La reprise du service de presse des Clionautes avec les éditions « les Presses de Sciences-po » commence par la publication du dernier numéro de cette revue sociologie pratique consacrée à la communication en entreprise.
On peut y trouver des informations extrêmement précieuses concernant les pratiques professionnelles dans le secteur marchand mais qui sont directement transposables dans les administrations publiques. Ces dernières se sont d’ailleurs très largement inspirées des méthodes de management pour développer des outils de communication interne, nous pensons par exemple aux réseaux Viaeduc dont le moins que l’on puisse en dire et qu’il ne semble pas en mesure pour l’instant de trouver son public.

La communication de l’entreprise a d’abord été construite sur une segmentation de ses publics et sur une répartition des tâches entre l’interne et l’externe. À l’heure du Web 2.0, on peut se demander ce que vaut cette distinction. Mais, en même temps, on observe que l’entreprise est en tension : elle s’est éloignée de ses salariés et éprouve de la difficulté à communiquer au travail sur le travail. Plus que d’autres salariés, le communicant est confronté à ces difficultés. Ce nouveau numéro de Sociologies pratiques tente d’identifier les évolutions en cours de la communication en entreprise et d’analyser la posture des praticiens face à celles-ci.

Cette revue pose problème de la communication au sein des entreprises, comme institution centrale des sociétés démocratiques. La communication a d’abord été construite sur une segmentation de ses publics, avec une porosité de plus en plus grande à partir des années 90 entre la communication interne et la communication externe. L’organisation du travail s’appuie sur des relations entre les salariés et entre les services, avec la reprise en interne de ce qui existe en externe, avec notamment le cas des réseaux sociaux. On peut le constater facilement la multiplication des outils disponibles n’augmente pas de façon significative le nombre des usagers « connectés ». Tout est question de métier, de position hiérarchique, de culture numérique également.

Dans le numéro de cette revue qui porte bien son nom de « sociologies pratiques », l’enjeu est de montrer que la sociologie est un outil de compréhension mais aussi d’action au sein du monde l’entreprise, notamment par le biais de la communication. On lira avec profit l’entretien de Renaud Berrivin, sociologue de formation, est actuellement directeur de la communication du groupe Inter mutuelles assistance. Derrière cette dénomination on trouve un métier particulier, avec au final une personne devant un terminal un casque téléphonique sur la tête qui doit répondre à des demandes très différentes d’assistance, et qui doit disposer d’une marge d’autonomie importante, dans le cadre de procédures plus ou moins normées.
Dans le cadre de ce travail particulier la coopération n’est pas forcément naturelle. Et dans le métier de l’assistance il s’agit d’échanger des pratiques, avec objectif celui d’améliorer le service au niveau du client mais également de permettre un épanouissement personnel du salarié.
Dans les « bonnes feuilles » les Master professionnels qui sont traités dans cette revue on pourra lire avec beaucoup de profits un article de Maxence Morel « que signifie s’engager dans son lycée ? », Qui montrent comment les instances de la vie lycéenne, et à l’échelle d’un établissement, le conseil de la vie lycéenne, ne suscite pas, c’est encore le moins que l’on puisse en dire, un engagement massif des lycéens eux-mêmes. Le sentiment de déception chez les personnes éducatifs et extrêmement forts tandis que la majorité des élèves ne semble accorder qu’un intérêt très relatif au conseil de la vie lycéenne. Les pratiques des personnels encadrant sont insuffisantes pour garantir un véritable engagement. On sera tout de même réservé sur la conclusion qui précise que cette recherche « rappelle l’impossibilité de concilier totalement la dose d’autorité nécessaire un projet pédagogique et la liberté du choix démocratique ». De façon provocatrice on pourrait dire qu’un lieu d’apprentissage n’est pas forcément celui de l’expression démocratique des apprenants, ou en tout cas que celle-ci ne doit pas obérer sa fonction première. Mais le débat est loin d’être clos sur ce sujet.

La revue Sociologies pratiques

Vincent Brulois, Philippe Robert-Tanguy
Page 1 à 7 Le communicant, force fragile : Une identité de métier en question

Regards croisés
Réalisé par Vincent Brulois, Philippe Robert-Tanguy
Page 9 à 17 Entretien croisé avec Guillaume Aper (afci) et Christine Donjean (abci)

Réponses sociologiques
Anca Boboc, Fabienne Gire, Jérémie Rosanvallon
Page 19 à 32 Les réseaux sociaux numériques. Vers un renouveau de la communication dans les entreprises ?

Roland Labregère
Page 33 à 42 Le travail à l’épreuve de la communication. Les inspecteurs de santé publique vétérinaire entre injonctions de la com’ et désir de communiquer

Yanita Andonova
Page 43 à 52 De l’invisibilité des dispositifs numériques à la légitimation de la communication en entreprise

Valérie Lépine
Page 53 à 61 Mesures et évaluation de la communication interne : quelles pratiques et quels enjeux ?

Stéphanie Dupouy, Philippe Fenot, Ken Fukuhara
Page 63 à 72 Communicants : une théorie de la contorsion ?

Jean-Marie Charpentier, Jacques Viers
Page 73 à 81 Des communicants en réflexion. Entre quête de savoirs et pratiques réflexives

Le métier
Entretien avec Renaud Berrivin, Réalisé par Vincent Brulois, Philippe Robert-Tanguy
Page 83 à 93 Communiquer en sociologue

Bibliographie et ressources
Page 95 à 98 Ressources documentaires

Sociologie d’ailleurs
Mohamed Madoui
Page 99 à 113 La sociologie marocaine : du déni à la réhabilitation

Écho des colloques
Nadège Vezinat
Page 115 à 119 « Finance at work », Symposium international, Nanterre Paris Ouest, 9 et 10 octobre 2014

Bonnes feuilles de masters professionnels
Marion Frémy
Page 121 à 124 L’absentéisme au travail : de nombreux facteurs déclencheurs. Le cas des opérateurs et techniciens circulation de l’Établissement infra circulation Paris Champagne Ardenne – SNCF

Maxence Morel
Page 125 à 126 Que signifie s’engager dans son lycée ?

Céline Grandpierre
Page 127 à 128 Démarche « compétences » : quelles incidences sur les identités professionnelles des agents de la Fonction publique ?

Lectures
Page 129 à 141 Lectures