Dans les marais salants d’Aigues-Mortes
En 1893, la récolte de sel bat son plein dans le marais de la Frangouse à Aigues-Mortes. La chaleur est accablante mais la saison s’annonce prometteuse. Les travailleurs de la Compagnie s’épuisent à ramasser le sel dans les œillets. Exacerbées par le labeur, les bagarres sont fréquentes. Très vite, des travailleurs italiens font face à leurs homologues français. Est-ce à la suite d’un reproche d’un ouvrier français envers un collègue italien ? Est-ce à la suite d’une insulte ou d’un tonneau d’eau potable rendu impropre de façon volontaire ? Le motif est peu clair. Mais la situation dégénère rapidement. Bilan : dix morts et une centaine de blessés.
En s’appuyant librement sur des faits réels, Fred Paronuzzi, et Vincent Djinda nous emmène à la rencontre des ouvriers du coin, des industriels camarguais et des immigrés italiens à la fin du XIXe siècle, dans une période où les relents xénophobes sont vifs. Le lecteur suit les événements à travers les yeux d’une boulangère, Madame Roussel et de la famille de l’un des actionnaires de la Compagnie du sel, Joseph. Ce dernier débat régulièrement des conditions de travail de ces ouvriers avec son fils Léopold, et dispose d’un domestique italien, Bartolomeo.
Selon l’actionnaire, chaque travailleur français et italien empoche 12 francs par jour, soit le double d’un emploi de terrassier à Paris. Mais la colère gronde du côté des « trimards » (français). Un groupe d’homme affirme que des Italiens originaires du Piémont (en réalité originaire du Nord et du Centre de l’Italie) ont porté des coups de couteau à des travailleurs français. Il y aurait même eu trois morts. Peut être trente. « Le drapeau italien flotterait » même sur les salines (page 49). La contre-attaque se prépare sur la place centre d’Aigues-Morte. « La chasse à l’ours » (page 51) est ouverte afin d’abattre « l’Italien devenu un animal enragé, sans état d’âme » (page 51). Le verdict du procès sera expéditif : les vingt six accusés sont acquittés.
Source : Extrait tiré du livre « De sel et de sang » publié chez les Arènes, 2022, pages 6
Un roman graphique au rythme lent, original et habilement construit, qui invite à se plonger dans les turbulences de la Troisième République. Adaptés aux collégiens et lycéens, il permettra aux jeunes lecteurs de prolonger le cours sur la Révolution industrielle et l’histoire de l’immigration en France.
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Antoine BARONNET @ Clionautes