtre ne s’enfuit pas de Rome seule, elle est la mère de Césarion, fils de César, même si Octave°Auguste en est le principal héritier.

Ce volume est l’occasion pour les auteurs d’introduire Marc-Antoine. Disons-le, d’une manière assez étrange. Aidant d’abord à la fuite de Cléopâtre, Marc-Antoine est présenté comme un personnage à la Indiana Jones ou Han Solo, ces rôles cultes de Harrison Ford. Nous avons donc un homme à la fois aventurier, séducteur, baroudeur, charismatique. Mais, dans le même temps, sont évoqués ces calculs et intrigues politiques, sa lente conquête du pouvoir, sa traque (par fidélité et amour sincère à son mentor) des assassins de César. C’est donc une manière très originale qu’ont choisie les auteurs pour aborder ce personnage, qui sera central dans le dernier tome normalement.

Comme pour les précédents volumes, cette lecture est vivement conseillée. Tout d’abord, pour cette plongée saisissante que nous permettent le dessin et la trame narrative. Ensuite, pour le suivi du destin de cette femme exceptionnelle. Enfin, pour la qualité du rendu des situations géopolitiques de cette période.