Directeur des études et des recherches à la fondation Charles de Gaulle, Philippe Oulmont est un habitué de longue date du site des Clionautes. Il nous a fait parvenir récemment deux ouvrages très différents quand à leur public. Un ouvrage consacré au Général de Larminat, un fidèle du général de gaulle dont il sera prochainement rendu compte et ce petit livre de qui permet, au fil de ses rubriques de se faire une idée très précise de la trajectoire et de la pensée politique du général de Gaulle.

On aurait pu craindre à la lecture de cet ouvrage que l’auteur se serait livré à la facilité de l’hagiographie et c’est loin d’être le cas. Écrit en langage simple et précis, Philippe Oulmont traite sans fard les ombres et le lumières de la pensée gaullienne. Cet ouvrage est à lire au fil des moments et peut figurer dans un porte revues. Il suffit de le feuilleter pour trouver l’anecdote intéressante voire amusante, à propos par exemple de la simplicité du Général ou celles que l’on trouve à propos de son orgueil.
Philippe Oulmont est un historien avant tout et ses recherches ou son intérêt pour le gaullisme ne semblent pas avoir de rapport avec l’exploitation d’un fond de commerce prestigieux. D’ailleurs, lorsqu’il conclut la dernière notice titrée : « il faudrait un nouveau de Gaulle ! », il se garde bien de décerner des brevets de gaullisme mais au contraire il revient sur les limites de cette pensée gaullienne à l’aune des évolutions présentes.
C’est donc à ce titre que la trajectoire de ces idées reçues, l’auteur en présente vingt, présente un grand intérêt. Il revient sur des éléments connus au vu de l’abondante bibliographie que le personnage a suscitée mais c’est surtout la facilité de lecture et encore une fois la clarté du style qui rend cet ouvrage utile.

Utile d’abord à un professeur d’histoire dans tous les ordre d’enseignement, du collège à l’université. Souvent dans le supérieur des cours sur des points très précis privent les étudiants d’une vision globale sur la période historique s’ils étudient. Cet ouvrage est donc incontournable pour traiter de la France de la IVe et de la Ve République vu le poids le personnage dans la période.

On insistera aussi sur la variété des sources utilisées par l’auteur et, encore une fois, sur la dimension critique s’il introduit. Dans la notice « nul n’a parlé comme lui le langage de l’État », citation de François Mitterrand en 1971, il revient à la fois sur la vision gaullienne d’un État impartial et en même temps sur les limites de cette pensée à propos du contrôle des medias. Il est vrai que dans ce domaine les évolutions récentes à propos de la nomination des responsables de l’audiovisuel public en direct par le Président, risquent de faire passer de Gaulle pour un laxiste.
Dans ce petit nombre de pages, il est difficile de tout traiter, mais l’actualité récente aurait peut-être pu permettre de développer davantage cette idée reçue « de Gaulle détestait les anglo saxons » à propos de l’anti-américanisme ou alors d’en traiter une autre « de Gaulle détestait les américains. »
On est par contre plus étonné, en cette année 2008 de commémoration des évènements de Mai 68 de ne pas trouver une autre idée reçue spécifique quand aux faits de cette période. « De Gaulle a voulu tout laisser tomber en 1968 ». Il est vrai que les témoignages sur cette période diffèrent et sont contradictoires. Entre ceux d’un Massu qui s’est sans doute persuadé lui-même qu’il a sauvé le régime et ceux qui voyaient les chars encercler Paris avant d’écraser la révolte, il y a sans doute des nuances qui demanderaient plus que ce petit livre pour être explicités.
On le voit, ce petit ouvrage très riche d’informations peut largement servir aussi à des élèves de lycée et on ne saurait que le conseiller très vivement à des étudiants de première année d’histoire et de sciences politiques. On serait aussi tenté de le recommander à quelques élus de la République, mais on ne me fera pas dire auxquels d’entre eux précisément !

http://www.lecavalierbleu.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=205

Bruno Modica