Mercredi 8 novembre 2017, dans les locaux des ateliers Canopé à Marseille, 31 bd. d’Athènes, (1er arr.), s’est déroulée la présentation de l’ouvrage collectif réalisé sous la direction de Laurent Douzou et Tristan Lecoq, Enseigner la Résistance, dont l’ambition est annoncée, dès l’avant propos : « concevoir un outil efficace et précis à destination de nos collègues ». Le livre se veut un trait d’union entre la recherche scientifique et les pratiques pédagogiques, une coopération étroite entre chercheurs et professeurs du 2nd degré en poste, adossée à la Fondation de la Résistance [Le thème du Concours National de la Résistance et de la Déportation pour l’année 2017-2018 est « S’engager pour libérer France »].

La conférence de présentation s’inscrit dans la même veine, puisqu’elle réunit Tristan Lecoq, Inspecteur général de l’Éducation nationale, professeur des universités associé (histoire contemporaine) à l’université Paris-Sorbonne, président du jury national des correcteurs du Concours national de la Résistance et de la déportation (CNRD), J.-M Guillon, professeur des universités émérite (Histoire contemporaine), membre du Laboratoire Temps, Espaces, Langages, Europe méridionale – Méditerranée (Université Aix-Marseille-CNRS) et Hélène Staes, responsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance.

Après s’être attardés sur la valeur symbolique du lieu [Le Centre Régional de Documentation Pédagogique se situe dans l’ancien hôtel Splendide, qui a accueilli le journaliste Varian Fry jusqu’à l’occupation de la zone libre par les Allemands. L’hôtel est ensuite utilisé par l’État-major allemand. En janvier 1943, une bombe lancée à l’intérieur servira de prétexte au déclenchement de l’opération de destruction du quartier du Panier] qui accueille une assemblée composée essentiellement de professeurs d’histoire-géographie.

Tristan Lecoq et Jean-Marie Guillon nous proposent une présentation à deux voies, permettant de prendre en compte l’engagement civique et de mieux cerner les enjeux de la Résistance, tout en précisant la place de Marseille dans ce contexte.Loin de la « révolution paxtonienne » [Robert Paxton, La France de Vichy, Paris, Seuil, 1973] des années 1970, et de sa grille de lecture dominante jusqu’au tournant des années 1990-2000 [Se référer aux travaux de François Marcot, Pierre Laborie et plus particulièrement aux six colloques réalisés entre 1993 et 1997 sur « La Résistance et les Français »], l’ouvrage collectif présenté s’inscrit à la fois dans un courant historiographique renouvelé depuis une trentaine d’années, grâce notamment à l’apport de plus en plus important d’autres disciplines et notamment des sciences sociales, mais également dans les débats actuels qui continuent d’animer la communauté des historiens.

Toute la complexité de la Résistance est ainsi soulignée et Tristan Lecoq soulève quelques unes des questions qui se posent pour tenter d’en comprendre les mécanismes : la question des motivations, celle des finalités, des formes… Étudier la Résistance, c’est entrer dans cette complexité d’une question qui se pense dans un contexte historique et dans des espaces géographiques. Les grands moments de la Résistance articulent le découpage du livre et sont commentés par Tristan Lecoq et J.-M Guillon.

1940-1941 : Décider ou le temps des débuts et des pionniers de la résistance

Le livre s’ouvre avec la contribution de Cécile Vast [Laurent Douzou, Tristan Lecoq, op. cit., p. 21], qui met en évidence tout le traumatisme de l’effondrement, politique, social, militaire, d’une France qui n’est plus, dès 1940, ni centralisée, ni homogène. A ce titre, J.-M Guillon souligne l’importance de la géographie des territoires : elle se dessine dans une carte s’éloignant de la simplification habituelle entre une France divisée en zone libre et zone occupée. La diversité des situations s’applique aussi à l’échelle marseillaise [Alors que le massif alpin est occupé par les troupes italiennes dès 1940, Marseille reste administrée par le gouvernement de Vichy, puis par les autorités allemandes, à partir de novembre 1942].

