La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) est désormais présentée par le service de presse de l’association Les Clionautes, dans le cadre de la rubrique La Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF.

L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an (Hiver-Printemps et Été-Automne) expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Études et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’Obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.  

Ce numéro des « Chroniques d’Histoire Maçonnique » n° 88 (Automne-Hiver 2021) : Daniel Ligou : historien de la franc-maçonnerie, est composé de l’habituel avant-propos du Comité de rédaction, d’un dossier comportant 4 articles et d’un varia composé de 2 autres contributions. Cette parution ne comporte donc pas les rubriques habituelles : Sources et Documents. Cependant, avec ce numéro 88 (dernier numéro de l’année 2021), les CHM renouent ici avec la publication des rubriques Dossier et Varia. Le premier article est rédigé par Claude Mazauric : Daniel Ligou : mémoire présente et histoire de la Révolution.

Après cet article, le deuxième des CHM est consacré à Lire et relire les Constitutions d’Anderson, en amont et en aval de la traduction de Daniel Ligou par Cécile Révauger, le troisième à Daniel Ligou : du Dictionnaire à l’histoire de la franc-maçonnerie au XIXe siècle par André Combes et, enfin, le quatrième (et dernier) à La pérennité d’une œuvre majeure et collective : la réédition du Dictionnaire de la franc-maçonnerie sous la direction de Daniel Ligou, 2006 par Dominique Morillon. Le numéro s’achève par la rubrique Varia, avec deux titres Gérard Morpain et la Grande Loge de la Fraternité Universelle (GLFU) par Michel Lécureur et Franc-maçonnerie et sociétés savantes au XIXe siècle : l’exemple havrais de la Société Havraise d’Études Diverses (SHED) par Jean-François Masse.

DOSSIER : Daniel Ligou : historien de la franc-maçonnerie

Le Dictionnaire de la franc-maçonnerie de Daniel Ligou est l’ouvrage le plus connu de cet historien qui fut, durant plus de vingt ans, le seul vrai instrument de travail accessible permettant au chercheur d’approcher de façon globale et sans préjugés « le fait maçonnique ». En lui consacrant un dossier, le comité éditorial des CHM tenait à lui rendre hommage, à l’occasion du Centenaire de sa naissance le 22 avril 1921, deux cents ans après les Constitutions d’Anderson. Avec une contribution sur les apports du dictionnaire de Dominique Morillon qui a coordonné la dernière réédition (datant de 2006), quatre thèmes ont été retenus : Daniel Ligou apporta une contribution importante aux études révolutionnaires, grâce non seulement à la déconstruction de la théorie du complot perpétré par les francs-maçons mais aussi à ses travaux sur la sociabilité politique.

Pour cette raison, une première contribution souligne la richesse (souvent méconnue) de l’apport de Daniel Ligou aux études révolutionnaires (Claude Mazauric). Néanmoins, ce sont les apports à l’histoire de la franc-maçonnerie sous la IIIe République qui a construit la notoriété de Daniel Ligou (André Combes) et ceux à propos de l’édition critique des Constitutions d’Anderson (Cécile Révauger). En lisant ces contributions, on voit émerger un autre thème qui doit beaucoup aux études de Daniel Ligou : c’est l’histoire du protestantisme.

Outre le dossier sur Daniel Ligou, ce numéro des CHM comprend aussi deux autres contributions qui permettent d’apprécier la place de la sociabilité maçonnique au Havre entre la monarchie de Juillet (Jean-François Masse) et sous l’Occupation au sein de la Résistance havraise (Michel Lécureur).

