Deuxième édition d’un titre déjà publié en 2019 sous le même intitulé, l’ouvrage « Le monde en cartes. Méthodologie de la cartographie » est republié dans une nouvelle édition avec ce même objectif de proposer un outil méthodologique et pratique pour une pratique généraliste de la cartographie.

Les auteurs ne changent pas. Matthieu Alfré est triple diplômé du Master de HEC Paris, de Sciences Po Paris et de philosophie à l’Université Paris-Sorbonne. Il s’est spécialisé dans l’enseignement en classes préparatoires et possède sa propre société de conseils. Christophe Chabert est cartographe, diplômé d’HEC et créateur du site www.mindthemap.fr où il propose une cartographie à la main de nombreux sujets d’actualité.

L’ouvrage est préfacé par Émilie Aubry, connue pour sa présentation sur Arte de l’émission « Le Dessous des Cartes ». Elle rappelle l’importance de la cartographie dans la compréhension du monde et l’intérêt de sa pratique en géopolitique. Elle rappelle « la dimension esthétique d’une carte » (p°7), mise en avant par la réalisation « manuelle » dans cet ouvrage.

L’introduction générale des deux auteurs montre leurs prétentions. La première phrase montre la volonté de constituer un manuel de préparation d’épreuves de cartographie (« les épreuves impliquant la réalisation de productions graphiques ne sont pas évidentes », p°9). Des choix éditoriaux sont explicités, notamment des productions à « petites échelles » (p°9) et un contenu basé sur « le programme des classes préparatoires ECS » (p°9). Cela va d’ailleurs expliquer le choix des thématiques et des informations représentées, très géopolitisées, faisant la part belle aux conflits, aux flux, à l’économie…

La partie « Méthodologie » constitue la première partie de l’ouvrage. Après la différenciation faite entre « carte » et « croquis », les auteurs proposent un mode d’emploi des principales attentes pour les concours, en lien avec des extraits des rapports de jurys d’ESCP 2021 et des concours de l’agrégation de géographie 2020 et du CAPES 2021. La méthodologie ne connait pas de modification par rapport à la première édition avec une présentation très synthétique des principaux attendus (p°20-21). Une proposition des « étapes de la réalisation » (p°22) sera d’une grande utilité pour tout étudiant ayant des appréhensions ou des difficultés sur la réalisation d’une carte. La démonstration du parallèle entre le croquis et la composition permet de rappeler l’importance de la dimension réflexive de l’exercice. Enfin, une sémiologie graphique simple mais efficace permet des rappels toujours utiles sur le sens des figurés et leur potentiel d’utilisation. Un exemple développé sur le sujet « Le territoire de la France » (p°38-39) donne un avant-goût des propositions qui seront développés dans la suite de l’ouvrage.

Les cartes sont ensuite décomposés en 6 grands thèmes. La construction est similaire en commençant chaque partie par une explication en deux pages des intentions des auteurs (« Enjeux »), une partie scientifique et explicative et la cartographie accompagnée de sa légende détaillée. Chaque carte regroupe entre une quinzaine et une vingtaine de figurés. La qualité graphique permet une très bonne lisibilité mais peut être ambitieux pour des étudiants qui chercheraient à les reproduire. Le premier thème concerne la mondialisation. Les sujets choisis autour de ce thème sont larges, associant des thématiques géopolitiques (« La configuration des puissances dans le monde », p°44 ; « La place des frontières dans la mondialisation », p°48) et géoéconomiques (« Les FTN : la chaîne de valeur mondiale d’Apple », p°60).

Les cinq autres thèmes sont des regards régionaux avec l’Europe comme premier thème. C’est dans cette partie que l’on retrouve la cartographie portant sur l’Union Européenne (« Intégration et fragmentation de l’Union Européenne », p°68-69) et sur la France (« Le territoire de la France », p°80-81). L’Afrique subsaharienne constitue le troisième thème avec une approche multiscalaire commençant par les thématiques propres à l’ensemble du sous-continent (« L’Afrique subsaharienne dans la mondialisation, p°90-91 ; « Les migrations en Afrique subsaharienne : bénédiction ou malédiction ? », p°94-95) et des zooms portant sur les problématiques de la Corne de l’Afrique (« La Corne de l’Afrique et sa périphérie : territoires en crise », p°102-103″). Un croquis sur le Nigeria clôt cette partie (« Le Nigeria : pays émergent ou État failli ? », p°104-105). Le quatrième thème porte sur le monde arabo-musulman avec des thématiques classiques. On retrouve ainsi la question de la puissance (« Les rivalités et rapports de puissance au PMO », p°112-113), de la religion (« Les relations entre les religions au PMO », p°116-117″) ou un focus sur la question israélienne (« Les expansions du territoire d’Israël depuis 1947 », p°127). L’Asie constitue l’avant-dernier thème, reprenant là encore des thématiques géoéconomiques (« Équilibres et déséquilibres du territoire asiatique », p°134-135) et des focus sur la Russie (« Le grand jeu de la Russie avec ses voisins », p°138-139), la Chine (« La stratégie géoéconomique et géopolitique de la Chine », p°142-143″) et le Japon (« La mégalopole japonaise : stratégie d’adaptation à la contrainte géographique », p°149). Le dernier thème porte sur les Amériques avec des thématiques là aussi classique comme l’étude des États-Unis (« Le territoire des États-Unis : outil de sa puissance ? », p°156-157), du Pacifique (« Le Pacifique dans la géopolitique américaine », p°160-161) ou du Brésil (« Brésil : un pays émergent à la trajectoire contestée », p°170-171).

Ce manuel constitue donc un outil très pertinent pour tout étudiant cherchant facilement à améliorer ses compétences cartographiques. Il peut constituer une ressource pertinente pour les enseignants qui souhaitent travailler les compétences du croquis en lycée via les thèmes de géographie de spécialité (« La place des frontières dans la mondialisation », p°50-51) ou de tronc commun (« L’agriculture en France : un modèle en bouleversement », p°83). Il sera parfois nécessaire de les simplifier. On pourra espérer dans une nouvelle édition un plus grand renouvellement des productions car il y a finalement très peu de changements entre les deux. Certains plans paraissent également améliorable dans la formulation. Le choix d’une cartographie à petite échelle, choix assumé par les auteurs, pourrait laisser aussi place à des productions à l’échelle locale, notamment sur des thématiques urbaines ou géopolitiques. Ce manuel viendra aisément compléter les bibliographies universitaires pour combler des besoins méthodologiques en cartographie, à associer avec les principaux ouvrages de référence scientifique des thématiques à étudier.