Dans cette France, occupée et démembrée, résister reste quelque chose à créer pour « ces hommes partis de rien » [René Cassin, Les hommes partis de rien. Le réveil de la France abattue, 1975]. Si dans le chapitre 2, Julien Blanc travaille sur les premiers résistants en zone occupée et sur la diversité des milieux dans lesquels ils apparaissent, Tristan Lecoq et J.-M Guillon en profitent pour évoquer les cas de Gustave Monod, inspecteur général qui refuse d’appliquer le statut du 3 octobre 1940 [Lecoq Tristan et Léderlé Annick, Gustave Monod. Une certaine idée de l’École, Sèvres, Centre international d’études pédagogiques, 2009] et de Félix Gouin, maire d’Istres qui après avoir refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, poursuit son engagement dans la résistance dans ce qui deviendra le réseau Brutus. Enfin, la contribution de Jean-François Muracciole interroge cette cohorte d’individus qui a constitué la France libre et qui n’a rien à voir avec la France [Le réseau Brutus est un réseau de résistance affirmant la résistance des socialistes, né de la rencontre de militants marseillais, dont Félix Gouin, André Boyer et Gaston Defferre. Le réseau s’étend progressivement à l’ensemble du territoire].

1942-1943 : Agir, des résistances à la résistance

C’est la période où l’on passe des résistances à la résistance, avec le rôle central joué par Jean Moulin. Tristan Lecoq souligne l’importance des questions matérielles qui se posent : celle de la communication, des financements … J.-M Guillon signale les contributions de Bruno Leroux qui dresse un tableau d’ensemble de la Résistance intérieure répartie entre une certaine homogénéisation des trois mouvements principaux en zone occupée et la grande diversité qui caractérise les mouvements et les différents réseaux en zone libre. Sébastien Albertelli montre comment on passe des résistances à la résistance. Autrement dit, comment on assiste à ce que J.-M Guillon appelle la « républicanisation de la Résistance ». Enfin, Thomas Fontaine s’engage dans le chantier neuf de la répression de la résistance et fait apparaître les différents acteurs.

1944-1945 : Libérer et reconstruire la France

Au-delà de la question militaire qui ne doit bien sûr pas être négligée, la réflexion se poursuit et s’ouvre sur la reconstruction d’une France que les résistants repensent. Des sujets habituellement peu évoqués : celui de l’école et pour lequel Tristan Lecoq revient sur l’instauration de l’instruction civique dans le secondaire, sous l’impulsion de Louis François, agrégé de géographie. Mais également d’autres sujets comme celui de l’énergie nucléaire ou encore de l’urbanisme après la Libération.

La dernière partie du livre concerne les souvenirs, les mémoires et l’histoire et a été rédigée par Pierre Laborie et Laurent Douzou. Elle permet, grâce aux trois contributions de revenir sur le cœur du travail de l’historien : comprendre et déconstruire les mythes.

Tristan Lecoq et J.-M Guillon finissent en insistant sur le choix des illustrations inédites qui figurent dans l’ouvrage et s’attardent tout particulièrement sur celle de la couverture. Etonnante, elle montre trois étudiants membres du mouvement de Résistance Défense de la France, au printemps 1943. Geneviève de Gaulle, Hubert Viannay et Marguerite-Marie Houdy, penchés, probablement, sur un tract clandestin, illustrent cette amitié mais aussi des destins, témoins d’une histoire qui ne reviendra pas [Trois mois après la prise de cette photographie, Geneviève de Gaulle est déportée à Ravensbrück et Hubert Viannay à Sachsenhausen où il meurt le 31 mai 1944].

Dans la dernière partie de la conférence, Hélène Staes présente l’espace pédagogique en ligne du réseau Canopé [Enseigner la Résistance->https://www.reseau-canope.fr/enseigner-la-resistance/#/[/footnote]. Divisé en 4 parties, il respecte le découpage de l’ouvrage collectif et permet aux enseignants d’accéder à plus d’une centaine de documents ainsi qu’à leurs analyses.

Liens avec les programmes scolaires :

  • Cycle 3 : Les élèves de l’école élémentaire étudient la Seconde Guerre mondiale dans leur environnement. La question de « La Résistance, la France combattante et la collaboration » y est évoquée.
  • Cycle 4 – classe de 3e :
    Thème 1 : « L’Europe, un théâtre majeur de guerres totales »
    Question 4 : La France défaite et occupée. Régime de Vichy, collaboration, résistance.
    Thème 3 : « Françaises, Français dans une République repensée »
    Question 1 : 1944-1947 : Refonder la République, redéfinir la démocratie
  • Lycée, classe de 1re séries ES / L
    Thème 2 : La guerre au XXe siècle
    Thème 5 : Les Français et la République
  • Lycée, classe de 1re, série S
    Thème 2 : La guerre et les régimes totalitaires
    Thème 3 : La République face aux enjeux majeurs du XXe siècle
  • – Lycée, classe de Tle, séries ES / L
    Thème 1 : Les mémoires : lecture historique
  • Lycée, classe de Tle, série S :
    Thème 1 : Le rapport des sociétés à leur passé

La liste des auteurs et le sommaire sont donnés à titre indicatif.

