Cet ouvrage est la réédition d’un classique des classiques dans l’histoire des croisades. D’abord paru en plusieurs volumes, cette « épopée des croisades » est la synthèse d’un travail aussi pointilleux qu’enthousiaste publié dans les années 30.

Pour ceux qui sont habitués au style moderne de nos manuels d’Histoire, la première lecture risque de faire un choc. René Grousset prend le parti d’un style vivant, comme s’il était chroniqueur et témoin des faits qu’il raconte. Cela apporte une touche incroyable à cette oeuvre: c’est une oeuvre vivante, débordante de rythme et d’allers et retours, tant géographiques que temporels. D’un paragraphe à l’autre, nous sommes en Europe, puis dans le monde byzantin, dans les turpitudes des royaumes arabe-musulmans ou des Etats francs…

Ce rythme haletant ne doit pas faire penser néanmoins à une vision romanesque de l’Histoire. Le texte fourmille de dates, de personnages, de détails issus de sources multiples, signe du travail titanesque que pouvaient engager certains historiens à cette époque, et qu’incarnera la thèse de Fernand Braudel sur la Méditerranée.

Evidemment, cette oeuvre souffre aussi d’un certain nombre de défauts, comme cette vision très centrée sur les Francs et un déni assez régulier des Byzantins et des Arabes qui n’ont pas toujours bonne figure auprès de l’auteur. De même, certaines notions sont à remettre dans le contexte de l’époque, telle l’utilisation du terme « race » à plusieurs reprises.

De même, certains aspects des croisades sont absents de cette oeuvre et sont aujourd’hui bien mieux connus et/ou mis en avant: les massacres chrétiens, le quotidien des populations, les mélanges et enrichissements culturels. Ce sont les apports d’historiens comme John Tolan ou Michel Balard par exemple. Les croisades ne sauraient se limiter, ce qu’a tendance à faire ce livre, aux grands hérauts occidentaux, et la recherche historique a permis cela depuis maintenant une quarantaine d’année.

La lecture de cette épopée semble indispensable pour tout amateur d’Histoire en général, de cette période en particulier. Néanmoins, elle demande un certain nombre de lectures additionnelles afin d’en aborder les découvertes les plus récentes. Néanmoins, c’est une oeuvre prenante qui tiendra en haleine un grand nombre de lecteurs.

Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur

« Godefroi de Bouillon, Saladin, Saint-Louis… Jérusalem, Jaffa, Chypre, Constantinople… Animé d’un véritable sens du récit, alternant portraits, combats, alliances et intrigues, René Grousset raconte avec érudition, clarté et précision les neuf croisades qui, pendant deux siècles, bouleversèrent l’histoire de l’Occident chrétien et de l’Islam, depuis la prédication d’Urbain II à Clermont, en novembre 1095, jusqu’à ce 28 mai 1291 où les troupes du sultan El Achraf Khalil prirent Saint-Jean d’Acre et signèrent la fin du royaume franc d’Orient. Un classique »

Présentation de l’auteur sur le site Babelio 

« René Grousset (5 septembre 1885 à Aubais – 12 septembre 1952 à Paris) est un historien français, spécialiste de l’Asie, et membre de l’Académie française.
René Grousset fait ses études à Montpellier. Il est engagé pendant la Première Guerre mondiale, puis devient professeur d’histoire et de géographie à l’école des Langues orientales. Il est chargé de cours à l’École des sciences politiques, conservateur au Musée du Louvre, conservateur au Musée Guimet à partir de 1929, puis directeur du Musée Cernuschi à partir de 1933. Il est secrétaire du Journal asiatique et membre du Conseil des musées nationaux.
Avec Ernest Seillière, Jean Tharaud, Octave Aubry et Robert d’Harcourt, il est une des cinq personnes élues le 14 février 1946 à l’Académie française lors de la première élection groupée de cette année visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l’Occupation. Il est reçu le 30 janvier 1947 par Henry Bordeaux au fauteuil d’André Bellessort.
L’Épopée des Croisades et l’Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, constamment réédités depuis sa mort, comptent encore aujourd’hui parmi les ouvrages de référence sur les Croisades, tant par leur richesse que par la beauté classique de leur style.
Le médiéviste Pierre Aubé écrit de lui : « Cet historien, qui a su s’appuyer sur le meilleur des plus grands orientalistes de son temps, dont l’érudition est d’une rare solidité quand il s’agit d’établir des faits, est très orienté quand il s’agit de les interpréter. Son angle de vision est très marqué par l’utopie colonialiste qui avait cours dans les années 1920-1930 où il a construit son opus magnum. » (Un croisé contre Saladin, Renaud de Châtillon, Fayard, 2007, p. 82, n. 1.) »