AIDER LES CITOYENS ET LES FUTURS CITOYENS À COMPRENDRE LE MONDE
Dans cet éditorial, Gérard-François DUMONT renouvelle l’objectif de la revue Population & Avenir. Elle doit aider à comprendre les évolutions en France, en Europe et dans le monde en prenant en compte l’éclairage révélateur des dynamiques des populations et des territoires. Pour se faire, le site web de la revue a été complètement refondé : https://www.population-et-avenir.com
DOSSIER par Jean-François LÉGER
ESPACES RURAUX ET ESPACES URBAINS : DEUX MONDES DIFFÉRENTS
Au début des années 2010, l’Insee titrait encore que près de 95% de la population de la France vivait sous l’influence des villes. En effet, la mesure de la part de la population de la France métropolitaine qui réside en milieu urbain ou rural dépend fortement de la façon dont les espaces sont catégorisés. Par exemple, le mot rural a disparu de la nomenclature géographique de l’Insee, remplacé par « communes hors influence des pôles ».
Cette vision est remise en cause par Eurostat, qui a récemment proposé une nouvelle typologie des territoires. Celle-ci montre que les espaces ruraux existent encore et qu’ils sont habités. Avec cette nouvelle classification, le territoire est découpé en carreaux de 1 km² qui sont regroupés s’ils remplissent une condition de densité de population et d’effectif démographique. Les espaces urbains sont très densément peuplés (1500 habitants par km² et plus de 50000 habitants). Les espaces intermédiaires sont des ensembles contigus de carreaux où la densité est comprise entre 300 et 1500 habitants par km² et qui rassemblent plus de 5000 personnes. Les espaces ruraux sont ceux dont la densité est inférieure à 300 habitants par km² et qui comptent moins de 5000 personnes. Par rapport à cette typologie européenne, l’Insee a souhaité distinguer, au sein des espaces ruraux, les espaces très peu denses (moins de 25 habitants par km² et moins de 300 habitants).
Avec cette classification, en 2015, 90% des communes françaises sont donc considérées comme rurales et la part de la population qui y réside s’élève à 35%. Les espaces densément peuplés réunissent 36% de la population sur 1% du territoire métropolitain. Au total, en considérant comme urbains les espaces de densité intermédiaire, la population urbaine représente 65% de la population de la France et se répartit sur 9% de la superficie de la France métropolitaine.
La distinction de chacun de ces espaces n’est pas seulement assurée par leur densité démographique, mais également par leur composition par âge, la catégorie socioprofessionnelle ou l’origine géographique de leurs habitants et le type de ménage qui y réside. La France urbaine très dense se caractérise par une proportion particulièrement élevée de jeunes adultes (les 18-39 ans). Le surplus de jeunes adultes dans la France des métropoles est symétrique au déficit de cette même catégorie d’âges dans la France rurale. La « jeunesse permanente » de la population des métropoles contraste avec le « vieillissement » des espaces ruraux. A l’exception de la France des communes de densité intermédiaire dont la pyramide des ages ressemble à celle de la population de l’Hexagone, les autres espaces sont caractérisés par des profonds déséquilibres. Logiquement, c’est dans les espaces les plus denses du pays que se concentrent les ménages composés d’une personne. Le gradient de densité démographique se double d’un gradient de concentration des catégories sociales les plus favorisées. La présence immigrée est également très différente d’un type d’espace à un autre. Dans la France des métropoles, les immigrés représentant 16% de la population, une proportion deux fois plus élevée que dans les communes de densité intermédiaire et quatre fois plus importante que dans la France rurale.
Faut-il dès lors continuer de ne voir dans le milieu rural qu’un espace résidentiel de repli pour une grande partie de la population de la France ? Depuis la fin des années 1990, ce sont les communes les moins densément peuplées qui ont connu la croissance démographique la plus soutenue. Selon l’auteur, cette persistance de l’intérêt des Français pour des milieux de vie moins denses, plus favorables à l’installation des familles et qui s’avèrent plus diversifiés socialement, devrait interroger les pouvoirs publics.
DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
ESPACES RURAUX, ESPACES URBAINS EN FRANCE MÉTROPOLITAINE : D’UNE ILLUSION À LA RÉALITÉ GÉOGRAPHIQUE
EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
MUMBAI : MODERNITÉ, INÉGALITÉS
Cette proposition très intéressante s’intègre dans la 3ème partie « Dynamiques géographiques de grandes aires continentales » du programme de géographie de Terminale. L’étude de l’Asie du Sud-Est doit débuter par une étude de cas : Mumbai. Il s’agit alors de montrer que la mégalopole économique de l’Inde est une ville mondiale en construction qui connaît une transformation de son territoire en s’intégrant dans la mondialisation.
Les élèves étudient d’abord 3 parcours : une touriste anglaise, un homme d’affaires indien et un Indien originaire d’un village à 2h de route de Mumbai. Puis, ils replacent sur Scribblemaps les différents lieux visités à l’aide de coordonnées géographiques. Enfin , un bilan permet de traiter le sujet : Mumbai : modernité, inégalités et de réaliser un croquis.
LE POINT SUR…par Vincent PACINI et Marc FOSSEUX
DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES : Y A-T-IL UN MODÈLE IDÉAL ?
On annonce souvent la concentration des activités économiques dans une poignée de métropoles connectées avec le monde, mais déconnectées de leurs territoires. Cette vision encourage des lois et des décisions publiques engendrant des fractures territoriales et des relégations sociales. Pourtant la circulation de richesses donne naissance à un processus de développement territorial particulier, fondé sur l’attractivité résidentielle et la qualité de vie lorsque l’économie locale tient principalement à la capacité d’un territoire à attirer et à retenir des habitants permanents ou temporaires et à fixer sur place leurs revenus. Il est important de sortir d’une représentation sectorielle du développement territorial centré sur les stocks de ressources (emplois, activités, équipements) au profit d’une approche plus systématique et globale, prenant en compte les flux de revenus.
Une nouvelle grille de lecture territoriale (voir le CR de Les territoires français : diagnostic et gouvernance) est proposée en prenant en compte le fait que la dynamique d’un territoire dépend aussi bien de sa capacité à produire des richesse (PIB) qu’à en attirer. On peut identifier 3 leviers de richesse pour les territoires : le levier productif correspond aux biens et services produits sur le territoire et exportés; le levier « présentiel » regroupe les activités destinées à satisfaire les besoins des populations et des entreprises d’un territoire; le levier résidentiel : il est constitué des revenus attirés par un territoire.
Pour Gérard-François DUMONT, « il n’y a de fatalité pour aucun territoire ». Les territoires ruraux ne sont par exemple pas les plus fragiles et les territoires urbains ne sont pas les plus robustes. Dans un territoire donné, le développement dépend de la capacité à stimuler les interactions entre les 3 leviers et à bâtir une dynamique propre qui crée de la valeur sur le plan économique comme sur le plan du bien-être en limitant les « fuites » de ressources (en hommes, en argent) hors du territoire. La gouvernance territoriale joue alors un rôle clé.
ANALYSE par Yves MONTENAY
LA RETRAITE EN FRANCE : UN PROJET DE RÉFORME TECHNIQUE SANS PRISE EN COMPTE DES RÉALITÉS FONDAMENTALES ?
Le gouvernement prévoit un vaste plan devant aboutir à « un système universel des retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que que soit le statut de celui qui a cotisé ». Les régimes spéciaux de retraite devraient alors disparaître et donc, en principe, leurs avantages.
Mais, selon l’auteur, cette réforme ne résout pas la question démographique. Or, les mesures démographiques sont impératives pour répondre aux problèmes concrets dûs à l’insuffisance de la population active. Mais c’est politiquement délicat de les mettre en œuvre.