La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »
La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) est désormais présentée par le service de presse de l’association Les Clionautes, dans le cadre de la rubrique La Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an (Hiver-Printemps et Été-Automne) expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Études et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’Obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.
Ce numéro des « Chroniques d’Histoire Maçonnique » n° 90 (Automne 2022-Hiver 2023) : Francs-maçons célèbres et obscurs de la monarchie de Juillet à la IIIe République, est composé de l’habituel avant-propos du Comité de rédaction et d’un dossier comportant 4 articles. Cette parution ne comporte donc pas les rubriques habituelles : Sources et Documents. Cependant, avec ce numéro 90 (dernier numéro de l’année 2022), les CHM renouent ici avec la publication des rubriques Dossier. Le premier article est rédigé par André Combes : Jacques-Etienne Marconis de Nègre (1795-1868) et le rite de Memphis. Après cet article, le deuxième des CHM est consacré à Michel-Auguste Peigné, homme de progrès et de procès par François Gaudin. Puis, la troisième ainsi que la dernière et quatrième communication concernent respectivement Émile Fernand-Dubois (1869-1952) : un statuaire franc-maçon, matérialiste et libertaire par Frédéric Cépède et, enfin, Emmanuel Arago (1812-1896) : du maçon sans tablier au haut dignitaire, itinéraire initiatique d’un républicain romantique par Paul Baquiast et Bertrand Sabot.
DOSSIER : Francs-maçons célèbres et obscurs de la monarchie de Juillet à la IIIe République
Le XIXe et la première moitié du XXe siècle ont été un temps très privilégié pour le rayonnement, pour l’influence et pour les tentatives de rénovation de la franc-maçonnerie française. Dans ce cadre d’évolution d’environ 150 ans, les loges n’ont peut-être jamais autant réussi à attirer des figures qui ont accédé à la célébrité maçonnique ou politique durable, dont ont été privés d’autres maçons, en dépit d’un talent et d’un engagement maçonnique reconnus de leur vivant qui leur permit parfois d’accéder à de hautes fonctions maçonniques et profanes qui ont été (un peu !) oubliées. La richesse de cette période est évoquée à travers un parcours dans lequel cohabitent l’action de deux célébrités : le républicain Emmanuel Arago et le fondateur du rite de Memphis-Misraïm Marconis de Nègre ; et de deux frères moins connus, le lexicographe Michel-Auguste Peigné ainsi que le statuaire et graveur Émile Fernand-Dubois.
* Jacques-Etienne Marconis de Nègre (1795-1868) et le rite de Memphis (André Combes) : p. 7-20
Ce premier article, écrit par André Combes, présente le créateur du rite de Memphis-Misraïm en France et à l’étranger, le français Jacques-Etienne Marconis de Nègre (1795-1868).
Fils de Gabriel Marconis dit de Nègre, un des fondateurs en France du Rite de Memphis, Jacques-Etienne est né à Paris, en janvier 1795. Marconis est un homme de lettres talentueux et cultivés, imaginatif et entreprenant, féru d’ésotérisme, mais isolé car rejeté par les autres obédiences maçonniques, en France. Jacques-Etienne Marconis de Nègre.fut d’abord élu Grand Maître pour la France, puis Grand Maître général du Rite, le 7 juillet 1868. Ce fut pour lui que l’on constitua un 96e degré, ajouté aux 95 degrés précédents, et dénommé « Grand Hiérophante ». Il se rendit aux États-Unis en 1856, et y constitua l’Obédience américaine ; puis il alla en Égypte y établir une Obédience de même nature, sous le nom de Grand Orient d’Égypte ; le marquis de Beauregard en fut le premier Grand-Maître.
* Michel-Auguste Peigné, homme de progrès et de procès (François Gaudin) : p. 21-41
Ce deuxième article, traité par François Gaudin, est consacré au lexicographe français Michel-Auguste Peigné (1799-1869), né dans les Ardennes françaises, en 1799 et mort, à Paris, en 1869.