* Daniel Ligou : mémoire présente et histoire de la Révolution (Claude Mazauric) : p. 7-22

Le premier article, rédigé par Claude Mazauric, est consacré à une longue biographie de Daniel Ligou (1921-2013) ainsi qu’à ses écrits sur la Révolution française. Daniel Ligou et son frère jumeau, Robert Ligou (1921-1983), sont nés à Ploemeur en Morbihan, le 22 avril 1921, où leur père (comme leur mère) originaires du Bas-Quercy, résidaient provisoirement : le père, officier supérieur dans la Marine nationale, y exerçait les fonctions militaires au service de l’État auxquelles il était destiné en raison de ses études maritimes supérieures ; mais, dès sa retraite en 1935, la famille retourna dans le Midi. À Montauban, la famille Ligou se signalait par une triple caractéristique : l’appartenance à la religion protestante, un patriotisme républicain (à gauche) ainsi qu’un soutien zélé aux formes sportives et culturelles de l’éducation populaire. Daniel Ligou y ajouta plus tard une contribution considérable au rayonnement et à la connaissance de l’histoire de la franc-maçonnerie à laquelle il fut initié, dès la Libération, en intégrant le Grand Orient de France.

Le parcours scolaire et universitaire de Daniel Ligou se révèle assez caractéristique des milieux urbains aisés de la bourgeoisie de service en province : études solides au Lycée de Montauban puis, poursuivies en histoire, d’abord à Montpellier puis à la Faculté des Lettres de Toulouse. Agrégé en 1947 (à 26 ans), il est nommé professeur de lycée, à Cahors d’abord, puis à Montauban, en 1948. En 1950, il entreprend la préparation d’une thèse de Doctorat d’État sur « Montauban à la fin de l’Ancien Régime et pendant la Révolution », sous la direction du grand historien moderniste Jacques Godechot. Suivront un temps de détachement au CNRS pour achever ses recherches historiques, l’exercice d’une charge d’enseignement à la Faculté, un travail considérable et assidu jusqu’à la soutenance de ladite thèse, en juin 1956.

Entretemps, avec son frère jumeau Robert, Daniel Ligou est un militant SFIO (très actif) dans le Tarn-et-Garonne ainsi que dans le mouvement syndical enseignant (CGT puis CGT-FO). La publication de sa thèse (de 1900 pages réduites à 711) sous le titre Montauban à la fin de l’Ancien Régime et aux débuts de la Révolution (1787-1794), en 1958, contribua à la notoriété du jeune docteur ès lettres comme historien du 18e siècle et de la Révolution. En 1958, il accepte d’occuper le poste vacant d’histoire moderne et contemporaine de la Faculté des lettres d’Alger, en pleine guerre d’Algérie. Menacé par l’OAS et en plein divorce, il est rapatrié et occupe le poste de professeur, à Dijon, lors de la rentrée universitaire de 1962, jusqu’à sa retraite, en 1989. En 1967, il se remarie et devient père de deux fillettes asiatiques adoptées.

Prendre connaissance de l’œuvre historienne achevée de Daniel Ligou, consiste en premier lieu à en saisir la diversité en même temps que l’étendue. Cette œuvre est considérable mais surtout profuse et paraissant dans sa diversité, comme assise sur un tripode. Chronologiquement vient le premier pied : l’histoire de la Révolution centrée sur la monographie consacrée à Montauban et au pays environnant, elle dit l’ancrage méthodologique et intellectuel qui prépare la construction de ce qui viendra après. Vient ensuite le deuxième pied, avec les travaux sur le « protestantisme français » (notamment méridional) où se rejoignent la passion intellectuelle et la flamme identitaire. Avec le troisième et dernier pied, s’engage presque simultanément (et plus intensément par la suite) le formidable travail d’enquête et d’interprétation touchant à l’histoire de la Franc-maçonnerie de l’époque moderne et contemporaine.

* Lire et relire les Constitutions d’Anderson, en amont et en aval de la traduction de Daniel Ligou (Cécile Révauger) : p. 23-37

Le deuxième article, écrit par Cécile Révauger, a pour sujet l’édition bilingue et la traduction des Constitutions d’Anderson par Daniel Ligou, publiée en 1978. Ce dernier choisit l’édition de 1723, qu’il considère comme significative dans l’histoire de la franc-maçonnerie moderne, et non celle de 1738. Son principal souci n’est pas de retraduire mais de faire connaître aux chercheurs français, francs-maçons ou non, le texte d’Anderson. Sa démarche est avant tout celle de l’historien, soucieux de situer les Constitutions dans leur contexte historique, à la fois philosophique et politique.

