Par son format temporel (118′), le film ne pouvait évidemment que ramasser les informations que contient le livre en plus grand nombre. Les entretiens qu’a eus Cyril Dion avec ses interlocuteurs sont plus développés, et on peut ainsi entrer davantage dans les détails. On a également quelques références bibliographiques, dont on peut regretter qu’elles ne soient pas plus nombreuses et rassemblées en fin de volume : Demain aurait alors alors pu constituer une sorte de manuel à l’usage de ceux qui voudraient découvrir les alternatives mises en oeuvre un peu partout dans le monde et voudraient approfondir leur réflexion sur le sujet. Mais on a déjà de quoi faire : il ne s’agissait pas non plus d’établir une thèse définitive. Quoi qu’il en soit, avoir le livre entre les mains permet de pouvoir prendre le temps de réfléchir au propos de l’auteurNotamment pour les aspects techniques qui concernent la monnaie, qui se place résolument à l’opposé des alarmistes. Sans perdre de vue les risques importants que court la planète et l’humanité (entre autres espèces vivantes), le pari est de montrer qu’il est possible d’agir, à quelque échelle que ce soit, et quel que soit le niveau de revenu : «partout dans le monde, des solutions existent». Entre les moyens utilisés à San Francisco pour recycler les rejets (considérés en réalité comme des ressources potentielles) et l’indigence de ceux qui sont mobilisés à Kuthambakkam par son ancien maire, Elango Rangaswamy, il y a tout un monde. Place est faite aux initiatives de quelques personnes, comme Pamela Warhurst et Mary Clear qui sont à l’origine en 2008 du mouvement « Incredible Edible »Les « Incroyables comestibles », qui s’appuie aujourd’hui plus de 700 groupes dans le monde. C’est la même chose avec Robert Hopkins, formé à la permaculture, et qui a contribué à lancé le mouvement des villes en transition, il y a une dizaine d’années, qui sont aujourd’hui plus de 1 200 dans 47 pays différents.
Les interlocuteurs et les initiatives retenues ne sont qu’une poignée parmi tous ceux qui n’acceptent la fatalité, mais tous inspirent un certain enthousiasme. Le style assez descriptif contribue à le faire passer ; même si on peut être agacé par les états d’âme de l’auteur, cela contribue à rendre le livre plaisant à lire. Mais c’est aussi un moyen de suivre l’évolution de sa pensée, à l’image du néophyte qu’il feint d’être, qui découvrirait les solutions d’un « monde en marche ».
Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes ©