Patrice Perna et Fabien Bedouel : un duo de choc

Né le 14 février 1966 en banlieue parisienne, Patrice Perna est scénariste de bande dessinées et journaliste. Après des études littéraires et un BTS de publicité, il s’oriente finalement vers le dessin en autodidacte et commence sa carrière d’illustrateur dans une agence de publicité (Twin Cam). C’est là qu’il fait la rencontre de Christian Debarre (Bar2) et de Fane. À ses côtés il crée Skud, une série d’anticipation publiée aux éditions Vents d’Ouest. En parallèle, il découvre le monde du journalisme et quitte celui du dessin pour s’y consacrer exclusivement. Il devient alors reporter au magazine Auto Verte (Éditions Larivière) pour lequel il couvre notamment la rubrique « sport aventure ». Sans jamais vraiment abandonner sa passion pour la BD, il réalise de nombreux reportages sur le Paris-Dakar, se liant d’amitiés avec Jean-Pierre Fontenay (vainqueur du Dakar en 1998) avec qui il coécrit la série Calagan dessinée par Fane. Devenu Rédacteur en chef de Tout terrain Magazine (Motorpresse France) il crée avec Henri Jenfèvre la série Tuning Maniacs. Il quitte le journalisme pour se consacrer uniquement à la bande dessinée en 2010 suite au succès du Joe Bar Team tome 7 pour lequel il a réalisé le scénario. Depuis, il multiplie les collaborations avec différents auteurs dont son acolyte Fabien Bedouel avec qui il se lance dans la bande dessinée réaliste, abordant des thèmes plus historiques qu’il intègre dans des fictions (Kersten médecin d’Himmler, Forçats, Darnand le bourreau Français). En 2018, il renoue avec sa passion du journalisme en réalisant un reportage au Sénégal pour la revue XXI sur le massacre de tirailleurs sénégalais en 1944, à Thiaroye. Son article donnera naissance à un album publié aux éditions Les Arènes et dessiné par Nicolas Otero : Morts par la France. En 2019, Patrice Perna prépare Valhalla Hotel avec Fabien Bedouel et La Part de l’ombre avec Francisco Ruizgé.

Fabien Bedouel est un dessinateur au style très affirmé et puissant qui a été révélé au grand public avec quatre albums publiés chez Glénat, L’Or et le Sang réalisé avec Merwan Chabane, Maurin Defrance et Fabien Nury, en août 2009. Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD) en 2003, option animation, Fabien Bedouel débute dans la vie active comme story-boarder dans la publicité et la télévision. En outre, il réalise plusieurs films d’animation dont cette première évocation de 1916 réalisée aux Arts Décoratifs et primée dans de nombreux festivals comme Annecy, Hiroshima, Téhéran, Tokyo ou Valence…, ou encore Howitzer, un film promo pour l’agence Great Society. Il collabore au film d’animation Clichés de soirée de Merwan Chabane visible sur le site d’Arte : www.arte.tv. Ensemble, ils mettent en images la nouvelle série d’aventures qui démarre au cours de la Première Guerre mondiale et va s’élancer à la conquête de l’Afrique du Nord, à savoir L’Or et le Sang. Parallèlement, il se lance seul sur un diptyque écrit sur mesure par Laurent-Frédéric Bollée, un thriller encore durant la Grande Guerre, aux Éditions 12 bis, Un Long Destin de sang, en avril 2010.

Darnand « Le bourreau français » (tome 3 / 3)

Le tome 1 de la trilogie Darnand « Le bourreau français » a été l’objet d’une recension de Bruno Modica, le 26 janvier 2018, pour le compte de l’association « Les Clionautes ». « Sous-officier d’élite, d’une bravoure hors pair, le sous-officier Darnand a été, en tout point, un serviteur modèle et un de nos artisans de notre victoire finale. C’est un beau brave » : Voici la phrase qui accompagne la croix de la légion d’honneur qui sera remise à Joseph Darnand, en avril 1927, pour ses faits de bravoure pendant la première guerre mondiale. Reims, 1918, l’attaque la plus brutale de l’armée allemande dans les prochains jours est annoncée. L’état-major allié confie une mission suicide à un groupe de volontaires français : aller chercher des informations derrière les lignes ennemies, dans l’espoir de sauver les régiments présents dans les tranchées visées. Un jeune sergent prend la tête du commando, mène sa mission haut la main et se met en danger pour sauver l’un de ses soldats. C’est Joseph Darnand et 23 ans plus tard, à partir de 1941, à Vichy, il devient le plus zélé des collaborateurs.

Avec le tome 2 de la trilogie Darnand « Le bourreau français », l’action commence en 1943. Ange Servaz est recruté par la Résistance française qui connaît ses liens historiques avec Joseph Darnand. Il se voit confier une mission délicate : infiltrer la milice française pour approcher Darnand et le persuader de la quitter pour rejoindre les troupes alliées. Comme le prévoyait la Résistance, Servaz a été repéré et arrêté par la Milice. Tout se déroule comme prévu, alors qu’il y subit des interrogatoires « musclés », Servaz ne tarde pas à avoir la visite de Darnand. Les retrouvailles et la force des événements vécus ne suffisent à « retourner » Darnand : il est homme de principe qui suit des valeurs qui lui sont propres. Par conséquent, Servaz est chargé d’éliminer le chef des miliciens. Joseph Darnand comprend qu’Ange Servaz ne le suit pas dans sa collaboration avec les allemands. Leur fraternité n’est plus qu’un souvenir et Servaz devient une menace pour le bourreau français qui poursuit son inexorable plongée vers la barbarie avec une constance glaçante. Tandis que les alliés débarquent sur les plages de Normandie, l’Allemagne en déroute entraîne dans son sillage les collaborateurs les plus zélés du régime de Vichy et Darnand choisi la fuite.

