Cet ouvrage regroupe 14 témoignages de rescapés des camps ainsi qu’un cahier pédagogique. Chaque rescapé est accompagné par un adolescent actuel qui a le même âge que lui au moment de sa déportation. Chaque chapitre commence par une photographie qui les réunit. Ce livre est une adaptation pour le jeune public du livre «  Déportés, leur ultime transmission » paru en 2021.

Genèse du projet

A l’heure où les témoins de la Seconde Guerre mondiale disparaissent, transmettre est une priorité. En 2018, Karine Sicard Bouvatier, photographe, a l’idée d’associer un ancien déporté et un jeune pour créer cette transmission. Elle réalise qu’elle a en effet des enfants qui ont l’âge de certains témoins au moment de leur déportation. Entre 2018 et 2020, elle organise des rencontres. Chaque rencontre apporte le récit d’une histoire unique et singulière, dans l’intimité d’une famille. Chaque rescapé raconte avec ses mots.

Témoigner toujours et encore

L’autrice souligne qu’il n’y aura jamais assez de documents pour parler de cette époque. A la fin de certains entretiens, on apprend que celui ou celle qui a témoigné est mort depuis. Elle mène les interviews appuyée par les questions des adolescents et adolescentes. Des questions reviennent de façon récurrente comme « qu’est-ce qui vous a fait tenir ? «, mais on n’a jamais l’impression d’une redite, mais bien plutôt d’un sillon qui se creuse et aide à mieux comprendre.

Elie Buzyn déporté à 15 ans

Il est orphelin et il endure une marche de la mort lors de son transfert vers Buchenwald. Elie Buzyn répond aux questions et explique qu’il essayait de survivre avec un horizon qui ne dépassait pas l’heure. Pendant 50 ans, il n’a pas voulu retourner à Auschwitz. Il confesse qu’il ne voulait pas imposer cette souffrance à ses proches.

Nicolas Roth déporté à 16 ans

Il raconte ce terrible échange lorsqu’à Auschwitz on lui dit, en réponse à sa question, que ses parents sont là, désignant la fumée qui s’échappe d’un bâtiment du camp. Ce qui l’a aidé à tenir était le fait qu’ils étaient quatre copains. Il est l’un des 440 000 Juifs hongrois déportés à Auschwitz.

Julia Wallach déportée à 18 ans

La rafle du Vel d’Hiv l’a privée de sa mère. Elle est, elle, déportée en juin 1943 en compagnie de son père. Elle confesse avoir tenu grâce aux mots de sa cousine. Elle est la seule rescapée de la sélection du 19 janvier 1944. Elle n’a commencé à témoigner qu’au bout de 50 ans.

Isabelle Choko déportée à 15 ans

Atteinte du typhus elle est sauvée in extremis et ne pèse plus que 25 kilogrammes à la Libération.

Esther Senot arrêtée en juillet 1943

Elle passe par Drancy puis se trouve dans le convoi 59 pour Auschwitz. A son retour des camps, personne ne vient la chercher. On voit dans l’ouvrage une photographie d’elle en 1941, mais elle confesse n’en avoir aucune de ses parents. Elle insiste sur le facteur chance qui a fait aussi qu’elle a survécu.

Le destin de Ginette Kolynka

Elle témoigne également dans cet ouvrage. Elle parle de son numéro 78599. Des 1500 déportés du convoi n° 71, elle est l’un des 105 survivants. L’ironie de l’histoire veut qu’elle rencontre la jeune fille qui lui est associée le jour où cette dernière fête ses 20 ans. Ginette Kolynka raconte alors à quoi ressembla ce jour pour elle. Elle souligne aussi qu’elle a eu la chance de retrouver sa famille à son retour.

Marie-José Chombart de Lauwe

Elle est entrée en résistance dès l’été 1940. Elle intègre le réseau «  La bande à Sidonie » créé par sa mère. Elle est témoin du sort des nouveaux nés, de la stérilisation des femmes tsiganes et des expériences médicales pratiquées par les nazis sur des résistantes polonaises.

Ce ne sont là que quelques témoignages parmi les 14 de cet ouvrage. Le livre est complété par un cahier pédagogique. Celui-ci montre d’abord comment les Juifs de France ont été mis au banc de la société en 1940-1941. Ensuite, de 1942 à 1944, c’est la mise en œuvre du génocide des Juifs de France. Les pages suivantes évoquent le phénomène en dehors de France. A chaque fois, des textes livrent des informations chiffrées.

On peut signaler que les podcasts de l’ensemble des témoignages sont accessibles sur le site de l’autrice. La conception du livre avec notamment le jeu de questions-réponses permet une utilisation avec des élèves dès la fin de l’école primaire.