  • Dirigé par Laurent Douzou, Professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Lyon, membre de l’Institut universitaire de France et du Laboratoire de recherche historique Rhône- Alpes (CNRS) et Tristan Lecoq, Inspecteur général de l’Éducation nationale, professeur des universités associé (histoire contemporaine) à l’université Paris- Sorbonne, l’ouvrage a été rédigé par des historiens reconnus de la période.
  • Sébastien Albertelli, Docteur en histoire, chercheur associé du Laboratoire de recherche historique Rhône- Alpes (CNRS)
  • Julien Blanc, Professeur agrégé d’histoire à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), chercheur associé du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (CNRS)
  • Thomas Fontaine, Docteur en histoire, chercheur associé du Centre d’histoire sociale du xxe siècle (Paris 1-Sorbonne)
  • Jean-Marie Guillon, Professeur émérite à l’université d’Aix- Marseille, membre du Laboratoire Temps, Espaces, Langages, Europe méridionale – Méditerranée (CNRS)
  • Pierre Laborie, Directeur d’études honoraire à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
  • Bruno Leroux, Directeur historique de la fondation de la Résistance
  • Jean-François Muracciole, Professeur des universités en histoire contemporaine à l’université Montpellier 3
  • Cécile Vast, Docteure en histoire, chercheuse associée du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (CNRS)

Le livre est découpé en 4 parties et 12 chapitres qui permet de faire un état des recherches les plus récentes Chaque partie est accompagnée d’études de documents pensées et élaborées par des enseignants en poste dans le 2nd degré.

Partie 1 : Refuser et s’engager
1. L’effondrement de 1940
2. Les débuts de la Résistance
3. La France libre

Ressources

  • Le témoignage unique d’une pionnière de la Résistance
  • Retracer le parcours d’un résistant
  • Refuser et s’engager

Partie 2 : Agir
1. La Résistance intérieure et son action : mouvements, réseaux, maquis
2. Résistance intérieure, France libre et France combattante
3. Le prix de l’action : la répression de la Résistance

Ressources

  • L’affiche rouge
  • La presse clandestine numérisée
  • Agir

Partie 3 : Libérer, restaurer, refonder
1. Restaurer la France dans son intégrité territoriale
2. Restaurer l’Etat de droit
3. Restaurer la démocratie et la République

Ressources

  • La Libération vue par la Bête est morte ! de Calvo
  • Trouver des photographies de la Résistance
  • Libérer, restaurer, refonder

Partie 4 : Le souvenir, les mémoires et l’histoire
1. Définir la Résistance : illusoire ? nécessaire ?
2. Les mémoires emboîtées de la Résistance
3. Les questions posées par les historiens d’aujourd’hui aux résistants d’hier

Ressources

  • Un poète chef de maquis, René Char
  • Trouver et exploiter des témoignages de résistants
  • Le souvenir, les mémoires et l’histoire
  • Enseigner la Résistance autrement

Enseigner la RésistanceEnseigner la résistance

Sous la direction de Laurent Douzou et Tristan Lecoq

Canopé éditions, 2016, 155 pages, 16,90 €

Compte rendu de lecture de Joël Drogland

Adossé à une initiative de l’Inspecteur général de l’Education nationale Tristan Lecoq, ce projet éditorial co-dirigé par Laurent Douzou et Tristan Lecoq s’est développé avec le concours de la Fondation de la Résistance et de l’opérateur public Réseau Canopé. Ses concepteurs avaient une grande ambition : « Concevoir un outil efficace et précis à destination de nos collègues dont nous savons la tâche difficile (…) Fournir à celles et à ceux que la Résistance intéresse matière à nourrir leur enseignement« . Ils avaient conscience de placer la barre très haut. Ils peuvent être satisfaits du résultat !

