Que font les auteurs des recensions de leurs ouvrages ? Une lecture, attentive, à ne pas en douter. Mais poussent-ils jusqu’à tenir compte des conseils proposés par leurs lecteurs ? On peut ici en trouver un bel exemple.

En cherchant des informations sur François Hulbert, professeur émérite à l’université de Metz, cette chronique du dernier numéro de la revue « Questions de communication » est rapidement apparue. Rédigé par un chercheur québécois (François Hulbert a travaillé 25 ans au Quebec), la note de lecture évoque son récent ouvrage « Le pouvoir aux régions. La reconstruction géopolitique du territoire français » et se conclut sur le fait que, malgré ses qualités, il reste trop à l’attention de la communauté universitaire et mériterait de trouver une forme plus courte, plus encline à susciter la polémique et l’engagement.

Avec le concours ou non de cette recension, c’est en ce sens qu’il faut prendre ce nouvel ouvrage de François Hulbert qui précise d’ailleurs en note introductive que de plus longs développements, des illustrations, des références bibliographiques…se trouvent précisément dans son livre de 2011.

C’est du coup en quelques 80 pages très aérées que le propos s’efforce de présenter les tenants et les aboutissants de cette critique de 40 années d’aménagement du territoire qu’il questionne en se demandant si elles n’ont pas consisté qu’en une imposture, tant dans le domaine des infrastructures que des équipements.

Le discours est incisif, les exemples parlants. On trouve différentes charges contre les échelons (l’attachement indéfectible aux communes qui semblent « infusionnables » ; la rigidité des seuils démographiques des intercommunalités aboutissant à des unions conflictuelles ou à des séparations entre des banlieues tournant le dos à leur villes-centre ; la rivalité département/région montrant des cas de figures où des budgets départementaux dépassent parfois ceux des régions) mais également contre les élus, trop nombreux (40 % des élus en Europe sont français) mais aussi trop cumulards de mandats (l’auteur rappelle que seuls 20 % des sénateurs et 13 % des députés semblent concernés par un mandat unique).

Au delà de ces constats, François Hulbert fournit quelques propositions qui passent par des régions redessinées (n’en garder qu’une douzaine) et dotées de réels pouvoirs (régionalisation et décentralisation apparaissent aussi comme une illusion), d’un ancrage plus fort des « pays » mais également de la création de métropoles.

Une analyse claire et des pistes de solutions qui invitent à la lecture de l’ouvrage précédent. Une ou deux cartes (notamment les « nouvelles régions ») n’auraient cependant pas été de trop pour pleinement s’imprégner du message.