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Parcours
En 1819, Michel-Auguste Peigné est nommé instituteur libre dans l’Aisne où il épouse Thérèse Sorlin (1799-1838), en 1820, à 21 ans, avec qui il a eu 3 enfants (2 garçons et 1 fille). En 1821, il devient principal de collège dans les Ardennes (1821-1823), ensuite à Meaux (1823-1825) puis il est correcteur à l’imprimerie royale en 1825, en attendant de devenir secrétaire d’académie à Limoges, en 1829, à 30 ans. En 1831, il entre au ministère de l’Instruction publique et se signale par son habileté de rapporteur. Choisi comme secrétaire particulier par le ministre Guizot, il contribue à l’organisation de l’enseignement primaire devenant ainsi un auteur pédagogue reconnu en publiant de nombreux ouvrages scolaires consacrés à la lecture, réédités pendant plusieurs décennies (136 rééditions pour certains). En désaccord avec Guizot pour avoir plaidé en faveur d’un enseignement unifié et laïque, on lui demande de démissionner et il quitte l’administration centrale en 1838.
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Le franc-maçon
Michel-Auguste Peigné eut aussi une carrière maçonnique. Sous la monarchie de Juillet, il contribua à créer, en août 1834, la sulfureuse Revue Maçonnique, qu’il dirigeait, et qui lui vaut l’exclusion du GODF malgré le soutien sans faille des frères de son atelier. Entre l’obédience et sa loge l’Athénée des étrangers, un conflit s’ouvrit en raison de la teneur des articles de la revue, dès octobre 1834, mais la plainte fut rejetée par le Grand Jury maçonnique du GODF, en janvier 1835. De nouveau, Peigné est dénoncé comme républicain par le préfet de Police et le GODF le suspend puis, en mai 1835, une plainte d’une loge du GODF survient. Cette fois, le GODF le déchoit de ses droits maçonniques malgré le soutien de sa loge laquelle fut suspendu provisoirement. En 1839, la loge de Peigné n’est plus suspendue mais ce dernier est toujours déchu. En décembre 1842, il est élu Vénérable de sa loge. Sa vie de maçon fut tourmentée mais les épreuves et l’adversité ne le détournèrent pas de ses convictions républicaines.
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Le lexicographe
En tant que lexicographe, Michel-Auguste Peigné eut également des démêlés avec la justice de son temps, avec son dictionnaire de 1834 Nouveau Dictionnaire de la langue française qui impliqua la magistrature, l’Église et l’instruction publique, dans un contexte qui vise le gigantesque marché des écoles primaires alors en plein développement (de 10 000 à 23 000 en 15 ans !). Il fut l’occasion de deux procès devant la 8e chambre du tribunal de police correctionnel : le premier en contrefaçon et le second en rapport au caractère rationaliste du texte. À l’issue du premier procès, Peigné fut débouté de sa plainte malgré son appel car la Cour d’appel suivi l’avis du tribunal. Pour le second, en 1847, il est accusé par le nouveau ministre de l’Instruction publique de tromperie sur la marchandise en prétendant qu’il était approuvé par le conseil royal de l’Instruction publique et il condamné. Peigné fait appel et obtient gain de cause.
* Émile Fernand-Dubois (1869-1952) : un statuaire franc-maçon, matérialiste et libertaire (Frédéric Cépède) : p. 42-71
Le troisième article, rédigé par Frédéric Cépède, a pour sujet un statuaire franc-maçon et libertaire Émile Fernand-Dubois. Ce dernier a été le parrain maçonnique du biologiste Casimir Cépède (1882-1954), grand-père de Frédéric Cépède. Casimir Cépède a été le biographe d’Émile Fernand-Dubois, en 1938.
Statuaire et graveur, franc-maçon depuis 1903, Émile Fernand-Dubois (1869-1952) a vécu de son art, tissé un important réseau d’amis dans le monde culturel et politique, comme en témoignent ses monuments aux morts réalisés au lendemain de la Première Guerre mondiale, ses statues les plus notables aujourd’hui entreposées au musée de la Loire (Cosne-Cours-sur-Loire) dont il a été le premier conservateur.