Un excellent outil à l’usage des professeurs sur l’enseignement de la résistance

Laurent Douzou et Tristan Lecoq, tous deux historiens et membres du Comité historique et pédagogique de la Fondation de la Résistance, on assuré la direction scientifique et pédagogique de cette publication transmédia qui associe l’édition d’un ouvrage imprimé et la mise en ligne d’études de documents. Les nombreuses études de documents proposées sur des thèmes variés ont été conçues et élaborées par des collègues en poste dans le secondaire. Elles sont disponibles dans l’espace pédagogique en ligne qui accompagne la publication de l’ouvrage.

On trouve également dans cet ouvrage une sitographie qui met en valeur les principaux sites de référence institutionnels qui permettront aux collègues de trouver des ressources sur la Résistance et son enseignement : sites du ministère de l’EN (par exemple le portail national du Concours national de la Résistance et de la Déportation), sites du ministère de la Défense (par exemple Chemins de mémoire, Mémoire des hommes, l’ECPAD qui propose des archives photographiques et audiovisuelles, sites des Fondations mémorielles (Fondation de la Résistance, Fondation pour la mémoire de la Shoah, Mémorial de la Shoah, Mémoire et Histoire de la Résistance), sites des lieux d’archives majeurs (Service historique de la Défense, Archives nationales), sites de bases documentaires. Les collègues doivent par exemple savoir que le Musée de la Résistance en ligne, qui est un département de la Fondation de la Résistance, est du plus grand intérêt car il propose des expositions virtuelles (en constante évolution, voir par exemple la récente exposition sur les brassards FFI), une base média, un espace pédagogique coopératif, des centaines de notices diverses etc.

De claires synthèses des connaissances actuelles et des débats historiographiques de la résistance

Les directeurs de l’ouvrage ont demandé aux historiens les plus qualifiés par leurs domaines de recherche de rédiger en quelques pages, sur tous les thèmes de l’historiographie de la Résistance une synthèse « à la fois claire, exigeante et suggestive ». Les huit auteurs qui ont accepté de relever ce défi y sont parvenus. On trouve parmi eux le directeur historique de la Fondation de la Résistance (Bruno Leroux), des universitaires connus et reconnus (Pierre Laborie, Laurent Douzou, Jean-Marie Guillon, Jean François Murraciole), et de jeunes chercheurs dont les thèses récentes ont renouvelé l’historiographie de plusieurs domaines de l’historiographie de la Résistance : Sébastien Albertelli , Thomas Fontaine, Cécile Vast .

Ce qui nous est proposé ici est sans doute le meilleur état des connaissances qui soit disponible (dans un ouvrage illustré, à la mise en page soignée et aérée de seulement 160 pages !). Quatre parties de chacune trois chapitres structurent l’ouvrage.

La première partie, Refuser et s’engager fait le point sur l’effondrement de 1940 (effondrement de tout un pays et pas seulement défaite militaire ; expérience et perception de la défaite imprègnent l’univers mental des contemporains, construisent et modèlent leurs représentations du futur), sur les débuts de la Résistance (le refus initial et ses gestes ; les premiers regroupements ; les temporalités et les activités ; le poids de la répression), la France libre (esquisse de sociologie; les FFL ; la place de l’Afrique dans la France libre ; la France libre comme ambition politique ; vers le Gouvernement provisoire).

La seconde partie, Agir, propose d’abord un tableau de la Résistance intérieure : mouvements, réseaux, maquis (les mouvements : un développement différencié selon les zones ; le foisonnement des réseaux : renseignement, évasion, action ; le rôle du Parti communiste et de ses organisations-relais ; le développement des maquis) ; ensuite sont traités les relations Résistance intérieure, France libre et Fra,nce combattante (France combattante ou Résistance française ? Résistance intérieure et France libre : une découverte mutuelle ; la naissance de la Résistance française ; les dimensions techniques de la liaison ; une rencontre) ; est enfin abordée la répression de la Résistance (acteurs -administration militaire, Abwehr, Sipo-SD, forces de l’ordre françaises – ; domaines et techniques de lutte ; procédures).

La troisième partie, Libérer, Restaurer, Refonder présente d’abord la restauration de la France dans son intégrité territoriale (préparation ; question de l’insurrection nationale ; batailles et libérations ; derniers combats et victoire), vient ensuite la restauration de l’état de droit (préparer la prise du pouvoir ; une situation révolutionnaire… assez vite maîtrisée ; rendre justice ; la reprise en main) ; enfin la restauration de la démocratie et de la République (préparer le retour à la démocratie ; deux France ? Résistance et régénération de la vie politique ; une transition démocratique réussie : les élections de 1945).