Dans le tome 3 et dernier de la trilogie Darnand « Le bourreau français », l’action commence en mars 1944, au plateau des Glières, avec l’assaut contre le maquis des Glières par les forces de la Milice de Darnand et celles de la Wehrmacht du général Pflaum (p. 3-7). Elle se poursuit en octobre 1945 avec l’arrivée d’un certain monsieur Paul au couvent du Père Bruckberger (probablement, celui de Saint-Maximin, dans le Var) pour voir Ange Servaz, en convalescence (p. 8-19). Retour en arrière, en mars 1945, où Darnand rejoint le village de Tirano, en Italie du Nord (vallée de la Valteline) avec ce qu’il reste de ses troupes afin de combattre les partisans italiens jusqu’à la mort de Mussolini, le 28 avril 1945 où Darnand se rend aux partisans avec les derniers miliciens (p. 20-27). Servaz et le Père Bruckberger se rendent à Paris, le premier pour obtenir la grâce de Darnand auprès de de Gaulle et le second pour avoir une entrevue avec Joseph Darnand à la prison de Fresnes. L’occasion d’un ultime face à face avec Servaz avant d’être jugé, condamné et exécuté par des soldats de la France Libre (p. 27-38). Nouveau retour en arrière, en août 1944, pendant la Libération de Paris par les F.F.I., où Marcel Gombert (l’homme-lige de Darnand) et Pierrot se font passer pour des résistants qui assassinent un couple de bistrotier travaillant pour Monsieur Paul (p. 38-42). Ange Servaz retrouve Gombert et le rosse tout en protégeant Pierrot (p. 42-49). Le 10 octobre 1945, à la prison de Fresnes, Joseph Darnand est emmené au peloton d’exécution (p. 50-51). Ultime rencontre entre Monsieur Paul et Ange Servaz (p. 52-53). Accompagné du Père Bruckberger, Joseph Darnand est exécuté en criant « Vive la France » (p. 54-55), au fort de Châtillon. Ultime planche où l’on retrouve Ange Servaz et Pierrot en train de chasser dans des montagnes, quelque part, en France (p. 56). Le tome 3 s’achève avec le fac-similé des Unes du quotidien français « Ce Soir » des 2, 3, 4 et 5 octobre 1945 retraçant l’arrestation par les Anglais et l’interrogatoire de Joseph Darnand par le « capitaine X » qui le mènera au « trésor de guerre » de la Milice.

Darnand « Le bourreau français » : une BD au héros historique négatif

Concernant la bibliographie, le scénariste Patrice Perna conseille au lecteur trois ouvrages (p. 2) : Histoire de la milice, 1918-1945. Jacques Delperrier de Bayac. Fayard (1994) ; Histoire de la milice. Pierre Giolitto. Perrin (2002), collection « Tempus » ; Un monstre à la française. Éric Brunet. J-C Lattès (2015), soit deux ouvrages sur l’histoire de la Milice et une biographie (récente) sur Joseph Darnand. Sans toutefois préciser les pages des livres de référence, Patrice Perna cite de nouveau en bas de planche la biographie d’Éric Brunet (p. 23) et l’ouvrage de Pierre Giolitto (p. 26). L’auteur du scénario rajoute (p. 35) la monographie de Dominique Veillon, La collaboration, Le Livre de poche (1984). La reproduction des articles concernant Joseph Darnand du quotidien « Ce Soir » d’octobre 1945 permettent de recouper et de compléter le scénario et les dialogues de Patrice Perna. Jusque-là, ce dernier mêlait subtilement la fiction et la vérité historique. Dès lors, pourquoi Marcel Gombert se retrouve à la Libération de Paris, en août 1944, alors qu’il fuit en Allemagne et est nommé chef de l’Organisation technique (opérations de sabotage) ? De plus, il passe en Italie du nord pour lutter contre les partisans, il est capturé et ramené en France où il sera fusillé en avril 1947. En fait, historiquement parlant, Marcel Gombert a accompagné jusqu’au bout Joseph Darnand. Pour des besoins scénaristiques, était-il besoin de tordre la vérité historique ? C’est l’éternel dilemme des créateurs face à l’Histoire !!!

 

Présentation de l’éditeur. « Joseph Darnand est une figure majeure de la collaboration française. Personnage de bande dessinée, son parcours est absolument captivant. Suite et fin.

Darnand comprend qu’Ange ne le suit pas dans sa collaboration avec les allemands. Leur fraternité n’est plus qu’un souvenir et Ange devient une menace pour le bourreau français qui poursuit son inexorable plongée vers la barbarie avec une constance glaçante. Tandis que les alliés débarquent sur les plages de Normandie, l’Allemagne en déroute entraîne dans son sillage les collaborateurs les plus zélés du régime de Vichy. Darnand choisi la fuite. Il rejoint l’Italie avec ce qu’il reste de ses troupes. Très vite, il sera capturé par les anglais. L’occasion d’un ultime face à face avec Ange avant d’être jugé., condamné et exécuté par des soldats de la France Libre. Qu’est-ce qui a pu pousser cet homme, si peu ordinaire et pourtant tristement humain, à basculer dans l’abject aux côtés des nazis ? ».