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Devenir un statuaire
Né le 21 juillet 1869, à Paris (XIe), ses parents sont de jeunes ouvriers en optique marqués par un destin tragique. Après le décès de sa sœur en 1871, de sa mère en 1874, l’incapacité de son père de l’élever, l’enfant est élevé par ses grands-parents maternels Michard, à Paris, son grand-père étant peintre en vitraux. Doué en dessin, dans ses années de formation, il travaille la peinture, la sculpture et la gravure. Dans les années 1890, Fernand-Dubois n’est qu’un artiste en devenir et il vit mal de son art. En 1905, il loue son atelier de l’avenue de Châtillon (au 66). Dès lors, il est devenu un artiste « installé » et reconnu car il vit de son art.
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La rencontre avec le député Claude Goujat
Fernand-Dubois fait la connaissance du député radical de la Nièvre Claude Goujat (1845-1926). Ce dernier, maire de Cosne, apprécie le talent du sculpteur et passe plusieurs commandes auprès de ce dernier pour sa ville.
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Émile Fernand-Dubois, franc-maçon matérialiste et libertaire
Fernand-Dubois fait sa demande d’initiation dans la loge parisienne L’Avenir du GODF, en octobre 1903, à l’âge de 34 ans. Apprenti en novembre 1903 (!), compagnon en octobre 1904 et maître juin 1905, son parcours maçonnique est très rapide (moins d’un an entre chaque grade !) mais pas inhabituel en ce début de XXe siècle au sein des loges du GODF. La loge L’Avenir, fondée en 1863 sous le second Empire, a déjà une histoire prestigieuse, en 1903. En effet, elle a accueilli en son sein le journaliste Charles Longuet (opposant à l’Empire, gendre de Karl Marx et Communard), le radical Camille Pelletan et le socialiste Paul Lafargue (autre gendre français de Karl Marx). Le frère maçon Fernand-Dubois participe activement à la vie de son atelier en planchant (« Capital et travail ») ainsi qu’en devenant officier de sa loge (Grand expert en 1906-1907 ainsi que Second surveillant en 1910 et Premier surveillant en 1919).
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Fernand-Dubois, délégué au couvent de 1908
En 1908, le F:. « matérialiste libertaire » Fernand-Dubois est élu par ses frères de l’atelier comme délégué du Convent de septembre 1908. Il en fait un long compte rendu pour la tenue maçonnique du 13 octobre 1908. Son regard de néophyte est latent dans sa planche qui montre avec étonnement et précision le fonctionnement du Convent du GODF au début du XXe siècle.
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Échec de l’érection du Monument aux Francs-maçons morts pour la France.
De fait, Fernand-Dubois a bénéficié du soutien fidèle de nombreux francs-maçons et d’élus radicaux-socialistes, soit un petit réseau d’admirateurs et de fidèles au premier rang desquels nous retrouvons le député de la Nièvre Goujat mais aussi Théodore Steeg (1868-1950), importante personnalité du Parti radical, député de la Seine (1904-1904), puis sénateur de la Seine (1914-1940). Ce dernier fut surtout ministre des Beaux-Arts et de l’Instruction publique (1911-1913) et occupa de nombreux ministères pendant l’entre-deux-guerres (Intérieur, Justice, Colonies…) et fut président du Conseil quelques semaines au tournant des années 1930. Il intervint à maintes reprises auprès de ses services ou de ses collègues pour soutenir le statuaire Fernand-Dubois, durant les périodes de vaches maigres de l’entre-deux-guerres.
