Cet ouvrage rendra bien des services : son but est de communiquer les résultats faisant l’objet d’un consensus suffisamment établi par une expertise collective et de communiquer le degré de certitude que ces résultats peuvent certifier.
Il s’agit donc d’équiper les professionnels de l’éducation tout en leur laissant les marges de manœuvres utiles pour transposer ces gestes dans des contextes spécifiques. Il n’a pas la prétention de fournir des prescriptions générales. Le regroupement des gestes professionnels d’enseignement proposés est distingué selon cinq grandes familles. Chaque chapitre est clairement détaillé.
Différencier sa pédagogie
Un consensus existe au sein de la communauté sur l’absence d’efficacité des classes de niveau. Les résultats concluent que l’élève qui redouble s’améliore certes mais que celui qui passe dans le degré supérieur et qui avait les mêmes difficultés s’améliore encore davantage. Différencier n’est pas individualiser les apprentissages. Les auteurs expliquent les différents niveaux de différenciation possibles : différenciation des contenus, des productions attendues, des processus, des environnements affectifs et physiques. Ils présentent ensuite les dispositifs qui peuvent soutenir la différenciation pédagogique comme le tutorat entre pairs ou la classe inversée.
Développer les compétences socio-émotionnelles des élèves
Les modèles actuels suggèrent que les émotions et les fonctions cognitives agissent de pair : les émotions soutiennent l’attention, la mémoire de travail, la consolidation en mémoire. Les auteurs insistent sur la nécessité de développer l’estime de soi et l’efficacité personnelle. Le chapitre s’arrête sur les apprentissages coopératifs et énonce très clairement cinq grands principes comme la présence d’une tâche commune ou encore la nécessité d’une interdépendance positive entre les élèves. Les auteurs déclinent cela ensuite avec cinq exemples cette fois de méthode d’apprentissage coopératif.
Miser sur les fonctions exécutives et les capacités attentionnelles des élèves
Les auteurs présentent les fonctions exécutives à savoir l’inhibition, la mémoire de travail et la flexibilité collective. Le chapitre présente aussi le programme ATOLE co-développé par Lachaux et son équipe. La théorie de la charge cognitive soutient un courant pédagogique appelé l’enseignement explicite. Celui-ci comporte trois étapes : le modelage, la pratique guidée et la pratique autonome. Il ne s’agit pas d’oublier les apports possibles des pédagogies de la découverte. Etre actif est nécessaire pour apprendre. Cependant, engager l’élève ne signifie pas qu’il doit être laissé à lui-même. Des feed-back qui portent sur les progrès plutôt que sur les performances sont plus motivants.
Donner des feed-back et évaluer
Le chapitre se focalise sur les bénéfices potentiels et les possibles écueils. Les auteurs pointent très clairement les caractéristiques à favoriser dans le feed-back. On peut aussi les classer selon qu’il est focalisé sur la personne, sur la tâche, le processus ou sur l’auto régulation. Pour être efficace le feed-back ne doit porter que sur deux ou trois choses que l’élève peut améliorer. Par ailleurs, les notes ont un effet délétère sur la motivation. Retenons aussi que les auto-évaluations et les évaluations par les pairs sont des dispositifs intéressants à explorer. Les apprentissages espacés sont plus efficaces que les apprentissages d’un bloc.
Favoriser le transfert d’apprentissage
La notion de transfert est centrale pour évaluer les apprentissages et les performances des élèves. On sait aussi aujourd’hui que la manière de formuler les énoncés peut influencer fortement les performances des élèves. Une notion scolaire est aussi d’abord perçue par le prisme d’une connaissance familière issue de la vie quotidienne ou d’apprentissages scolaires antérieurs. Nous nous appuyons constamment sur les analogies pour interagir avec notre environnement. Il est donc important de partir d’exemples concrets et d’expliciter les rapprochements analogiques. Enseigner des stratégies d’apprentissage est bénéfique pour les apprentissages et encourageant pour les élèves, tant au primaire qu’au secondaire. Les auteurs proposent un tableau avec dix stratégies métacognitives selon leur efficacité.
Conclusion
En guise de conclusion, les auteurs relèvent les points suivants. Les travaux sur la différenciation préconisent de maintenir des objectifs ambitieux et communs pour toutes et tous les élèves ainsi que de privilégier des situations d’apprentissage collectives. Développer les compétences socio-émotionnelles est bénéfique et peut être entrainé. La mise en place d’évaluations formatives régulières constituent un pilier fondamental des apprentissages. A partir de ces conclusions, les auteurs identifient quatre perspectives pour améliorer les gestes professionnels. Parmi elles, l’intérêt de développer des synergies entre recherche et terrain ou encore le besoin d’une formation initiale et continue de qualité. Une synthèse particulièrement limpide et éclairante.