Les grands fonds marins, milieu inhabitable par l’humain, suscitent pourtant chez lui des sentiments contradictoires qui vont de la fascination à la peur. C’est donc aussi un espace d’imagination et un lieu de position stratégique. Ce livre est le fruit d’un travail interdisciplinaire avec pas moins de douze chercheurs venant de sept disciplines différentes.

Une approche en deux temps

Cet ouvrage a pour but de déconstruire des idées reçues en cinq chapitres. Chaque partie est introduite par des planches de bande dessinée qui sont suivies d’un texte ayant pour objectif de permettre au lecteur d’aller plus loin.

Où se situent les grands fonds marins ?

Leur définition reste floue et diffère selon les spécialistes. Une définition pratique peut être de considérer les fonds à partir de 200 mètres de profondeur car c’est la distance à partir de laquelle la lumière du soleil ne passe plus assez pour soutenir la photosynthèse. Plus de 80 % de l’océan se situe sous 200 mètres de profondeur. Il faut savoir que 3700 mètres est la profondeur moyenne de l’océan. Ce n’est pas parce qu’ils sont très profonds qu’ils sont forcément loin de nos côtes. Le texte proposé à la suite reprend l’ordre de la bande dessinée en approfondissant.

Que sait-on des grands fonds marins ?

Jusqu’au XIXe siècle, on ne sait pas grand chose. La communauté internationale incite aujourd’hui à tenir compte des savoirs ancestraux pour prendre les bonnes décisions. Le matériel a profondément changé et il faut se souvenir qu’il a fallu attendre les années 1950 pour obtenir la première carte réaliste des fonds océaniques. On sera peut-être surpris d’apprendre que 95 % des fonds marins ont été cartographiés depuis l’espace. La biodiversité des grands fonds marins est riche et unique tout en ayant un fonctionnement lent et par conséquent fragile. Les peuples du Pacifique ont développé une cartographie sensorielle des fonds marins. On peut mentionner l’existence en Polynésie du rahui, un dispositif qui permet d’interdire temporairement l’exploitation de certaines ressources.

Que trouve-t-on dans les grands fonds marins ?

Ici, le soleil n’éclaire plus mais un autre phénomène essentiel existe : la bioluminescence. Il s’agit de la lumière émise par les plantes ou les poissons et celle-ci peut jouer plusieurs rôles comme le camouflage, la défense ou encore la communication. En tout cas, les grands fonds marins ne sont pas vides. Les auteurs abordent aussi la question du bruit et de tout ce que l’homme laisse là comme les câbles. Les problèmes existent comme les plastiques ou les épaves qui seraient au nombre de trois millions !

A quoi servent les grands fonds marins ?

Les grands fonds marins sont le poumon de la planète et agissent comme des puits de carbone. Ils sont de puissants alliés contre le changement climatique. Ils sont aussi un réservoir pour manger et représentent des potentiels importants pour la santé. Les auteurs abordent la question des nodules polymétalliques. Ce sont des sortes de galets mesurant entre deux et huit centimètres dont la formation résulte de l’accumulation durant des millions d’années. Leur rentabilité reste à démontrer.

A qui appartiennent les grands fonds marins ?

Il existe des règles différentes selon les cadres politiques. Si le droit permet une répartition des grands fonds marins, il reste encore beaucoup à construire juridiquement pour les préserver. La convention de Montego Bay est évidemment abordée. Aujourd’hui, un des enjeux est l’extension du plateau continental. La France l’a déjà étendu de 729 000 km2, soit tout de même 1,3 fois la superficie métropolitaine.

L’ouvrage se termine par une contribution de Paul Watson. A propos des grands fonds marins, il souligne que cette incursion doit être menée avec responsabilité, animée par la soif de connaissance et non par la cupidité et le profit. Il souligne que ce monde ne nous appartient pas. Ce livre illustré offre une synthèse de qualité sur un thème abordé à la fois en collège et en lycée.