Daniel Ligou décrit précisément la composition de l’ensemble que l’on nomme Constitutions, et qui est composé de quatre parties : l’historique de la franc-maçonnerie (48 p.), les obligations (charges) du franc -maçon (7 p.), les règlements généraux (general regulations, 12 p.) et quatre chants maçonniques (9 p.). Enfin, suit l’ordre du duc de Wharton de publier l’ouvrage et de le recommander à l’usage des loges. L’édition annotée et la traduction de Daniel Ligou demeurent des outils précieux à la fois pour les chercheurs et pour les francs-maçons, toutes obédiences confondues.

Il a veillé à privilégier l’esprit par rapport à la lettre, sans dénaturer le texte d’origine, ce qui en matière de traduction est une nécessité. Or, maintenir constamment l’équilibre entre le contexte de l’époque et l’accessibilité du texte au lecteur d’aujourd’hui relève souvent de la gageure. Daniel Ligou savait bien que les Constitutions représentaient une étape majeure dans la construction de la franc-maçonnerie, la mise en œuvre des idées des Lumières dans les premières loges.

* Daniel Ligou : du Dictionnaire à l’histoire de la franc-maçonnerie au XIXe siècle (André Combes) : p. 39-54

Le troisième article, écrit par André Combes, reprend (de manière synthétique) les œuvres majeures de Daniel Ligou (au nombre de 4) concernant la Franc-Maçonnerie : le Dictionnaire Universel de la Franc-Maçonnerie (de 1974), l’Histoire du socialisme en France (1871-1961), Frédéric Desmons et la Franc-maçonnerie sous la IIIe République et l’Histoire des francs-maçons en France (de 1725 à nos jours).

Daniel Ligou, ayant acquis une connaissance approfondie de la Maçonnerie, de son histoire, de ses rites et de sa diversité à travers le monde disposait en tant qu’universitaire et en tant que dignitaire maçon d’un réseau relationnel suffisant pour réaliser la mise au point en 1974 d’un Dictionnaire Universel de la Franc-Maçonnerie, la première somme ayant pour ambition d’aller de ses origines, mythiques ou non, aux XIXe et XXe siècle, mais surtout axée sur le premier siècle de l’Art Royal où se sont édifiés ses textes fondateurs, et solidifiés ses mythes, ses rites, son symbolisme, son ésotérisme. Les signataires d’articles, au nombre d’environ une centaine, étaient les chercheurs les plus compétents dans leurs domaines. La majorité des entrées ne sont pas signées dont celles de la plume de Daniel Ligou.

Daniel Ligou a été aussi l’auteur, en 1962, de L’Histoire du socialisme en France (1871-1961). Il s’agit, en fait, d’un grand classique de l’époque sur le sujet précédant d’un an la publication d’un autre classique : Le mouvement socialiste en France sous la Troisième République, par Georges Lefranc. Tous deux avaient connu ce mouvement politique de l’intérieur, Georges Lefranc l’étudiant jusqu’en 1940, alors que Daniel Ligou pousse son analyse jusqu’en 1961 soulignant ainsi qu’il en a connu les péripéties sous la Quatrième et les débuts de la Cinquième République, que ce soit au sein de la SFIO ou du Pari Socialiste Autonome, avant de migrer vers les radicaux de gauche.

À côté de cette synthèse sur le socialisme, Daniel Ligou a rédigé deux importantes biographies, dont Frédéric Desmons et la Franc-maçonnerie sous la IIIe République, en 1966. Cette biographie reste son œuvre maîtresse. Il ne s’agit pas seulement de relater l’activité d’un homme au sein de l’Institution maçonnique mais, du fait de son omniprésence, d’englober toute l’histoire du GODF sous la Troisième République, de 1870 à 1910, soit quarante ans de militantisme au plus haut niveau.

