Comme l’indique le sous tire l’ouvrage est organisé autour de 50 questions, ce qui suppose des réponses assez courtes. Un avantage il peut être lu en fonction des préoccupations ou curiosités de chacun, un inconvénient il permet mal la construction d’une réflexion globale sur le sujet d’autant que la succession des questions semble presque aléatoire.

Les questionnements abordent tantôt les conditions de production de l’alimentation : et leurs conséquences potentielles sur la santé : Le glyphosate est-il un cancérigène avéré ?, L’explosion du nombre de cancers est-elle due aux produits chimiques qui se trouvent dans nos aliments ? L’espérance de vie dans les pays industriels augmente-t-elle encore ? Interdire les plantes OGM, est-ce refuser le progrès ?

Les considérations diététiques : Pourquoi ne faut-il pas manger des fraises en hiver ? Le gluten est-il mauvais pour la santé ? Pourquoi faut-il manger cinq fruits et légumes par jour ? Boire du lait de vache, est-ce mauvais pour la santé ? Nos poissons sont-ils contaminés aux métaux lourds ? Mangeons-nous trop de viande ? L’huile de palme est-elle un danger pour la planète et pour notre santé ? Mangerons-nous demain des insectes ? Les algues, futur de l’alimentation et secret de longévité ?

Les choix à la mode sont également traités : Peut-on rester en bonne santé en suivant un régime vegan ? Pourquoi accuse-t-on nos éleveurs de ne pas se soucier du bien-être animal ? Comment réduire notre gaspillage alimentaire ? Les agrocarburants sont-ils écologiques ? L’avenir est-il à l’agriculture urbaine ? Le slow-food est-il un effet de mode ?

Les conditions à venir de l’agriculture et les défis à relever : Nos vins sont-ils menacés par le réchauffement climatique ? Comment l’agriculture contribue-t-elle au réchauffement climatique ? Les villes grignotent-elles sur les campagnes ? Les COP sur le climat sont-elles des grands-messes sans effets ? L’eau peut-elle un jour venir à manquer ? L’agriculture industrielle est-elle la principale responsable de la pollution des eaux ? L’agriculture industrielle met-elle en danger la biodiversité ? La variété des semences diminue-t-elle ? Nos races animales sont-elles en voie de disparition ? Les abeilles sont-elles en voie d’extinction ? Les arbres peuvent-ils être un atout pour les agriculteurs ?

Et des questions d’ordre technique : Une agriculture productive est-elle synonyme d’immenses champs ? Les rendements agricoles sont-ils meilleurs dans les pays industrialisés ?

L’agriculture française doit-elle se mécaniser ? Les champignons sont-ils utiles aux agriculteurs ? Faut-il éradiquer les espèces invasives ?

Et les aspects plus économiques : L’agriculture artisanale est-elle moins rémunératrice que l’agriculture industrielle ? Les produits de l’agriculture industrielle sont-ils vraiment bon marché ? Pour être compétitive, l’agriculture française doit-elle se spécialiser ? L’agro-industrie et la grande distribution sont-elles en train de tuer nos paysans ? D’où vient le malaise des campagnes ? Peut-on encore avoir confiance dans les labels bio ? Peut-on manger bio et pas cher ?

Au-delà de la sphère française une approche plus globale La Terre produit-elle assez pour nourrir ses 7,6 milliards d’êtres humains ? Pour mettre fin à la faim, les pays riches doivent-ils donner ou brader leurs excédents alimentaires aux pays pauvres ?

L’Union européenne croule-t-elle sous le poids d’excédents alimentaires ? Qui sont les principaux bénéficiaires des aides de la Politique Agricole Commune européenne (PAC) ?

Le commerce équitable contribue-t-il uniquement au développement économique et social des pays du Sud ?

Les Chinois sont-ils devenus les plus grands propriétaires de terres agricoles au monde ?

L’ouvrage balaie donc très large et vise le grand public. Une bibliographie le compète.

L’objectif de l’auteur est annoncé dans l’avant-propos : « Mon engagement est celui d’un agronome, d’un scientifique qui ne croit en rien d’autre qu’aux analyses étayées et aux faits établis, et à la nécessité de diffuser ce savoir. Chaque citoyen, chaque consommateur mérite d’avoir une vision claire et fiable de ce qui se passe dans nos assiettes et dans nos campagnes. J’espère que ce livre y contribuera. » (p. 13).

Le livre entend donc donner au lecteur des clés de compréhension du monde actuel et il le fait plutôt bien sans jargon, de façon nuancé, rappelant les choix possibles par exemple l’existence d’alternatives aux pesticides. L’auteur a des convictions qu’il défend sans excès, en s’appuyant sur ses compétences d’agronome et sa longue expérience comme enseignant à AgroParisTech. Voilà un livre qui devrait permettre à nos concitoyens de faire des choix éclairer. Pour l’enseignant de géographie ce peut être une première approche pour qui n’est pas très familier de ces questions mais qu’il faudra compléter1 pour, notamment en lycée, un enseignement de qualité.

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1 Voir les recensions dans la cliothèque notamment parmi les plus récents : Jeau-Paul Charvet, Atlas de l’agriculture – Mieux nourrir le monde, Autrement, 3e édition, 2018, 96 p. – Gilles Fumey, Pierre Raffard, Atlas de l’alimentation, CNRS Éditions, 2018, 240 p. – Problèmes économiques n° 3135, Agriculture et alimentation, La Documentation française, 2016, 64 p