Le début de l’analyse montre quelques tendances lourdes chez bon nombre de chercheurs qui évitent cet exercice de communication par facilité (avec l’argument massue du manque de temps) mais également car il n’est pas « noble ». Au contraire, savoir synthétiser sa propre recherche et la rendre intelligible serait un bon exercice d’introspection et d’efficacité nous dit l’auteur.
Le paradoxe c’est que cette diffusion envers la société demeure l’une des dimensions de l’action du chercheur, inscrite dans ses fonctions statutairement, mais qui ne rapporte rien en termes de financements ni de CV, toujours évalués sur la quantité/qualité des publications. Énoncer qu’il existe des structures vouées à la vulgarisation scientifique apparaît aussi un moyen de se dédouaner individuellement de la tâche tout comme s’en prendre à un public friand de pseudosciences qui n’aurait pas le niveau de culture générale requis.
La suite de l’exposé se veut davantage propositions et donne des pistes pour réussir ses interventions : débuter par un titre percutant, mettre une dose de fascination et d’émotion sans tomber dans le catastrophisme, user finement des métaphores et des exemples chiffrés en prenant garde aux ordres de grandeur, piocher quelques anecdotes et tâcher de les raccrocher à des repères de culture du quotidien des destinataires du message.
Finalement, n’est ce pas ce vers quoi nous essayons tous de tendre lorsque nous faisons cours ? Les enseignants ne sont-ils pas naturellement mieux préparés à ces exercices ? D’où l’intérêt de soigner ce fragile équilibre entre enseignement et recherche pour les enseignants-chercheurs, c’est rappelé, évalués par leur seule recherchePour la géographie, voir la très récente interview, par la revue Carnets de Géographes, d’Hervé Régnault, ancien président de la section 23 du CNU qui évoque l’impossibilité d’évaluer les activités d’enseignement et la mise en concurrence des enseignants-chercheurs au travers du critère des publications: http://journals.openedition.org/cdg/1204.
De nombreux médias sont cités en renfort pour appuyer la démonstration : sites internet, blogs, réseaux…le projet « Ma thèse en « 180 minutes » en constituant un exemple parmi les plus visibles.
Les spécialistes des sciences humaines et sociales que nous sommes apprécieront un chapitre dédié permettant de rappeler que les controverses scientifiques et techniques peuvent être éclairées par l’angle sociétal et que ces disciplines ont toute légitimité pour interpeller le grand public en mobilisant elles-aussi la démarche scientifique.
Un intéressant petit guide sur le sujet qu’on pourra lire, hasard des sorties éditoriales, en complément d’un ouvrage jeunesse paru en même temps chez Flammarion Jeunesse. Faire les recensions et, comme ici, les croiser, n’est-ce pas aussi une facette de l’action de la Cliothèque qui, à sa manière, vulgarise et communique sur les disciplines de recherche pour les enseigner ?