L’auteur, Étienne Gendrin, est parti à la rencontre de jeunes ayant formulé une demande de droit d’asile. C’est une histoire « au ras du sol », comme il l’explique ; il veut nous faire saisir les peurs, les risques, les aléas de la vie de mineurs sans-papiers en France. En travaillant « à partir du réel », il va raconter l’histoire de ces jeunes. Cette méthode se rapproche en quelque sorte de certains travaux de microhistoire.
La bande dessinée commence avec l’histoire de Roberto originaire de l’enclave de Cabinda, pays riche puisque, comme nous le dit Roberto : « il y a trop de ressources, pétrole, bois etc… le monde entier en profite, Total, Teixeira Duarte, Chevron ». Puis, on change de continent, direction le Sri Lanka avec l’histoire de Suthakaran, enfant enrôlé de force par les tigres tamouls, enfin direction l’Azerbaïdjan avec Abdula.
L’intérêt de cette bande dessinée est de donner aussi la parole à d’autres acteurs du système lié aux mineurs étrangers : Dominique, le chef des éducateurs du foyer, Samira et Brigitte, deux enseignantes à destination des ENAF : Elèves Nouvellement Arrivés en France (appelés auparavant enfants migrants ou primo-arrivants, et qu’on nomme, depuis 2012, par un nouvel acronyme EANA — Élèves Allophones Nouvellement Arrivés).
Deux mineurs français sont mêmes interrogés par l’auteur, à la fin de la BD. Partageant leur quotidien avec Vartan, Abdula ou Roberto au sein du foyer, ils ont compris que « pour savoir ce qui se passe dans le monde, tu vas les voir et tu discutes. C’est mieux que la télé ». C’est sur cette note d’espoir que se termine cette première bande dessinée (réussie !) d’Étienne Gendrin.
Pour vous convaincre (et pour convaincre le/ la documentaliste de votre CDI de se procurer cette BD), vous pouvez avoir accès aux dix premières pages en cliquant ici.
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Marie-Aline Tresson, pour Les Clionautes