Eduquer aux médias et à l’information : ce thème est une préoccupation majeure depuis longtemps pour les professeurs d’histoire géographie. Il est aussi indispensable à l’heure de la multiplication des moyens d’information ou encore alors que viennent d’être publiés les programmes d’Education morale et civique qui en font d’ailleurs un enjeu essentiel en cycle 3 ou au lycée par exemple.

DIY, DIWO et translitteratie

Il ne faudrait pas s’effrayer de ces termes qui définissent l’esprit du projet car ce qui caractérise avant tout cet ouvrage c’est son souci d’être très pratique. Présentons donc en quelques mots clés le travail des quatre professeurs documentalistes. Il s’agit du fruit de leur travail et de leurs expérimentations dans un classeur pratique à manipuler. Il est ciblé pour les collégiens, mais des utilisations dans d’autres niveaux sont possibles. L’ouvrage comprend un index et une webographie pour chaque fiche. Si l’on doit résumer l’esprit de ce travail, on peut citer ce qu’en disent eux-mêmes les auteures, à savoir la translitteratie ou le DIY. Que se cache-t-il derrière ces mots ? La translitteratie c’est comme le dit Sue Thomas « l’habileté à lire, écrire et interagir par le biais d’une variété de plate-formes, d’outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passant par l’écriiture manuscrite, l’édition, la radio et le cinéma jusqu’aux réseaux sociaux ». Quant au DIY ou Do it Yourself ou le DIWO (Do It With Others), c’est un appel à travailler en groupe et de façon dynamique.

Un classeur clairement organisé

Le classeur commence par une fiche mode d’emploi qui en précise l’architecture générale en soulignant l’existence d’un cd-rom et d’un site web complémentaires. Par ailleurs, l’introduction récapitule les notions qui vont être abordées en précisant la référence de la fiche. On trouve également une liste de compétences et une fiche de liens entre les séances avec à chaque fois des propositions de séances qui peuvent être menées en amont et en aval de la fiche concernée. Les fiches justement donnent d’abord les pré-requis, précisent les objectifs, notions et évoquent les aspects matériels comme la durée et les équipements nécessaires. Enfin, une intention pédagogique, sorte de problématique, permet tout de suite de savoir le coeur de l’activité proposée. Les corrections sont disponibles sur le support papier ou le cd-rom. Chaque fiche propose aussi un « pour aller plus loin » et une évaluation/transfert qui sont autant de nouvelles pistes pédagogiques.

Comprendre Internet et le Web

Ce premier thème aborde pas à pas Internet et le web. Dans chaque thème, des séquences sont distinguées. Il y en a ici trois, ce qui représente au total 14 fiches. Même si cela peut sembler basique, les auteurs proposent de faire travailler les élèves d’abord sur la différence entre Internet et le web. Les fiches proposées sont aisément photocopiables avec par exemple l’image de l’iceberg pour faire comprendre par exemple la notion de web invisible. Les activités proposées permettent en fait d’historiciser ces nouvelles technologies et la réalisation d’une « timeline » est une proposition intéressante. Qui se rappelle que Google tire son nom de googol, c’est à dire un 1 suivi de 100 zéros. Toujours dans ce souci de préciser des repères, une fiche s’intéresse à l’évolution des outils de recherche sur le web, histoire de montrer que Google justement n’a pas toujours existé. Parmi les approches croisées, signalons le lien possible avec le vocabulaire pour faire identifier le champs lexical lié à internet : les mots utilisés sont ceux de l’eau, de la maison et du militaire !
Dans un deuxième temps, les fiches traitent des grands types de sites web avec un exemple d’activité proposé autour du site « mémoire des hommes ». Enfin, les auteurs proposent quatre activités en lien avec l’inévitable google, avec des précisions très intéressantes sur le référencement par exemple. Sans être trop technique, l’essentiel est dit. Une fiche invite également les élèves à avoir une méthode lorsqu’il s’agit de trouver une image et on pourra aussi travailler sur la publicité ciblée.

S’informer (lire) et informer (écrire) sur le web

Une fiche récapitule les objectifs de cette deuxième partie. Elle est organisée en quatre séquences, ce qui représente au total 13 fiches. Une s’intéresse à l’évolution des supports d’information et aboutit à un travail intéressant sur « qu’est-ce qu’un document ? » Le but est que l’élève formalise le fait qu’un document, c’est un auteur plus une information plus un support. Autre point devenu essentiel, le stockage des données. Il y a également des propositions pour un travail sur youtube. Les auteurs rappellent d’ailleurs au passage quelques données sur la célèbre plate-forme créée en 2005. D’autres fiches posent la question de l’économie de la presse et une fiche y est dédiée. Parmi les autres points à relever, une méthode pour trouver un document pertinent sur le web avec un schéma simple mais clair. Dernier aspect à relever dans cette partie, et pas des moindres, une fiche intitulée « le document de collecte et son éditorialisation ». Il s’agit en fait de faire réfléchir les élèves à la pratique du copier-coller pour la dépasser en éditorialisant leurs recherches à travers des outils comme Scoop it ou Storify.

Participer, protéger, partager : des choix de société ?

Cette partie est plus compliquée que les précédentes et elle permet donc de travailler d’autres compétences. Il s’agit de trois séquences et de sept fiches au total. La fiche 8.2 est accrocheuse en proposant de travailler sur la présence numérique active à travers un cas, à savoir une personnalité que chaque élève choisit et pour laquelle il remplit une grille fournie. Quelles informations sur lui ou sur elle, comment les obtient on ? Lors de la correction, il est essentiel de faire distinguer une triple identité de chacun aujourd’hui : l’identité légale, personnelle et numérique. Les auteurs abordent évidemment les réseaux sociaux, mais prennent bien soin d’éviter tout discours binaire sur les méfaits, ou bienfaits, de telles pratiques. Ils proposent par exemple de travailler à partir d’un film interactif qui permet à plusieurs reprises de faire des choix. Les conséquences ne seront donc pas les mêmes si par exemple le protagoniste choisit de divulguer, ou non, une photographie dénudée de sa petite amie du moment. Cette partie donne aussi à réfléchir sur les encyclopédies collaboratives très utilisées par nos élèves.

Voici donc un ouvrage résolument pratique et très complet qui peut-être acquis par le CDI et mis au service de tous les professeurs, car il est vrai que l’ensemble est cher. Il propose des situations concrètes avec à chaque fois la préoccupation du temps. En même temps, grâce à ses compléments, il permet à chaque professeur de s’en emparer pour le transformer grâce au format odg dans le cd rom. Il a le souci également de proposer une approche par compétence/notion qui peuvent permettre d’envisager un travail suivi sur plusieurs semaines. Pour se faire une idée plus précise de l’ensemble, consultez le document joint.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.