Daniel Royot (dir.), Dictionnaire des Etats-Unis, Larousse (collection « à présent »), 606 pages, 2010, 28 euros.

Plus de cinq pages pour « Barack Hussein Obama », présenté comme l’homme de la rupture (contre seulement une pour F D Roosevelt ou Ronald Reagan, et six pour Bill Clinton…) mais aucune pour « Tea party » : le dictionnaire des Etats-Unis est bien en lien avec l’actualité, mais au moment de son bouclage, il n’avait visiblement pas encore mesuré la force du mouvement qui s’est invité dans les élections de « mid-term », entrant au sénat avec 2 élus. Autant dire que dans le domaine des dictionnaires aussi, tout est toujours en chantier et à réévaluer…
Pour autant, on pardonnera cet oubli, car ce nouvel ouvrage, coordonné par Daniel Royot, professeur émérite de civilisation et littérature américaines à l’université de la Sorbonne nouvelle, et rédigé par une vingtaine de collaborateurs universitaires, est un outil utile, à un coût très raisonnable, pour qui cherche à comprendre une civilisation souvent objet de contresens chez nous. Il s’ouvre sur une série d’articles de fond : «les Etats-Unis en questions », qui forment une solide introduction et plantent le décor dans ses grandes lignes : les Etats-Unis ont-ils le territoire d’un peuple, ou de plusieurs ? Sont-ils le modèle de la démocratie moderne ? Sont-ils encore une hyperpuissance économique ? Une puissance impériale ? Une nation religieuse ? Peut-on parler d’une ou « des » cultures américaines ? Sont-ils encore la terre promise du rêve américain ?
Le dictionnaire alphabétique à proprement parler est également précédé d’un résumé de l’histoire des Etats-Unis en une dizaine de « temps forts », soit une chronologie très détaillée, depuis la fondation de Jamestown en 1607 par les premiers pionniers, jusqu’à l’élection d’Obama, ce qui permet de poser des répères, et de se reporter si besoin aux articles pour approfondir la lecture au fur et à mesure.

Monroe et Monroe…

D’ « affirmative action » à la « révolte Zootsuit » (vague de xénophobie à la suite d’affrontements entre militaires et jeunes d’origine mexicaine en 1943), en passant par « banlieues », « conquête de l’ouest », « écologie », « Hollywood », « guerres d’Irak », « Monroe » (la doctrine, puis la chanteuse sont toutes deux présentes..) » « puritanisme », « Sud », « terrorisme » ou « universités », pour n’en citer que quelques uns, la liste fait la part belle au domaine culturel au sens large, et l’on trouvera de belles synthèses sur la littérature, le cinéma et les autres arts. Les notices biographiques sont nombreuses, on apprécie au passage qu’Alexis de Tocqueville avec sa « Démocratie en Amérique », ait trouvé sa place à côté des plus grands Américains, hommes politiques, écrivains, capitalistes philanthropes comme Carnegie, ou cinéastes comme Scorsese.

A signaler, deux manques : l’absence de cartes, en dehors des deux, très classiques, qui terminent un cahier iconographique au centre de l’ouvrage, et un point faible qui ne simplifie pas la « navigation » à l’intérieur du dictionnaire : les renvois d’un article à l’autre sont signalés par des étoiles. Plus pratique aurait été d’indiquer des corrélats en fin de chaque article, ou de lister quelque part les articles classés par thème ou domaine. De même, l’index est très utile, mais le lecteur, renvoyé à plus d’une soixantaine de pages par exemple pour l’entrée « immigration », est bien en peine pour s’orienter rapidement. Il est donc relativement difficile de sauter d’article en article, ce qui est dommage, en cette époque où l’hypertexte sur internet rend les lecteurs plus exigeants et plus pressés !

Nathalie Quillien, ©