Voici comment la revue se présente : « Réunissant une équipe de spécialistes de diverses sciences humaines et sociales (économie, ethnologie, géographie, histoire, littérature, sociologie), la revue envisage le football, entendu sous ses différentes variantes, à travers des dossiers thématiques en croisant ces diverses approches. Une attention particulière est portée aux sources, à la mémoire, au patrimoine, aux représentations et à la culture matérielle des différents footballs. » Elle s’inscrit dans cette démarche d’historiens, depuis plusieurs années, de redonner au sport, et au football en particulière, cette dimension intellectuelle qui lui est souvent déniée.
A travers un mélange d’une quinzaine d’articles, ce sont différentes thématiques qui sont évoquées. Le dossier principal de ce numéro est celui des ports. A travers ces hyperlieux, pour reprendre un terme anachronique de Michel Lussault, les différents auteurs traitent pèle-mêle de professionnalisation, de flux humains, de culture club, d’identité et d’identification, de politique, d’universalisation de ce sport populaire. De Split à Oran, en passant par Anvers ou Boulogne-Sur-Mer, avant d’aller à Rio de Janeiro, ce sont de multiples histoires d’hommes, de clubs, de villes où se mêlent succès et échecs, scandales politico-financiers, rivalités commerciales et intellectuelles, stratégies marketing.
Il en ressort cette impression que le football ne peut pas et ne doit pas se résumer à ce à quoi on le renvoie trop souvent, à savoir un rendez-vous de bas du front. Le football est clairement un phénomène englobant, sociétal et historique dont les enjeux sont multiples. Il s’inscrit parfaitement dans chacune des époques qu’il traverse et en est souvent le reflet.
Le dernier tiers de la revue rassemble quelques articles intéressants, dont une interview d’une des figures majeures du football français des années 80, l’arbitre Robert Wurtz, trop souvent résumé à son excentricité sur les terrains. Plusieurs compte-rendus d’ouvrages montrent la richesse et la diversité des publications sur le football en France, même s’il reste encore du retard, en quantité, par rapport aux pays anglo-saxons.
Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur
« Inventé et codifié en Angleterre, le football a été exporté par les expatriés britanniques. Les ports et littoraux deviennent les premiers lieux d’implantation du jeu comme à Rio de Janeiro ou le littoral du nord de la France. Très vite, les différentes catégories sociales portuaires, notamment les armateurs, adoptent le jeu et en font un spectacle international à Anvers, Oran ou Split. Les clubs sont soutenus par des supporters fiers de leur identité maritime en Bretagne, à Gênes, au Havre ou à Toulon. Les ports jouent aussi un rôle majeur dans la construction du football international. Le football est enfin partie prenante de la résistance à l’invasion comme à Split ou l’oppression communiste à Gdansk. »