Un hommage rendu cinq cent ans après la naissance du peintre
Ce bel album au format original propose de suivre les grandes étapes de la vie de Jacopo Comin, dit le Tintoret. Un fort intéressant appendix fait par exemple le point sur les nombreux pseudonymes utilisés par l’artiste. S’il choisit « Iacomo Tentor » dans un premier temps, il opte pour « Iacomo Tentoretto Depentor » à partir de 1548. Son entourage le surnomme « grain de poivre » en raison de sa petite taille. Cela peut également s’appliquer au tempérament volcanique du personnage !
Une vie mouvementée
Les auteurs font se rencontrer l’art du XVIème siècle et la bande dessinée de manière habile et nous entrainent sur les pas du jeune Jacopo, que l’on découvre à l’âge de 12 ans dans l’atelier de teinture de son père, à Venise, en 1531. C’est sans doute à ce dernier que le futur Tintoret doit son goût pour les couleurs et son nom d’artiste.
Les couleurs sont en effet éclatantes, et l’on suit au fil des chapitres, de manière chronologique, l’ascension de celui qui deviendra l’un des plus grands peintres vénitiens. Il connait le succès et les grandes confréries lui passent commande mais il doit toujours faire face aux jalousies des autres artistes, dont le redoutable Titien, qui ne le gardera pas comme apprenti. Cela marque pour le Tintoret le début d’une longue période de doutes et d’angoisses. Il croit parfois voir des choses qui n’existent pas et en lui s’affrontent en permanence le saint et le démon : qui l’emportera ?
Une reconstitution soignée
L’album fait revivre les grandes heures de la Sérénissime, avec des couleurs lumineuses et de belles reconstitutions : celles des oeuvres d’art de l’époque comme celles de l’ambiance de la ville (des fêtes religieuses en l’honneur de Saint Roch au carnaval en passant par la peste de 1575). On y rencontre les grandes figures de la fin de la Renaissance italienne : Titien, Vasari ou encore l’Arétin.
En refermant le livre, une dernière surprise attend le lecteur : la quatrième de couverture fait converser avec humour les personnages autour de la bande dessinée qu’un petit vendeur des rues leur présente !
On plonge avec plaisir dans ce beau livre pour découvrir la vie, romancée, d’un grand artiste, lecture améliorée par la qualité des petits textes explicatifs en fin de volume (sur les métiers de la soie, l’importance de la fête de Saint Roch, patron des pestiférés ou le rôle prépondérant des « Scuole Grandi », ces confréries caritatives très importantes à Venise).