La dernière partie, Le souvenir, les mémoires et l’histoire aborde le champ de l’histoire de la mémoire, les questions historiographiques, les débats et les objets les plus récents de la recherche : Définir la Résistance : Illusoire ? Nécessaire ? (Une démarche inutile ? Tenter de préciser entre le nécessaire et le possible ; Action et sens), les mémoires emboîtées de la Résistance (une mémoire très difficile à illustrer et à commémorer ; les commémorations officielles et l’envers du décor ; l’entre-soi de la mémoire des résistant-e-s ; les discours politiques ; la résistance à l’écran ; le travail historique ; deux angles morts -ou comment aborder la mémoire de la Résistance par les timbres-poste), les questions posées par les historiens d’aujourd’hui : le poids des représentations du présent sur l’écriture de l’histoire du passé ; le rôle et la place des femmes ; le rôle et le sort des juifs ; la prise en compte des représentations de l’imaginaire et de l’opinion ; l’ancrage social de la Résistance ; l’attention portée aux débuts de la Résistance ; penser vraiment les notions d’héroïsme, de légende et de mythe.

Les professeurs trouveront sur tous ces points un état des connaissances actuelles, qui ne sont pas toujours prises en compte dans les manuels car elles appellent des nuances que le temps imparti et la nécessaire simplification ne permettent pas. Ainsi par exemple du résistancialisme de la France d’après guerre solidement remis en cause par Laurent Douzou : La place de la mémoire de la Résistance dans le dispositif mémoriel d’ensemble de la période des années noires est autrement complexe que ce que suggère l’usage du concept englobant de « résistancialisme ».

Des études de documents adaptées aux programmes et accessibles en ligne

Il a été demandé à dix enseignants de proposer des études de documents sur des thèmes divers, en liaison avec les chapitres traités. On trouvera donc une vingtaine d’études de documents, qui sont toutes librement accessibles en ligne et qui sont abordées dans le livre. Elles s’appuient sur les acquis historiographiques récents, rassemblent chacune quatre à cinq documents souvent originaux et toujours bien choisis, contextualisés et analysés. Au total une centaine de documents sont consultables et téléchargeables par les enseignants qui peuvent aussi les sélectionner pour élaborer leurs propres séquences de cours.

Quelques unes des études de documents : Les motivations des pionniers de la Résistance à travers le journal d’Agnès Humbert ; S’engager dans la France libre ; Un mouvement : Défense de la France ; Un maquis : le Vercors ; L’évolution de la stratégie répressive de l’occupant et de Vichy ; Vers un renouveau social et politique à la Libération ; L’amalgame : une question militaire et politique ; La Résistance dans la bande dessinée ; La construction de la mémoire de la Résistance à travers la toponymie urbaine ; L’Armée des ombres, Kessel-Melville. Entre écriture de l’histoire et fiction créatrice etc.

A propos de la photographie de couverture

Elle peut étonner car il n’est pas fréquent de voir la Résistance ainsi représentée. Elle est pourtant le reflet d’une réalité essentielle : la jeunesse, la camaraderie, la joie d’être ensemble dans l’action, l’enthousiasme et la foi dans l’avenir. Trois étudiants, membres du mouvement Défense de la France, posent devant l’objectif, à Taverny au printemps 1943. Debout, fumant la pipe, Geneviève de Gaulle, la nièce du général. Assis, Hubert Viannay, le frère de l’un des fondateurs du mouvement, et à ses côtés Marguerite-Marie Houdy dont les parents ont mis à disposition leur maison de campagne pour abriter l’une des deux presses qui permet d’imprimer leur journal clandestin. Cette photographie constitue à postériori le dernier souvenir tangible d’une camaraderie et d’une joie de vivre partagées dans une action clandestine à l’issue souvent tragique. Trois mois plus tard deux d’entre eux seront déportés : Geneviève de Gaulle à Ravensbrück et Hubert Viannay au camp de Sachsenhausen où il meurt le 31 mai 1944.

On l’aura compris, un tel ouvrage s’impose dans tous les CDI et les cabinets d’histoire. Le plus logique serait d’ailleurs que le ministère en adresse un à chaque professeur… d’autant plus que Noël approche.

© Joël Drogland