Fortes de leur expérience en cycle 2 et en ULIS, les cinq enseignantes à l’origine de cet ouvrage s’attachent à rendre visible leurs tentatives de rendre la classe plus vivante, plus individualisée, plus mobile, plus flexible en somme.
Après avoir rappelé l’histoire et les contraintes du modèle pédagogique transmissif et avoir justifié son inertie en le comparant à une société davantage flexible, les auteures entrent dans le vif du sujet avec cette définition simple : la classe flexible est constituée de la somme d’un enseignement flexible et d’un environnement flexible.
Au sein de huit chapitres structurés en trois grandes parties (l’enseignant, l’élève, le temps et l’espace), l’exposé débute assez naturellement sur l’auto-positionnement de l’enseignant, sa posture, sa tolérance à voir les élèves se déplacer fréquemment et à encaisser le bruit associé à cette façon de procéder. Un test est là pour nous y aider mais franchir le pas n’en reste pas moins difficile et angoissant même si l’on pense se situer dans les cases permettant d’aborder cette méthode.
La démonstration, si elle est convaincue, est honnête car elle présente les avantages et les inconvénients de tout ce qui est proposé. On peut y gagner en préparation matérielle (en faisant tourner les ateliers), en autonomie des élèves, en motivation, en responsabilisation et finalement en résultats.
La place de l’évaluation est abordée sereinement. Elle n’est plus un couperet unique mais une somme d’essais-erreurs pouvant se valider par l’autocorrection, la correction par les pairs, l’appareil photo ou le dictaphone pour se débarrasser du regard immédiat et pesant de l’adulte enseignant.
Si la gestion du temps a déjà fait l’objets de développements et d’expérimentations pour montrer que chaque élève a un rythme différent, qu’il est salutaire de varier fréquemment les formes de travail, c’est au travers de l’analyse de la gestion de l’espace que le témoignage apporte une autre plus value : Laisser un espace pour le regroupement collectif, d’autres pour le travail guidé et d’autres encore pour les ateliers autonomes ; jouer sur l’esthétique globale de la pièce et la renouvelant et en évitant de la surcharger, introduire le « flexible seating », mettre à profit les couloirs et les arrière-salles.
Accepter de sauter le pas en perdant un peu de temps au début pour en gagner beaucoup après, c’est sans doute avec cette formule des auteures qu’il est possible de conclure en restant tout de même réaliste sur les contraintes institutionnelles (par exemple l’emploi du temps qui va en contradiction avec ce besoin de travailler de manière dynamique et individualisée) et surtout matérielles (si les mairies n’ont pas forcément l’envie ni les moyens d’équiper les salles de classes de telle ou telle façon, rien n’empêche les enseignants de s’y lancer par eux-mêmes).
Un discours très clair sur la question, qui s’essouffle et se répète peut-être un peu sur la fin (mais qui tient à la grande conviction des auteures de convaincre leur lectorat) pour un ouvrage richement documenté et impeccablement présenté.