Jean-Loïc Le Quellec est anthropologue et préhistorien rattaché au CNRS. Il a rédigé le présent ouvrage avec Bernard Sergent, historien et président de la Société de mythologie française.
Ce dictionnaire s’inscrit dans une tradition d’étude des mythes en France portée entre autres par Georges Dumézil, Claude Levi-Strauss ou Jean-Pierre Vernant. Il a pour objectif de présenter un état de lieux de la science mythologique.Une approche originale
L’ouvrage est organisé autour de trois grands axes : les thèmes mythiques (« déluge », « tonnerre, foudre »), les concepts élaborés par la recherche (« héros », « ethnocentrisme ») et des notices biographiques consacrées aux mythologues qui ont contribué à façonner ces concepts. Il ne faut donc pas chercher parmi les entrées des noms de dieux ou de héros, des entrées géographiques ou ethniques qui existent déjà dans d’autres dictionnaires, la plupart du temps spécialisés dans un domaine (mythologie égyptienne, gréco-latine …) ou un aspect particulier (philosophique, sociologique, iconographique …).
Ici l’approche est résolument comparatiste et chaque thème traité offre dans la mesure du possible un parallèle entre les différentes traditions. Au total, il est fait référence aux mythes de près de 1300 populations du monde au travers des 1400 entrées que compte le dictionnaire. Cela implique un travail absolument considérable de la part des auteurs qu’il faut saluer.

Un travail érudit et ambitieux
Chaque notice fait un état de la recherche et présente les thèses en présence, leur origine, leur interprétation et propose parfois des pistes de recherche. Les renvois sont nombreux tout comme les références bibliographiques intégrées à la fois dans le corps du texte et en fin d’article.
Lorsqu’un concept fait l’objet d’un exposé développé, les auteurs ont adopté selon les cas une subdivision géographique (« démon » : Afrique, Europe, Inde ancienne, Perse ancienne, Asie, Océanie, Proche-Orient, Amérique) ou thématique (« déluge » : lecture chrétienne, question de son universalité, interprétations naturalistes, interprétations astrales, interprétations ritualistes, lectures symbolistes). L’objectif est de présenter un tableau le plus complet possible de l’apport théorique en ne laissant aucun concept de côté.
Les notices biographiques sont nombreuses et ne se contentent pas de mentionner les auteurs les plus réputés mais rendent également justice à certains chercheurs moins connus, qui ont publié des articles plutôt que des ouvrages, et dont certains sont en marge du monde universitaire. Elles comportent une évaluation critique de leur œuvre suivie d’une présentation de leur bibliographie la plus exhaustive possible, ce qui renforce le caractère bibliographique de ce dictionnaire.

Un ouvrage essentiel pour ceux qui s’intéressent à la mythologie
Si certaines notices peuvent s’avérer très techniques, c’est au final un ouvrage considérable, qui frappe par sa largeur de vue, son érudition et sa volonté de faire un point complet sur la recherche en cours. Il offre une nouvelle approche, sans prétendre remplacer les outils de travail existants, mais en venant les compléter de la meilleure des façons.