Le texte s’organise de manière très pédagogique. L’ensemble est organisé en chapitres courts et aux titres évocateurs : qu’entend-t-on par étalement urbain ? Comment réguler l’étalement urbain ? L’auteur prend la peine de bien définir les termes du sujet et de montrer les différences entre les termes. Cette citation : « La périurbanisation est une déconcentration à petite échelle de l’étalement urbain. La métropolisation est une concentration du peuplement à une autre échelle, dans les grandes régions urbaines. » pourrait se révéler très utile, si on excepte un usage non géographique des termes petite et grande échelle. A la fin du volume, un pseudo quizz permet de tester ses connaissances. Le lecteur aurait toutefois aimé jouer le jeu jusqu’au bout. Malheureusement, les réponses sont données juste en dessous de la question !
Au-delà de ces réserves, on retiendra de la lecture de cet opus que l’étalement urbain est le résultat des choix d’un grand nombre d’acteurs, concernant l’habitat et l’emploi. Les causes de l’étalement urbain sont difficilement identifiables. Cela n’empêche pas les uns et les autres de chercher des solutions à celui-ci. L’une des solutions proposées par certains vise à promouvoir la ville compacte, économe à la fois en espace et en consommation énergétique et qui serait plus juste économiquement et socialement. Marc Wiel s’attache à montrer ici que la mise en œuvre de cette idée relève plus de l’utopie qu’autre chose. Sans mise en place de politiques de transports et d’urbanisme, la lutte contre l’étalement urbain sera facteur de discriminations dont souffriront les plus faibles. Il montre aussi que le lien entre étalement urbain et croissance de la mobilité n’est pas si évident car la mobilité non locale croît plus vite que la mobilité locale (< 100 km). Tourisme, loisirs, échanges interentreprises sont les moteurs de cette mobilité non locale et même intra urbaine. La recherche de la densité comme du polycentrisme (cf. expérience des villes nouvelles) n’amènent pas forcément la réduction de la mobilité. En revanche, la réduction de la vitesse, la mise en place de couloirs réservés aux transports collectifs comme à Grenoble a vraiment un impact sur les déplacements. Une autre solution semble être celle qui consiste à organiser le développement urbain le long de voies ferrées existantes sur le modèle de ce qui se fait avec les transports collectifs en site propre dans l’espace urbain. L’ensemble s’achève sur une interrogation qui peut surprendre : à quoi bon lutter contre l’étalement urbain ? C’est le résultat des difficultés rencontrées pour déterminer les causes de celui-ci, faute de quoi toute politique, plus ou moins ambitieuse, ne servira à rien ! © Catherine Didier-Fèvre