« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »

EDITORIAL par Gérard-François DUMONT
LES « METROPOLES » : DES VILLES RAYONNANTES OU « HORS-SOL »
Deux lois territoriales ont instauré un nouveau statut juridique à 14 « métropoles ». Ce choix politique se base sur 2 postulats : la dynamique des territoires les plus peuplées est essentielle dans un monde globalisé et les métropoles ont une influence positives sur leur environnement. Les cas de Marseille, de Lyon ou de Lille et même de Paris montrent que ces postulats peuvent être discutés. De nombreuses réussites territoriales ne sont pas dues à des effets de métropole. Elles reposent le plus souvent sur des initiatives locales selon une logique de développement endogène. On peut citer l’exemple du développement de l’industrie pharmaceutique à Castres dont Toulouse a ensuite profité, et non l’inverse. « Les statuts que les lois ont conférés en France à 14 métropoles reposent donc sur des raisons qui restent à justifier ». Leurs réussites reposeront surtout sur leur capacité à déployer une gouvernance capable de gérer l’articulation entre les métropoles et leurs territoires environnants.

DOSSIER par Jean-François LEGER
CLIMAT ET DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE
Les émissions mondiales de CO2 sont en constante augmentation. En 2013, elles s’élevaient à 31,8 milliards de tonnes, soit 18 milliards de plus qu’en 1970. Cette croissance s’est accélérée depuis le début du millénaire avec +2,4% par an. Au total, 85% du cumul des émissions mondiales de CO2 depuis quarante ans proviennent d’Europe, d’Amérique du Nord et plus récemment d’Asie (28% du total mondial en 2013 sont émis par la Chine). C’est en Océanie que le rapport entre le nombre de tonnes de CO2 émises et l’effectif de la population est le plus élevé avec 15 tonnes de CO2 par habitant en 2013.
La première cause de cette augmentation continue semble être la croissance de la population. Mais depuis la fin des années 1990, cette augmentation s’est accélérée et la progression des émissions par habitant consécutive à l’augmentation du niveau de vie (notamment en Asie) a pris le pas sur le facteur démographique. Pourtant, pour contenir le réchauffement planétaire à+2°C d’ici 2100, il faudrait diminuer de moitié les émissions de CO2 à l’horizon 2050 (objectif de la COP21). Cela correspond à environ 1,5 tonnes de CO2 par an par habitant, soit le niveau moyen d’émission actuel d’un africain.
La France est un des pays développés qui possède le plus faible niveau d’émissions de CO2 par habitant mais il stagne depuis plusieurs années à 5 tonnes par an. En prenant ce chiffre comme base et avec une population mondiale à 10 milliards d’habitants en 2050, on atteindrait 50 milliards de tonnes d’émissions de CO2 soit très loin de l’objectif de 15 milliards. Il sera impossible à atteindre sans un changement radical de nos modes de production et de consommation pour tendre vers un développement plus durable.

DOCUMENT PEDAGOGIQUE (libre de droits) :
LES EMISSIONS DE DIOXYDE DE CARBONE (CO2) PAR HABITANT EN EUROPE

EXERCICE PEDAGOGIQUE par Eric GACHET
ALIMENTATION ET SANTE, UNE QUESTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE
La séance proposée est ingénieuse. Elle met en relation le premier thème abordé dans le nouveau programme de géographie de 5ème « La répartition de la richesse et de la pauvreté dans le monde » et le deuxième thème de l’année sur les ressources alimentaires.
Dans un premier temps, les élèves doivent rédiger un court texte pour décrire et expliquer les inégalités face à la mortalité infantile à l’aide d’une carte à l’échelle mondiale. Dans un deuxième temps, ils doivent produire un schéma d’acteurs à partir de documents très intéressants et originaux (entrée de l’exposition universelle de Milan et présentation du pavillon suisse). Des propositions de mise en perspective et d’utilisation en classe de 2nde sont évoquées.

LE POINT SUR…par André TORRE et Sébastien BOURDIN
FRANCE : DES REFORMES TERITORIALES QUI POSENT BIEN DES QUESTIONS
Selon les auteurs, les objectifs qui ont présidé au redécoupage régional sont contestables. Le premier argument avancé étaient la simplification du « millefeuille territorial ». Mais les départements ont été maintenus et pour atteindre cet objectif, il aurait fallu complétement repenser l’organisation territoriale française. Le deuxième objectif visait à rationaliser la dépense publique mais les régions se représentent qu’une petite part des dépenses des collectivités territoriales. Enfin, la réalisation d’économies d’échelle était le troisième but de cette réforme. Pourtant la perte de proximité résultant de la fusion des régions pourrait être à l’origine de surcoûts.
Les avantages des réformes territoriales récentes sont encore ambigus. Certes, la discussion sur le nom des nouvelles régions a entériné leur reconnaissance comme l’un des grands niveaux de l’organisation territoriale de l’Etat. Mais la clarification des compétences entre les différentes collectivités territoriales n’est pas encore effective. De plus, le renforcement du rôle des 14 métropoles fait que « l’urbain deviendrait la seule voie/levier possible de développement », « signant un relatif déclin des départements et même des communes ».
Au final, l’accroissement de la taille des nouvelles régions risque de provoquer un éloignement de plus en plus croissant d’une partie des populations des centres de décision, donnant le sentiment d’un retrait de certaines marges périphériques ou rurales. Les activités et les populations risquent de se concentrer encore davantage dans les zones déjà les plus productives. Se pose donc un problème d’équité territoriale. L’exemple détaillé de la région Grand-Est montre aussi le renforcement des disparités interterritoriales qu’il faudra gérer. L’article se termine d’une façon plus positive. Les réformes territoriales seraient-elles une opportunité pour certains territoires ? Les territoires ruraux ou périphériques se voient dans l’obligation de développer des réseaux de coopération locaux et une économie sociale et solidaire à l’échelle des citoyens. L’innovation et la créativité seront alors décisives pour montrer la résilience de ces territoires, apparemment délaissés par les réformes récentes de la structure territoriale de la France.

ANALYSE par Gérard-François DUMONT
DEMOGRAPHIE DE LA FRANCE : LA DOUBLE ALERTE
A partir de graphiques et de tableaux statistiques, on peut esquisser plusieurs changements démographiques qui ont marqué l’année 2015 en France métropolitaine : une nette diminution des naissances, une baisse de la fécondité et une forte hausse des décès. Comment expliquer ces évolutions ? Incident ou tournant ? Le nombre de naissances est en recul de 2,5% et la fécondité est passée de 1,98 à 1,93 enfant par femme. G.-F. DUMONT attribue ces variations aux changements dans la politique familiale : diminution du complément de mode de garde, conditions de ressources pour les allocations familiales,… Parallèlement on constate une forte hausse des décès (+7%). Encore une fois, cette évolution est difficile à expliquer. L’auteur y voit évidemment les conséquences du vieillissement de la population mais peut-être aussi les effets d’une alimentation trop industrielle, de la baisse de l’offre médicale dans certains territoires et/ou d’une paupérisation d’une partie de la population qui n’aurait plus accès aux soins…signe annonciateur ou accident de parcours ?