Derrière les lignes ennemies
Pierre de Taillac, 2014, 200 p. – 9,90 € – ISBN : 978-2364-450394
Armes secrètes de l’Allemagne nazie
Pierre de Taillac, 2014, 200 p. – 9,90 € – ISBN : 978-2364-450400

Encouragées par le succès d’un premier recueil sur le thème du D-day publié l’année dernière, les éditions Pierre de Taillac saluent le soixante-dixième anniversaire du débarquement en Normandie en proposant deux nouvelles anthologies de comics sur la Deuxième Guerre mondiale. Chacun de ces volumes réunit une sélection de trois aventures de guerre publiées par le mythique et inépuisable magazine anglais «Commando». Échantillons caractéristiques de l’art des comics, ces intrigues en bandes dessinées sont, selon les canons de ce genre éminemment populaire, illustrées en noir et blanc. Le trait est sec et le rythme enlevé, dans le cadre conventionnel d’une fiction d’action à l’issue prévisible, riche en péripéties héroïques à la psychologie sommaire : les héros sont des archétypes de virilité militaire, leurs adversaires d’odieuses silhouettes à éliminer. Telle en est la dynamique tout à la fois jubilatoire et schématique.Chacun des deux recueils possède néanmoins son angle thématique propre. Le premier, Derrière les lignes ennemies, décline des variations du thème inépuisable des opérations spéciales. On y suit les exploits mouvementés de valeureux soldats britanniques, qui en mission au sein d’un groupe de partisans italiens, qui à la recherche d’un savant otage des Allemands, qui encore s’efforçant de transmettre un secret militaire codé en argot cockney… Le second, Armes secrètes de l’Allemagne nazie, évoque la menace technologique des fusées de type V2 mises en service à la fin de la guerre par le régime nazi aux abois. Moins stéréotypé, il place des héros de circonstance, aviateurs abattus ou fantassins égarés, dans la nécessité de détruire des bases de lancement d’armes secrètes au potentiel de destruction redoutable.


Peu d’incertitude dans tout cela : les méchants sont exterminés et les bons triomphent toujours… Chaque épisode suit un arc narratif similaire, déroulant une mission périlleuse abondamment scandée de bourre-pifs, de fusillades et d’explosions, dont l’énergique héros musclé vient toujours à bout plus ou moins cabossé. Néanmoins, certaines intrigues présentent l’originalité de faire place à des personnages d’Allemands anti-nazis, ce qui s’explique peut-être par une date plus tardive de création. Les protagonistes centraux sont de vaillants Britanniques, en adéquation avec le lectorat du magazine Commando. Dans cette configuration, les Américains ne sont que d’épisodiques partenaires d’appoint, les Français de vagues figurants civils, les autres Européens de fugace occurrences, et il est naturellement fait abstraction totale de l’importance décisive du Front de l’Est.

Mais après tout, quelle importance ? Le cadre historique de la Deuxième Guerre mondiale et la vraisemblance visuelle des militaria sont le décor, simple et efficace, d’un mode de BD populaire qui présente tous les attributs d’un ancêtre graphique du « shoot ’em up ». Avec de tels ingrédients le divertissement est garanti, même s’il est un peu irritant de buter régulièrement sur des fautes de français dans le texte d’accompagnement. Plaisir d’adolescence apte à attirer aussi les adultes nostalgiques, cette allègre livraison de comics formule donc une double proposition de lecture agréablement estivale.

© Guillaume Lévêque