Ce livre est une réédition de la biographie de Dracula parue en 2011 chez le même éditeur et dans la même collection. Il n’est pas mentionné que cette édition bénéficie de mises à jour complémentaires.

L’auteur a consacré une grande partie de ses études et sa thèse sur Vlad Dracula. Dès l’introduction, il explique que son « propos n’est pas de blanchir Vlad Dracula des accusations qui lui ont assuré une place aux côtés des grands tyrans de l’histoire. » Son objectif premier est de dresser « un portrait le plus honnête possible de ce prince médiéval d’une incroyable complexité. »

Les 240 premières pages sont une biographie extrêmement détaillée de la famille de Vlad, membre de la dynastie des Basarab. C’est un récit très précis, qui peut parfois paraître complexe car nous sommes clairement moins familier, en Europe occidentale, de pans entiers de l’histoire de l’Europe orientale. L’auteur, au contraire, maîtrise parfaitement cette chronologie et fait l’effort de rendre l’ensemble le plus clair et le plus lisible possible.

C’est ainsi que nous sommes immergés dans ce moyen-âge européen oriental, à la recherche des racines, des sources du pouvoir de Vlad Dracula. Son règne, ses conquêtes, sa gestion du pouvoir, le récit d’une vie hors du commun se dévoile progressivement. Et, à la fin de ces pages, nous terminons sur la mort de la descendance directe de « l’empaleur ».

Ensuite, du chapitre VII au chapitre IX, l’auteur parle de la postérité de Vlad. Son image, celle d’un tyran, est déjà présente de son vivant. La propagande, mise en place à la fois par le pouvoir et les opposants, fait rage. Déjà, de chaque côté, sont utilisés des mots, des caricatures, des anecdotes qui ne laissent pas la place au doute: le personnage est clivant et la voie médiane n’existe pas.

L’image médiatique et populaire du tyran sanguinaire est restée depuis la mort de Vlad Dracula. Elle est évidemment renforcée par plusieurs phénomènes: la sortie du roman de Brad Stoker en 1897 tout d’abord, sur laquelle l’auteur s’arrête longuement. Il fait le lien avec le développement de la science-fiction (Frankenstein) et de la psychanalyse au XIXe siècle qui amplifient le succès de l’oeuvre.

C’est le cinéma qui fait ensuite la part belle à cette vision: Nosferatu de Murnau en 1922, Le cauchemar de Dracula de Terence Fisher avec l’incroyable performance de Christopher Lee en 1958 ou encore Le Dracula de Coppola avec Gary Oldman en 1992. Les adaptations hollywoodiennes, plus ou moins libres, du roman de Brad Stoker, achèvent d’ancrer dans l’imaginaire collectif la vision des détracteurs de Vlad Dracula.

Les annexes de l’ouvrage représentent plus d’un tiers du livre. Elles sont très riches : chronologie, textes d’époque, notes fournies. Les textes sont particulièrement intéressants puisqu’ils nous montrent cette complexité du personnage, ressentie par ses contemporains, complexité qui a disparu en grande partie depuis la fin du XIXe siècle, pour laisser place à ce que nous évoquions, la vue systématiquement sanguinolente de Vlad Dracula.

A travers ce livre, Matei Cazacu nous propose un travail et une analyse d’historien. Il dresse donc un portrait complet, fascinant et quelque peu envoûtant du personnage, loin des clichés et des idées reçues.

 

Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur

« Né en 1946, Matei Cazacu est archiviste paléographe, docteur en histoire et civilisation du monde byzantin et post-byzantin, Chercheur au CNRS, spécialiste de la Roumanie et du monde balkanique, il enseigne à l’université Paris IV et à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Il est l’auteur, chez Tallandier, de deux biographies : Dracula et Gilles de Rais.« 

Présentation du livre sur le site de l’éditeur

« Prince des vampires pour le cinéma hollywoodien, chef militaire pour les historiens, Dracula fut aussi souvent considéré comme un tyran sanguinaire. Mais où finit l’histoire ? Et où commence le roman ? Si l’on sait que Vlad III, un prince médiéval connu sous le nom de « l’Empaleur », a bien existé, les interprétations à son sujet sont aussi variées que peuvent l’être celles qui entourent les mythes. S’appuyant sur des documents d’époque, cette première biographie historique de Dracula dévoile les multiples facettes de cette figure du XVe siècle, personnage complexe et mal-aimé de l’histoire. »