Les deux auteurs ont déjà travaillé pour HongFei, jeune maison d’édition créée en 2007, spécialisée dans la publication d’œuvres de découverte des autres cultures que la nôtre, notamment chinoise. Leur catalogue s’adresse volontairement à un public très large, dans l’idée de ce dialogue interculturel et plusieurs de leurs œuvres ont déjà été recensées sur notre site, toujours avec des retours positifs.Chun-Liang Yeh est un auteur de contes et de récits qui a beaucoup voyagé entre Europe et Asie. Son ambition est de transmettre la tradition littéraire chinoise au plus grand nombre. Sur cet ouvrage, il est associé à Clémence Pollet, illustratrice de nombreuses BD, dont les créations ont été à de multiples reprises récompensées.
Le premier élément qui ressort de cet ouvrage est tout simplement sa beauté, notamment à travers les nombreuses illustrations de Clément Pollet. Le choix du papier, épais, fait aussi de cette œuvre un objet à part que l’on veut à la fois protéger et contempler. Elle invite au retour et à la relecture. Clémence Pollet a choisi de travailler autour de quatre tons, trois couleurs et le noir, et travaille les nuances, donnant un rendu spectaculaire à l’ensemble des dessins. Au cœur de cet ouvrage, une double page de près d’un mètre de long, capture du village d’origine de Confucius. Mais véritablement, chaque illustration est un petit bijou, donnant une atmosphère sereine et quasi vivante à l’ensemble.
Yeh ne vise pas à l’exhaustivité quant à la vie de Confucius. Cet ouvrage est à l’image de ce que veut faire l’éditeur en s’adressant au plus grand nombre. Nous suivons la vie de Confucius, son enfance, après la perte de son père à deux ans, puis sa vie de jeune adulte que rien ne prédestinait au tumulte et au voyage. Mais apparaît très rapidement cette envie de comprendre ce qui l’entoure, dans un but précis : aider les autres à mieux vivre en les connaissant. C’est un leitmotiv indissociable au confucianisme et que l’auteur a choisi de mettre en avant.
Étudiant sérieux et brillant puis fonctionnaire performant, Confucius finit par quitter un certain confort pour entraîner avec lui quelques « disciples » dans des pérégrinations à travers une Chine divisée entre seigneurs de guerre, à la fois afin de mieux connaître ses semblables mais surtout transmettre sa vision, son regard sur la société. Un voyage aux allures de périple, à la recherche d’un prince ou d’un seigneur qui acceptera de mettre en place sa pensée. Un voyage rempli de déceptions et de danger mais qui n’entament pas cette indéniable volonté d’améliorer le sort de son prochain.
Au final, un véritable coup de cœur pour cette œuvre. Tant sur le fond que sur la forme. Une œuvre à mettre entre toutes les mains pour celui ou celle qui veut se familiariser avec cette riche culture chinoise, mère des cultures d’Asie orientale. Un livre qui peut s’adresser à un public multiple et qui est, à coup sûr, une invitation à une découverte plus profonde ce cet enseignement et de cette tradition.
—–
Matthieu Henry, pour Les Clionautes