Au couvent de septembre 1921, le GODF décide de lancer une souscription pour l’érection d’un mémorial aux francs-maçons morts pour la France, à Douaumont. Le dossier est suivi par le membre du Conseil de l’Ordre André Lebey qui a déjà son statuaire (profane) Cecil Howard (1888-1956). Délégué au convent par l’atelier de Fernand-Dubois, son ami Fourcault-Hardonnière présente la candidature du F:. statuaire Fernand-Dubois. Tous les terrains entourant Douaumont étant soumis à une servitude militaire, le projet maçonnique est impossible. Finalement, en septembre 1923, la décision est prise de rembourser ou de verser l’argent de la souscription à la caisse centrale de solidarité maçonnique. Néanmoins, Fernand-Dubois arrive à vivre de son art et s’attache à entretenir les liens de l’amitié avec chacun.
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De Marianne à la médaille de récompense
En 1925, Fernand-Dubois crée une Marianne. Dans les années 1925-1935, il anime une association d’aide aux artistes (la Horde de Montparnasse) avec son épouse Jane, qui réunit au fil du temps près de 1000 adhérents, et dont les bals annuels à thème, les foires aux navets permettent à de nombreux artistes de trouver des acheteurs parmi les foules parisiennes ainsi que de remplir la caisse de l’association pour des aides ponctuelles ou des prêts aux artistes en galère. Lors du convent de 1937, est réalisé par Fernand-Dubois une médaille de récompense maçonnique et commémorative afin de récompenser certains frères qui ont à leur actif 25 années ininterrompues d’activité maçonniques, voire 40 années d’activités.
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Une triste fin de vie
La fin des années 1930 est rude pour le sexagénaire Fernand-Dubois. Un long conflit au sein de la Horde de Montparnasse met en sommeil les activités de l’association d’aide des artistes. Malgré le soutien de ses frères de la loge Loyauté, son moral en a pris un coup et sa situation matérielle est précaire. L’entrée en guerre de la France meurtrit le pacifiste qu’il est et son épouse Jane meurt dans le bombardement qui détruit le musée de Cosne, le 16 juin 1940. En décembre 1941, le régime de Vichy lui fait une commande d’État et il continue à exposer au Salon d’hiver, mais les ventes deviennent rares. En 1947, il s’affilie à la loge Diogène dont son ami Cépède est devenu le Vénérable. En septembre 1952, il meurt à l’hôpital psychiatrique de Villejuif (entouré de sa famille proche et de ses amis) et il est inhumé au côté de son épouse Jane, à Cosne, dans la Nièvre.
* Emmanuel Arago (1812-1896) : du maçon sans tablier au haut dignitaire, itinéraire initiatique d’un républicain romantique (Paul Baquiast et Bertrand Sabot) : p. 72-90
Le quatrième et dernier article, rédigé à 4 mains par Paul Baquiast et Bertrand Sabot, retrace à grands traits la vie profane et maçonnique d’Emmanuel Arago. Né en 1812, Emmanuel Arago est le fils aîné de François Arago, l’un des plus grands savants de son temps. Éminente « tête pensante » de l’Observatoire de Paris ainsi qu’éphémère chef de l’État en 1848, François Arago est la pierre angulaire d’une saga familiale exceptionnelle, véritable dynastie républicaine connue sous le nom d’aragocratie. Emmanuel Arago, en dépit de l’immense prestige de son père et de la renommée de ses oncles, parvient à se faire un prénom et à se construire un destin. Talentueux, courageux, acteur des trois révolutions de 1830, 1848 et 1870, il a la République chevillée à l’âme et au corps. Devenu une référence dans le monde politique, il est même, à la fin de sa vie candidat malheureux à l’élection présidentielle. La postérité n’a pas retenu son nom mais cet oubli a été réparé par Paul Baquiast et Bertrand Sabot qui ont rédigé sa première biographie intitulée Emmanuel Arago, ou le roman de la République, publiée en 2021, aux éditions du Félin.