Frédéric Desmons préside, en effet, à dix reprises le Conseil de l’Ordre, est élu à deux reprises à sa vice-présidence et il est, vingt-neuf années durant, membre de ce Conseil. Un total qui aurait été majoré s’il n’avait pas été contraint par le règlement général de l’Obédience d’attendre un an avant de pouvoir se représenter pour un nouveau mandat de trois ans au sein du dit Conseil. La vie maçonnique de Desmons interfère avec son activité politique municipale, cantonale, départementale et nationale : il est élu Conseiller général en 1877, député du Gard de 1881 à 1893, sénateur de 1894 à 1910.

Parmi les principaux textes de Daniel Ligou, existe aussi une Histoire des Francs-Maçons en France de 1725 à nos jours qu’il a dirigée et publiée en un volume, en 1981, puis réédité en deux volumes aux éditions Privat à Toulouse. Son objectif est de fournir aux profanes et aux maçons, et plus particulièrement à un lectorat cultivé un panorama de l’évolution de la Maçonnerie française au cours de ses trois siècles.

* La pérennité d’une œuvre majeure et collective : la réédition du Dictionnaire de la franc-maçonnerie sous la direction de Daniel Ligou, 2006[1] (Dominique Morillon) : p. 55-62

Le quatrième article, rédigé par Dominique Morillon, explique comment ce dernier a procédé pour faire la mise à jour de la 6e édition (celle de 2006) et assurer ainsi la pérennité du Dictionnaire de la franc-maçonnerie, aux éditions PUF. Pour ce monumental dictionnaire de 1360 pages, les collaborateurs, de tous horizons, ont été sollicités pour sensibiliser à la philosophie de la vie de différentes obédiences, sous la direction de Daniel Ligou, passant ainsi de 109 (en 1974) à 156 (en 2006).

Avant même la mort de Charles Porset (en 2011, auteur de la mise à jour de 2004) et celle de Daniel Ligou (en 2013), Dominique Morillon, sous les conseils de ce dernier, a effectué son travail de mise à jour de 2006 autour de 3 axes : le rajout de quelques périodiques maçonniques français et étrangers majeurs au corps de l’ouvrage (comme par exemple Renaissance Traditionnelle) ainsi que de combler les lacunes et corriger les erreurs dues aux rajouts d’actualisation d’intervenants différents, en particulier, dans le domaine international (comme, par exemple, les entrées « Norvège », « Pays-Bas », « Belgique », « Espagne », « Italie ») mais aussi dans les domaines de la franc-maçonnerie masculine, féminine ou mixte, voire de l’antimaçonnisme sans oublier les nouveautés telles que « Islam ».

VARIA :

* Gérard Morpain et la Grande Loge de la Fraternité Universelle (Michel Lécureur) : p. 63-67

Ce cinquième article, traité par Michel Lécureur, est consacré au résistant havrais Gérard Morpain et membre de l’obédience de la Grande Loge de la Fraternité Universelle (GLFU). Né en 1897, à Bordeaux, et ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il supporta difficilement l’arrivée des troupes allemandes, jusque dans le lycée où il enseignait, et organisa, dès septembre 1940, l’un des premiers réseaux français de résistance, dit « Groupe de Résistance générale ». Très vite, le réseau Morpain regroupa une centaine de membres issus de milieux socio-professionnels et politiques divers, qui furent répartis en une vingtaine de sous-groupes chargés de récolter des informations sur l’occupant pour les transmettre à Londres, d’organiser des caches d’armes et de sauver les aviateurs alliés tombés dans la région.

Aux côtés de Gérard Morpain, les résistants du port du Havre jouèrent un rôle important en lui apportant des renseignements de premier ordre sur le dispositif militaire allemand. Dès janvier 1941, le Groupe Morpain fournit des renseignements à Londres, mais il fut démantelé l’été suivant et connut de lourdes pertes. Un tiers de ses membres fut arrêté, quatorze jugés, six déportés et quatre condamnés à mort, dont Gérard Morpain, fusillés le 7 avril 1942, au Mont Valérien.

