Cinq ans après la pandémie de COVID-19 qui a frappé la France ainsi que le reste du Monde, les bilans et retours d’expérience vont commencer à fleurir. L’ouvrage proposé ici par Nicolas Pressicaud se présente sous la forme de chroniques. L’auteur, enseignant en histoire-géographie-EMC et lettres témoigne de son Allier rural au travers des différentes « saisons » qui ont rythmé l’épidémie dans le but d’offrir un triple regard sur la gouvernance, l’enseignement et les territoires.
La saison 1 (la première vague) débute au confinement. Tout est tâtonnement. Les vols baissent, les accidents de la route aussi mais les violences conjugales explosent. L’environnement se purifie. L’école est malmenée avec des décrocheurs réels mais d’autres fantasmés. Les hôpitaux s’encombrent, certains renoncent spontanément aux soins, de peur de surcharger les services. La prise de poids liée au manque d’activité est indéniable. Dès les débuts, Nicolas Pressicaud pointe la fragilité de l’attestation dérogatoire et l’injustice des privations : malheureusement, il était plus commode pour nos dirigeants de ne faire qu’une seule et même règle pour tous que d’essayer d’apprécier les particularismes régionaux.
C’est ce fil conducteur que l’on retrouve dans les autres saisons. Les saisons suivantes se manifestent par davantage de contraintes (notes et assiduité) côté enseignement. Le monde du spectacle et du tourisme commence à accuser le coup. Les chiffres des contaminations ne baissent pas vraiment. La recherche de vaccins avance mais lentement alors que la seconde vague est moins homogène. Le couvre-feu est contre-productif et pousse les populations à s’agglutiner pour être de retour à domicile dans les temps. Mais si le gouvernement desserre la vis, les soignants auraient préféré reconfiner. Les premières attaques en justice arrivent. Le territoire national se recompose avec un attrait pour le rural et une certaine désaffection des centres. Le report d’opérations non urgentes au départ fait progresser la mortalité hélas.
S’ensuit le début de la coercition avec la vaccination des soignants et le pass sanitaire, l’arrivée du variant omicron, les discothèques fermées alors que celles-ci se testaient très spontanément pour éviter les clusters, la disgrâce de Didier Raoult, la valse des protocoles sanitaires. L’élection présidentielle de 20222 a amené son lot d’assouplissements. Juillet 2022 signe la fin de l’analyse : la fin de l’’état d’urgence sanitaire, la dissolution du conseil scientifique, la fin de l’obligation de port du masque et la fin du pass vaccinal.
Agrémenté de tableaux chiffrés qui nous laissent imaginer les cartes qui permettraient d’illustrer les inégalités décrites, le livre offre également quelques recommandations personnelles de l’auteur en termes de lecture. Nous avons là un témoignage intéressant croisant la vision d’un acteur ayant son mot à dire sur les dimensions scolaires et territoriales et qui apporte une pierre à l’édifice de la compréhension de notre fragile mondialisation.