Ce livre passionnant nous offre l’opportunité de découvrir ou redécouvrir les civilisations de l’Amérique latine précolombienne.
Passionnant, c’est le qualificatif approprié pour cet ouvrage accessible et richement illustré et documenté. Une fois qu’on le débute, on ne le quitte plus. Carmen Bernand, historienne et anthropologue, spécialiste de l’Amérique latine, permet au curieux, à l’enseignant d’histoire, à l’amateur ou au néophyte d’apprendre énormément grâce à son style clair et à ses explications détaillées. Il s’avère, en effet, difficile d’avoir entre les mains une synthèse d’une telle qualité sur un sujet aussi vaste et chronologiquement large (de – 30 000 au XVIe siècle).
Une étude approfondie et utile aux enseignants
Peuplement et adaptations
L’auteur s’attache à détailler et développer l’arrivée des chasseurs venus d’ailleurs, leurs croyances ainsi que les connexions maritimes entre le Pacifique et l’Asie. En s’attachant à décrire la dispersion continentale des Paléo-Indiens ainsi que les territoires d’Amazonie et des plateaux du centre du Brésil (Monte Alegre ou encore Santa Elina), elle explique que des tendances fortes se dégagent « l‘importance de la guerre ; la dichotomie entre le monde des humains et celui des entités […] ; le désenclavement des groupes par les réseaux d’échanges de longue distance ; et la construction d’une hiérarchie sociale » (page 63). Elle développe aussi les origines des civilisations agraires (8 000 avant J.-C.) en détaillant la complexité du territoire de l’Amazonie, le rôle des chamanes ou encore la place des cités du Pérou du Nord.
Les hautes cultures – Mésoamérique et monde andins
Carmen Bernand détaille le pouvoir sacerdotal, le pouvoir des Olmèques, revient sur les plus anciennes traces de l’écriture sur ces territoires puis explique le développement côtier de l’actuel Pérou. Le chapitre IV explore Teotihuacan mais aussi les mondes andins (Nazca ou encore les peuples du lac Titicaca). Le chapitre V, centré sur la civilisation maya offre à l’enseignant une mise au point scientifique et récente de la recherche. Il en est de même avec le chapitre VII qui met en perspective deux empires : l’empire aztèque et l’empire inca (des origines mythiques au XVIe siècle). Très utile à l’enseignant, il offre des explications permettant de fournir des éclairages aux élèves de 5ème ou de 2nde.
Peuples de l’or, peuples des îles et peuples de la forêt face aux Européens (Panama, Colombie, Antilles et Brésil) XVe-XVIe siècles
La troisième partie peut, très largement, offrir aux professeurs d’histoire des pistes d’études grâce aux cartes, nombreuses et de très grandes qualités. Je pense ici aux débuts de la colonisation au Brésil (chapitre IX) ou encore au chapitre X intitulé Nouveaux espaces, nouveaux peuples, nouveaux dieux (à partir de 1492), que l’on peut, selon moi, exploiter très facilement en cours de 2nde.
Pour finir, l’auteur nous offre un Atelier de l’historien qui aborde la difficulté d’établir une chronologie générale ainsi qu’une réflexion sur les écritures américaines. Cette partie, un glossaire, deux index ainsi qu’une riche bibliographie permettent de clore ce brillant ouvrage.
Un ouvrage d’une rare qualité
Réussir à compiler, détailler, illustrer et rendre abordable les avancées de la recherche sur ce sujet relèvent du défi. Un défi largement relevé par Carmen Bernand qui, en abordant les arts, les religions, l’organisation des cités mais aussi les conséquences de la colonisation et de la première mondialisation, nous offre un ouvrage d’une qualité rare. Elle nous démontre que l’Amérique latine, de – 30 000 au XVIe siècle, est un continent ouvert et en mouvement.
Le seul et unique point négatif de cet ouvrage reste son poids (environ 1.5 kg). Cependant, celui-ci passe vite inaperçu car la qualité des analyses, des exemples, des illustrations et des notions abordés l’emportent largement.