Enseigner l’histoire-géographie en terminale ? Cet ouvrage, fruit d’un travail collectif de professeurs de lycée qui permet de couvrir l’intégralité du programme de terminale générale, peut y aider. Les auteurs précisent que leur but est de « donner des outils afin d’aider chaque professeur à déployer son expertise professionnelle ». En ce sens le projet est parfaitement mené.
Les fondements théoriques
Dans cette partie, les auteurs présentent d’abord les grands éléments de structuration du programme autour des capacités et méthodes notamment. Ensuite, il y a un point synthétique sur la logique des points de passage et d’ouverture avant de souligner quelques points saillants du programme, comme la nécessité d’articuler les échelles d’analyse ou évidemment de problématiser. On trouve aussi une présentation globale sur la géographie qui insiste, par exemple, sur le fait que l’approche sur la mondialisation est résolument territoriale. Les auteurs reviennent également sur la place à accorder à la France. La partie se termine par un point sur la question de l’évaluation d’un enseignement de tronc commun ainsi que sur le travail nécessaire sur l’oral.
Une organisation claire et structurée
La présentation s’organise ainsi : une mise au point scientifique rapide avec un fil conducteur, les principaux éléments de problématique, des ressources ainsi qu’un descriptif des notions et capacités de la séquence. Ensuite on trouve un découpage heure par heure avec une question fil-conducteur, des propositions de supports puis un descriptif-déroulé de la séance. Pour certaines des ressources, il faut cliquer sur les liens pour y accéder. On trouve également des propositions qui peuvent être réalisées à la maison par les élèves. L’ouvrage donne aussi des pistes pour travailler les PPO, un des éléments nouveaux pour enseigner en terminale l’Histoire géographie. C’est donc un ouvrage rassurant pour qui ne se sent pas sûr sur tel ou tel chapitre ou aspect d’une question. Après chaque thème, on trouve une page « Vers le baccalauréat » qui présente un entraînement sous forme d’exercice.
Des élèves actifs
On apprécie la diversité des propositions avec, par exemple, pour le chapitre 1 d’histoire un tableau de synthèse sur les sorties de crise dans les années 30. Dans le chapitre sur les régimes totalitaires, les élèves travaillent en binômes pour élaborer une consigne d’analyse de document de type évaluation commune. Pour la séance sur « La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire » les auteurs proposent un dispositif qui permet de travailler l’oral de façon originale. Les élèves ont des thèses à défendre lors de courts débats à quatre.
Ainsi, autour de l’année 1945, les quatre variantes sont « Les Alliés dominent le monde », « Les Alliés ne dominent pas le monde » « Le monde créé après 1945 est un monde nouveau » et « Le monde créé après 1945 reprend des éléments anciens ». Pour les attentats du 11 septembre 2001, la proposition pédagogique met l’accent sur le fait de faire réfléchir les élèves à ce qu’est un évènement en s’appuyant sur des critères énoncés par Michel Winock dans un article de 2002. Dans la séance proposée sur la laïcité, on aurait pu envisager la mention d’un lien avec le programme d’Enseignement moral et civique.
Un exemple de séquence pédagogique en histoire
Le choix a été fait de présenter en détails un exemple car l’ensemble du programme est couvert. Le deuxième thème « La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire » est découpé pour un total théorique de 12 heures là où Eduscol indique de 13 à 15 heures. Il a été fait le choix ici de consacrer trois heures à « l’année 1968 dans le monde : évolutions des sociétés et nouvelle donne géopolitique ». Dans un premier temps la classe est organisée en groupes d’élèves visionnant chacun une des trois vidéos mise à disposition par le professeur pour enseigner l’Histoire géographie en terminale.
Chaque groupe identifie les formes, les acteurs et des éléments de chronologie notamment. Les groupes sont ensuite reconfigurés avec des élèves ayant travaillé sur des vidéos différentes et chaque élève explique aux autres ce qu’il a préparé. C’est l’occasion également de mettre en relation ces contestations avec la logique bipolaire. Les élèves disposent d’un schéma fléché pour les aider à la prise de notes sur cette partie. Enfin, dans un dernier temps, le professeur met en évidence les autres facteurs de contestation. Les élèves doivent répondre à la question : « L’année 1968 marque-t-elle la fin d’une époque ? ».
Ils disposent pour cela de l’ensemble du travail préparatoire et on aboutit à l’idée que, plus qu’une révolution mondiale, l’année 1968 marque une rupture dans l’adhésion aux modèles proposés dans de nombreuses sociétés.
Un exemple de séquence pédagogique en géographie
Le même choix d’organisation a été fait en géographie. Pour la séquence 1 « Mers et océans vecteurs essentiels de la mondialisation » du thème 1 « Mers et océans au cœur de la mondialisation », les auteurs proposent une approche en trois temps. La première séance s’intéresse à la mer de Chine méridionale comme étude de cas, suivie d’une sur « Mers et océans : un nouvel eldorado de ressources ? », et enfin « En quoi mers et océans sont-ils au cœur d’échanges mondialisés ? ». La séquence 2 porte sur « Mers et océans : entre appropriation, protection et liberté de circulation » et se déroule sur trois heures. La troisième et dernière séquence est centrée sur la France et s’interroge pour savoir s’il s’agit d’une puissance maritime, avec également un volume de 3 heures prévues pour enseigner l’Histoire géographie en terminale
L’ensemble dure donc 10 heures, évaluation non comprise là où Eduscol conseille de 13 à 15 heures. Cela peut donc permettre à l’enseignant de gérer le temps s’il déborde sur une séance type prévue en une heure. Parmi les activités proposées, on relève un travail sur le croquis et un zoom sur le port de Singapour. Des activités autour de vidéos courtes et ciblées sont également proposées comme celle avec « Le dessous des cartes ». Les fils conducteurs sont clairs et peuvent se révéler très utiles là aussi si on ne se sent pas assuré sur le sujet.
Cet ouvrage peut donc être une aide précieuse pour enseigner le nouveau programme de terminale. On apprécie notamment le fait de donner des repères clairs qui peuvent permettre ensuite à chacun de construire ses propres séances pour enseigner en terminale l’Histoire géographie
Jean-Pierre Costille pour les Clionautes