En Maçonnerie, la figure de Gérard Morpain est importante car elle représente celle de ces nombreux francs-maçons résistants qui laissèrent leur vie pour défendre la liberté, mais elle l’est aussi car, parce que Gérard Morpain appartenait à la loge parisienne Émile Zola de la Grande Loge de la Fraternité Universelle (GLFU). Cette Obédience peu connue, a été créée en 1932, à Paris, par le frère et journaliste Robert Bernard. Les Frères de la GLFU voulaient pouvoir initier des femmes et ne plus se contenter des loges d’adoption que la GLDF tendait à développer alors, pour répondre aux aspirations féministes de quelques frères. La GLFU fut très active sur les questions d’actualité en dénonçant le nazisme ainsi qu’en étant pour les Républicains espagnols et la paix en Europe, etc…

Lors de son Convent de 1937, en octobre, Robert Bernard fut élu Grand Maître pour sept ans. L’année suivante, le Convent d’octobre 1938 ne put se tenir à cause des Accords de Munich car l’Europe essayait de sauver la paix en négociant avec Hitler. Envahie par le IIIe Reich, au printemps 1940, la France fut dotée d’un gouvernement collaborationniste qui s’en prit particulièrement aux sociétés dites secrètes. Les biens de la GLFU, quant à eux, furent mis sous séquestre par décision publiée dans le Journal officiel du 7 mai 1942.

* Franc-maçonnerie et sociétés savantes au XIXe siècle : l’exemple havrais de la Société Havraise d’Études Diverses (SHED) (Jean-François Masse) : p. 68-77

La SHED (Société Havraise d’Études Diverses) fut fondée sous l’impulsion de quatre francs-maçons havrais dont deux des fondateurs étaient membres de L’Aménité et deux autres de L’Olivier Ecossais. Ces derniers se réunissent, le 18 septembre 1833, dans le but d’élaborer le règlement d’une académie et vont à la recherche de 12 membres parmi les hommes aux goûts studieux et aux mérites littéraire, scientifique, artistique. Deux mois plus tard, le 18 novembre 1833, les statuts de la SHED sont approuvés et la liste (des 16 membres fondateurs) est établie.

Par décret impérial, la société savante sera reconnue « établissement d’utilité publique », le 30 décembre 1865. Les sujets religieux et politiques sont exclus. Les 4 fondateurs franc-maçons proposent les postes de président et de vice-président à deux importantes personnalités de la ville, profanes. Cependant, la filiation entre celle-ci et la franc-maçonnerie locale est très forte. La présence des deux loges havraises (L’Aménité et L’Olivier Ecossais) se retrouve avec la nomination de frères, au niveau du secrétariat, de la trésorerie et du bureau de la SHED.

Durant un demi-siècle (1833-1883), les francs-maçons havrais marquèrent aussi fortement la vie de cette société. En effet, durant 50 ans, 15 à 20 % des membres de la SHED sont des frères de loges havraises. De plus, les règlements et statuts de la SHED sont intégralement empruntés aux méthodes et fonctionnement des loges maçonniques. C’est le cas pour l’admission des postulants (par vote secret avec des boules blanches et noires), pour la cotisation annuelle (on prévoit l’éviction en cas d’absence non motivée), pour les pratiques lors des assemblées générales (rapport moral par le secrétaire et financier par le trésorier), pour les élections aux différents postes du bureau, pour la présidence (d’une durée de trois ans sauf exception), pour la tenue des réunions (bimensuelles programmées avec convocation et ordre du jour), pour la présentation par l’un des sociétaires d’une étude ouvrant à discussion (compte-rendu par le secrétaire).

Par leur présence, les maçons vont aussi fortement influencer les sujets des travaux de la SHED. Les travaux, communications et sujets étudiés dans chaque séance sont certes divers et variés, mais le sujet le plus important concerne l’enseignement, sous l’angle de la pédagogie, de l’instruction publique et de l’enfance. Dans le milieu du XIXe siècle, ces sujets seront une préoccupation majeure à la fois pour les maçons et pour la SHED.

© Les Clionautes (Jean-François Bérel pour la Cliothèque)

[1] 6e éd. revue, corrigée et augmentée par Charles Porset et Dominique Morillon. Paris, PUF (2e éd. de la collection « Quadrige Dicos Poche »), 2006.- VIII-1357 p.) : couv. ill. en coul. ; 20 cm.