Déjà 20 numéros pour cette revue de qualité qui s’est installée durablement dans l’environnement des enseignants d’histoire-géographie et que l’on trouve maintenant dans un grand nombre de CDI. Ce numéro, particulièrement dédié à la mondialisation, sera une ressource précieuse pour les enseignants de 3e et terminales par l’intérêt des ressources qu’il propose.
Au-delà des ressources, la réflexion sur la mondialisation, phénomène complexe, est à poursuivre. Et la place des territoires est à redéfinir, dans la mesure où ces derniers sont à la fois en train de disparaître ou de se renforcer, plusieurs articles de ce numéro illustrent cette affirmation apparemment contradictoire.
L’émission de Planète Terre sur France Culture est toujours partenaire de Carto.
Une page d’information sur l’usage civil des drones (p. 8) rappelle qu’outre un nouvel usage cartographique (résolution de 5 cm par pixel contre 40 cm/pixel pour les satellites…) les drones peuvent être utilisés en agriculture, pour la protection des rhinocéros (Afrique du Sud), pour le suivi de zones sinistrées…
Le dossier mondialisation (pp. 10-21) propose un grand nombre de cartes actualisées : flux commerciaux, grands ports, McDonalds ou paradis fiscaux. Si certaines de ces représentations sont attendues, d’autres sont moins connues, comme celle des enquêtes de la Cour pénale internationale (p. 20) ou celle de « Société civile et gouvernance mondiale » (p. 21). Ces cartes proviennent de l’atelier de cartographie de Sciences Po (on peut d’ailleurs regretter que la carte des migrants, fort utile, n’ait pas été réactualisée, celle qui est présentée reprend les chiffres de 2005). L’article reprend les éléments de base sur la mondialisation aujourd’hui (toujours utiles, notamment pour les élèves préparant le baccalauréat…) et apporte des éléments de réflexion intéressants sur les rapport entre acteurs de la société civile dénonçant les violences étatiques et les Etats eux-mêmes, on peut se rendre compte qu’il n’est pas aisé de cartographier l’action des différents activistes !
Les pages Actualités présentent une mise au point sur Gibraltar ; outre une photo qui met en valeur le rocher lui-même (p. 22), la carte de la zone avec le partage des eaux territoriales rend plus compréhensible les tensions actuelles entre l’Espagne et le Royaume Uni.
La double page sur l’Allemagne (pp. 26-27) a anticipé l’entrée du SPD au gouvernement, et l’emploi des conditionnels utilisés n’est plus nécessaire, ce qui était annoncé comme une possibilité est devenu depuis une réalité, les cartes du taux de chômage et des résultats électoraux, ainsi que les graphiques de la part des femmes dans la démographie et les minijobs sont toujours utilisables.
Tristan Hurel propose une mise au point sur l’utilisation des gaz chimiques et les différentes tentatives internationales pour l’interdire (dès 1925) à propos de l’utilisation de gaz en Syrie (pp. 28-30), malgré tous les efforts entrepris, un monde sans gaz ne semble pas encore pour demain. La carte de la géopolitique de l’armement chimique présente une vision accablante de l’usage fait des armes chimiques depuis 1915 (p. 29).
Tigrane Yégavian présente la situation de l' »alyah » (« ascension » en hébreu qui qualifie l’immigration en Israël) ; conséquence indirecte de la fin de la Guerre froide, les arrivées de migrants ont fortement baissé depuis le pic des années 90. L’intégration des populations du monde entier est un véritable défi et l’exemple des « falachas » (juifs d’Éthiopie dont l’immigration a été stoppée en août 2013) dont les conditions de vie sont aujourd’hui médiocres, en est un exemple. Deux cartes illustrent l’article, l’une représentant les migrations vers Israël, l’autre les différentes populations juives dans le monde.
La carte de l’excision en Afrique (p. 36) souligne une situation bien peu satisfaisante même si les mentalités évoluent, beaucoup trop de jeunes filles continuent de subir ces mutilations sexuelles.
Frank Tétart s’interroge (p. 40) sur les nouveaux membres du Conseil de l’Arctique où le nombre d’Etats non limitrophes de zone augmente, en particulier les Etats asiatiques(Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Singapour), ce qui manifeste bien l’attrait pour la zone polaire !
La double page centrale et ses multiples représentations est aujourd’hui consacrée au marché de l’humanitaire, du grain à moudre pour celles et ceux qui voudront faire travailler les élèves sur le sujet : cartes de l’aide au développement, des volontaires français…, graphiques des appels aux dons de l’ONU, du financement de l’aide humanitaire, des principaux pays récepteurs de l’aide internationale…
Deux articles nous renvoient aux aspects des trafics de drogue, que ce soit la Colombie (p. 45) ou le Salvador (p. 46-47) où les troubles politiques n’ont pas encore permis le contrôle des « maras » et la paix sociale.
Les cartes de Détroit (pp. 48-49) mettent en évidence la présence écrasante de la pauvreté dans la ville américaine en faillite depuis l’été dernier.
La double page sur les Philippins nous présente les migrations des populations locales entre les Etats Unis et l’Union européenne, surtout dans les pays asiatiques et ceux du Golfe persique.
Sur le même thème des migrations, la carte des « migrations africaines » (p. 56) est particulièrement pertinente pour lutter contre l’idée fausse de tous les migrants africains arrivant en Europe, une carte à mettre entre les mains de tous les élèves !
« L’oeil du cartographe » de Cécile Marin (pp. 54-55), après une critique du plan de Saint-Dié des Vosges proposé aux festivaliers du mois d’octobre, aborde le problème de la cartographie de la ville. Le projet collaboratif OpenStreetMap est une possibilité mais cela demande un vrai travail comme l’exemple de Londres le montre.
La page « Environnement » présente le projet de la ville écologique marocaine de Zenata à proximité de Casablanca. Si la présentation répondre aux souhaits du gouvernement marocain, la réalité des réalisations et de l’aspect écologique n’est pas réellement détaillée (pp. 58).
Toujours dans le domaine de l’environnement, le résultat de du programme européen SHARE sur la présence de l’aléa sismique en Europe (pp. 60-61) rappelle la nécessité de la prévention notamment dans le domaine de la construction.
Enfin les pages « Histoire » (pp. 65-72) dressent l’historique du département des Cartes et Plans de la BNF, état des lieux présenté par son directeur Jean-Yves Sarazin.