Présentation de l’éditeur : l’un des plus grands hommes d’état français.
Baigné de ferveur politique, d’histoire, de philosophie et d’écrits militaires, le jeune Charles de Gaulle embrasse assez naturellement une carrière dans l’armée. Officier pendant la Première Guerre mondiale, il fera preuve d’un courage exemplaire, sera laissé pour mort et capturé par les Allemands. Mais c’est dans l’entre-Deux-Guerres qu’il se construira plus encore, voyant avant les autres les périls qui pointent, et les solutions nécessaires. Il admirera, travaillera, puis s’opposera à celui qui deviendra finalement son plus farouche adversaire : Philippe Pétain.
La collection « Ils ont fait l’Histoire » consacre une série à l’une des figures majeures de la Seconde Guerre mondiale et l’un des plus grands hommes d’état français. Ce premier volume, consacré à la jeunesse de Charles, parcourt la période de sa jeunesse au début de la Seconde Guerre mondiale.
S’il est bien un homme qu’on attendait dans cette belle collection, « Ils ont fait l’histoire » des éditions Glénat / Fayard, c’est le Général. Choisir de concevoir trois volumes sur une vie si riche et mouvementée s’avère un réel pari éditorial.
Ce premier tome s’arrête le 16 juin 1939, au moment de l’échec d’une union franco-britannique pourtant approuvée par Churchill, de la démission de Paul Reynaud, et du départ à Londres d’un De Gaulle désavoué par Pétain bien trop prompt à s’emparer du pouvoir. La dernière image montre le survol de la France en flamme ce qui marque le début d’une épopée qui rentrera dans l’Histoire.
La première planche a de quoi surprendre puisqu’elle décrit l’annonce de la mort de Charles à son père en 1916, un flash-back audacieux et prémonitoire du destin exceptionnel du soldat. Tout l’album est construit pour montrer les surprises du destin et les prises de positions d’un homme prédestiné. Avec un père professeur d’histoire, sa jeunesse dans une famille catholique lilloise le conduit à embrasser une carrière militaire, nourri des écrivains traditionnels déplorant la défaite de 1870. A l’école militaire, il rencontre le colonel Pétain qui remarque son envie d’en découdre avec l’ennemi : « Quand je devrai mourir, j’aimerais que ce soit sur un champ de bataille ». Si les premières semaines de la Grande Guerre se déroulent comme le capitaine de Gaulle l’imaginait, ce dernier est vite blessé puis laissé pour mort, en fait prisonnier des Allemands. Ce sera pour le soldat un moment décisif où il multiple les essais d’évasion. Il s’avère un grand meneur d’hommes. L’emprisonnement stimule sa réflexion sur le conflit vécu qu’il qualifie de « guerre d’extermination ». Il se forge alors « une certaine idée de la France ». De retour en France puis engagé en Pologne, il continue à poser un regard critique sur une armée qui a conclu une paix insatisfaisante et qui conçoit une politique de défense basée sur des places fortes et la ligne Maginot. Après un mariage avec Yvonne Vendroux et la naissance de deux enfants, Philippe et Élisabeth, l’arrivée d’un bébé trisomique dans la famille bouleverse le couple qui achète la maison de la Boisserie afin de s’occuper de l’enfant dans un univers préservé.
Les affres des années 30 confortent le colonel de Gaulle dans ses positions. Il se rapproche d’hommes politiques ouverts aux idées développées dans ses ouvrages. En 1934, Paul Reynaud le consulte pour réorganiser l’armée que De Gaulle voudrait de métier. Cependant ce dernier n’est pas entendu lorsque la guerre éclate. A la tête de la 4e division cuirassée d’infanterie, il arrête un temps l’avancée des Allemands dans le secteur d’Abbeville, ce qui lui confère le titre de général provisoire. Devenu sous-secrétaire d’État à la guerre, il est envoyé en Angleterre au contact de Churchill. Certain d’une victoire possible si la France s’appuie sur ses alliés et son empire, De Gaulle s’oppose à Pétain. Également ancien combattant de Verdun, il refuse la capitulation et appelle la France à continuer le combat.
On peut s’étonner de la longueur de ce premier album sur la partie la plus banale des premiers temps de l’existence du Général. Les auteurs s’en expliquent à la fin de la BD où une dizaine de pages résume la période traitée par le dessin. En effet, Frédérique Neau-Dufour, conservatrice de la Boisserie et membre du conseil scientifique de la Fondation Charles de Gaulle, se justifie par la volonté de « consacrer une place particulière à la genèse du grand homme » avant « le général de Gaulle ». Dans cette ambiance feutrée à la palette réduite, bleu gris vert, propre à la collection, l’évolution de la pensée de cet acteur de l’histoire est particulièrement soignée. Les bulles correspondent à des extraits des écrits de Charles de Gaulle et certains dessins ont demandé des recherches spécifiques comme l’évocation de Varsovie en 1919 (p.21) ou les chars de 1940 (p.32, 33). Il est certain que cet ouvrage sera très utile aux professeurs d’histoire qui adapteront leur pédagogie en fonction de l’âge de leur public. Attention cependant à ne pas tomber dans le travers d’une hagiographie…