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Emmanuel Arago, maçon sans tablier
- Neveu de maçon
Étienne Arago va exercer une grande influence sur son neveu Emmanuel. De seulement 10 ans son aîné, il fait pour lui un peu figure de grand frère. Étienne Arago a quitté son Roussillon natal pour être recueilli à Paris par son frère François. C’est alors qu’il entre en contact avec le milieu de l’opposition républicaine, sous la Restauration. Étienne a été initié dans la Loge Les Amis de la Vérité, affiliée au Grand Orient de France. Elle constitue la base logistique à partir de laquelle la Charbonnerie française se répand comme une trainée de poudre, entre 1821 et 1823, comptant jusqu’à 60 000 membres. La Charbonnerie se politise sous l’influence italienne et devient une société secrète républicaine multipliant les tentatives de complots. En 1826, Étienne Arago crée Le Figaro, journal voué à un rôle immense dans l’histoire de la presse et à une très longue postérité. Les Trois Glorieuses de 1830 le voient au premier plan des actions révolutionnaires mais également en février 1848 et en septembre 1870. Il meurt, en 1892, à l’âge de 90 ans.
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Le frère élu de George Sand
C’est chez Balzac qu’Arago fait la rencontre de George Sand. Il a 20 ans et elle 8 de plus. Dès le début, leur relation, qui va durer plus de 45 ans, est fortement marquée de valeurs et de sentiments maçonniques. Sans que les deux protagonistes, qui sont sans tablier, en soient eux-mêmes conscients. Si Arago a sans doute été quelque peu, en vain, amoureux de George Sand, c’est rapidement une relation non pas amoureuse mais fraternelle, et délibérément choisie comme telle, qui s’établit entre eux deux, dès 1835.
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Le Républicain de combat
Ce tempérament de « maçon sans tablier », Emmanuel Arago trouve à l’investir dans l’engagement de toute sa vie, celui de l’avènement et l’édification de la République. Emmanuel prête le serment d’avocat le 18 novembre 1836 et il s’impose rapidement comme un grand avocat républicain. C’est le procès Barbès devant la chambre des pairs qui, en 1839, consacre sa renommée ; il a alors 27 ans. Emmanuel ne parvient pas à éviter la condamnation à mort de Barbès mais ce dernier est gracié. La peine de mort pour raison politique sera abolie par le Gouvernement provisoire de la République, le 27 février 1848. Emmanuel Arago n’est pas encore maçon, mais il partage l’idéal d’une République émancipatrice, pacifique et fraternelle. Athée, anticlérical, républicain, généreux, fraternel, Emmanuel Arago a tout du franc-maçon mais il ne l’est pas avant le 10 avril 1870, date de son initiation, à 58 ans, dans la loge Le Réveil maçonnique (future GLDF).
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Emmanuel Arago, franc-maçon ardent et de premier rang
Absorbé par la vie politique intense (au gouvernement et en tant que parlementaire), Emmanuel Arago est un maçon peu actif et assidu, jusqu’à fin 1873. En février 1871, réélu député républicain des Pyrénées-Orientales, il préfère le parlement dans l’opposition au gouvernement. À partir de 1874, son engagement et parcours maçonnique devient fulgurant : compagnon et maître, le 6 février 1874, il franchit tous les grades du REAA, en moins d’un an (du 1er au 33e degré) pour atteindre le 31e le 10 juillet et le 33e le 30 décembre 1874, avec comme jumeau maçonnique, Jules Simon. Devenu sénateur des Pyrénées-Orientales en 1876, le 16 mai 1877, quelques heures après la fameuse « crise du 16 mai », Arago prononce en loge un discours offensif face au péril clérical et en appelle à l’union de tous les rites maçonniques. En avril 1878, sa loge-mère est « en sommeil », Arago participe avec sa nouvelle loge Le Mont Sinaï au centenaire de l’initiation de Voltaire et à la fête maçonnique pour l’Exposition Universelle de Paris, en octobre 1878. Nommé ambassadeur de France en France, durant 14 ans (1880-1894), échouant à la présidence de la République, en mai 1894, il meurt à Paris, en novembre 1896, à l’âge de 84 ans.
© Les Clionautes (Jean-François Bérel pour la Cliothèque)