Une déambulation dans le quartier historique de Pékin

Créée en 2019, la maison d’édition nantaise Patayo fait le pari de publier des lianhuanhua. Ces romans graphiques chinois, de la forme d’un carnet de chèque, se composent d’une image par page.

Originaire de Pékin, Sun Weijun est la scénariste et dessinatrice d’Encre de Chine. Son style de dessin se rapproche du manhua, avec des personnages expressifs et un grand sens du détail. La couverture de ce livre est colorisée et peut se transformer en poster.

Tenant son sac de dessin, une étudiante en art nommé Wen Wen, que l’on peut assimiler à l’auteur, passe devant une porte en bois gardée par un lion en pierre. Son objectif est d’atteindre le temple des Lamas, afin d’y dessiner les détails d’un toit pour un projet artistique. C’est alors que le lion de pierre commence à suivre la jeune femme et à faire part de sa faim. Cette scène est le point de départ d’une déambulation dans le centre historique de Pékin. Comment nourrir le lion de pierre puisqu’il refuse de consommer les plats que lui commande Wen Wen dans différents restaurants ?

L’intrigue peut se suivre facilement grâce à la carte du centre de Pékin dessinée à la main dès le début de l’ouvrage. Sur le modèle d’une balade touristique, des petits numéros correspondent à des étapes du parcours de la dessinatrice. Le lecteur déambule alors dans les rues de Pékin depuis la maison des grands-parents de Wen Wen jusqu’à l’université Guozijian en passant par la célèbre ruelle piétonne Nanluoguxiang, le temple des Lamas ou encore le pont Yinding.

Une bande dessinée bilingue français-chinois

Outre son scénario à la fois sympathique et vivant, l’un des atouts d’Encre de Chine est son caractère bilingue. La première partie du livre est en français. En retournant le lianhuanhua, l’histoire devient lisible en chinois. Ce choix se révèle particulièrement utile pour les élèves de collège et de lycée désirant pratiquer la lecture des sinogrammes dans le cadre des cours de chinois dans les sections orientales. Les scènes de la vie quotidienne, en particulier les repas à base de chao gan (pains farcis à la vapeur) et de beignets youtiao offrent un témoignage de la culture chinoise à travers la vie d’une étudiante. Pour les enseignants de géographie, les scènes représentant des hutongs, sihueyans et temples pourront être utilisées pour l’étude des recompositions spatiales à l’oeuvre dans la Chine contemporaine. A titre d’anecdote, on retrouve notamment les Galeries Lafayettes dans l’artère commerciale de Xidan.

Patayo Editions prévoit la parution d’un roman graphique du taïwanais Chen Uen, nommé « des assassins », s’inspirant des écrits de l’historien chinois Sima Qian en janvier 2021. Ce projet plaira sûrement aux professeurs d’histoire-géographie qui enseignent les relations entre la Chine des Han et l’empire romain au collège. Espérons que la lecture en soit aussi agréable qu’Encre de Chine !

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes