CR de Catherine DIDIER – FEVRE, professeure au collège du Gâtinais en Bourgogne à Saint Valérien.

Avec la mise en place en France d’un super ministère du Développement Durable, la nomination du GIEC et de Al Gore au Prix Nobel de la Paix, on peut dire que l’année 2007 a été celle de l’environnement. La spécialiste du développement durable, la géographe Yvette Veyret a publié sous son nom à la fois comme auteur et comme directrice pas moins de 6 ouvrages cette même année sur le thème. La nouvelle question de géographie thématique de l’agrégation externe de géographie est d’ailleurs consacrée à Géographie et Développement Durable.

Ce dictionnaire, paru chez Armand Colin à l’occasion du FIG (Festival International de Géographie) ne porte pas spécifiquement sur le développement durable. Si, de nombreux articles s’y rapportent de manière directe et indirecte, cet ouvrage aborde la notion plus large d’environnement dans le sens que les géographes lui reconnaissent et qui a été défini ainsi par André Dauphiné en 1979 : « un objet social qui intègre données sociales et éléments naturels dans un construit qui tient à la fois à la nature et de la culture ». Dans l’introduction du dictionnaire, Yvette Veyret met en garde contre ceux qui ne cessent de prôner les concepts de « durabilité » ou de « soutenabilité ». Pour elle, il est nécessaire de faire référence aux durées et aux rythmes spécifiques des phénomènes considérés. L’environnement ne se résume pas à la nature mais est un système complexe où culturel et naturel sont imbriqués. Il n’existe pas un état idéal de la nature. Elle s’oppose à une vision romantique à la Rousseau, très éloignée de la réalité. Elle s’insurge contre le catastrophisme.

Quarante auteurs issus d’horizons divers (géographes, économistes, juristes) ont élaboré 500 articles, de taille variée. Les articles ne sont pas seulement généraux, ils mettent en œuvre en leur cœur des exemples. On peut distinguer plusieurs catégories d’articles : ceux consacrés à l’épistémologie (courtes biographies d’auteurs, histoire des concepts, par exemple), ceux réservés aux définitions des rôles des instances internationales ou à certains indicateurs statistiques, ceux faisant le point sur des notions pointues ayant trait à l’environnement, ceux présentant l’essentiel de faits (catastrophe de Tchernobyl, de Bhopal, par exemple). L’ensemble est accompagné en fin de volume d’une bibliographie thématique et de quelques annexes. Parmi ces annexes, on trouvera la reproduction de l’échelle des catastrophes élaborée par André Dauphiné (échelle graduée de 1 à 7) agrémentée d’exemples (le tsunami de 2004 se situe dans le stade 7 alors que la tempête de 1999 en France n’est que du niveau 2).

Même si on lit rarement un dictionnaire de manière linéaire, on est souvent tenté de poursuivre la lecture sur quelques pages. On trouve souvent des articles complémentaires à la suite de celui par lequel on est entré. Exemples : Gestion intégrée des zones côtières (GIZC) par Alain Miossec puis Gestion intégrée des zones côtières : intérêt et limites par Marie Christine Cormier – Salem.
Les renvois en fin d’article vers des sujets connexes permettent de cheminer dans le livre de manière plaisante. Ainsi, les articles Jardins et Jardins familiaux de Yves Luginbühl renvoient à l’article de J.P. Charvet sur les Ceintures vertes puis à celui de P. Philifert sur la Nature en ville pour arriver à la Ville durable de Yvette Veyret. En mettant en œuvre le petit jeu des renvois, on s’aperçoit toutefois que certains renvois ne donnent pas le titre exact de l’article. Ainsi, Mobilités et ville durable n’existe pas tel quel. Le lecteur ne trouve sous le titre de Mobilité durable qu’un article approchant. L’article cité en fin de notice existe pourtant dans le volume mais sous un titre plus long : celui de Déplacements urbains, mobilités et ville durable. Ces erreurs d’aiguillage tiennent à l’absence de points virgules entre les différents titres d’articles figurants en bas des notices. Le problème n’est pas irrésoluble mais il handicape toutefois le maniement du dictionnaire. Une fois, que l’on a compris les failles, on navigue sans problème.

Au-delà de ces remarques d’ordre pratique, l’ouvrage dirigé par Yvette Veyret est une somme, qui sera très utile à tous les étudiants quelque soit leur position dans le cursus d’histoire ou de géographie. Les professeurs trouveront des objets de réflexion pour aborder la notion transversale de développement durable que l’on retrouve dans de nombreux programmes. Enfin, cet ouvrage satisfera l’appétit du grand public, soucieux de mieux comprendre les enjeux de l’environnement, dans la définition plus large que les géographes en donnent par rapport aux non géographes en ne se limitant pas qu’à la nature.

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