En 2019, Gurvan Kristanadjaja, journaliste pour le service société de Libération mais également auteur, s’est fait avoir. Alors qu’Instagram s’infiltrait insidieusement dans le confort de son ennui, une succession de stories sur un sac l’ont convaincu de l’offrir à sa copine… qui en détestait la couleur ! Anecdote authentique ou pas, cet épisode est le point de départ de sa réflexion sur le monde de l’influence et des influenceurs.
Après la mésaventure du sac, le journaliste s’est en effet lancé dans une enquête en s’appuyant sur des références sérieuses et son propre témoignage. Pour comprendre les mécanismes de l’influence et de la publicité qui va avec, il a créé un compte Instagram à son chien : @sirius_lekiki.
Une immersion drôle et instructive dans le monde de l’influence et des influenceurs
L’émergence des «influenceurs» dans les années 2010 a bouleversé le monde tel qu’on le connaissait. Sur Instagram, YouTube ou Tik Tok, des personnalités ont acquis une popularité dans un domaine bien précis. Sur leurs comptes, ces personnes dévoilent leur quotidien, qui fait qu’on se sent proche d’elles et qu’on a envie de les suivre. Souvent, il faut bien le reconnaître, leurs vies nous font rêver et la tentation est grande de les imiter…
Sur un ton humoristique et avec des graphismes tout aussi colorés qu’amusants, le journaliste Gurvan Kristanadjaja et le dessinateur Joseph Falzon nous présentent un panorama assez exhaustif du monde des influenceurs et du fonctionnement des réseaux sociaux. Ils décryptent avec justesse les mécanismes de ce phénomène auquel il est de plus en plus difficile d’échapper. La bande-dessinée permet de découvrir de l’intérieur le monde fascinant et effrayant de l’influence : la pression du like, les partenariats ou les arnaques ainsi que l’influence réelle des influenceurs. Des fermes de likes au harcèlement dont sont victimes les influenceurs, en passant par la manipulation des internautes, l’utilisation politique des influenceurs, les burn-out qu’ils peuvent vivre, la pression des sponsors, les effets pervers sur notre volonté de ressembler aux influenceurs (minceur, musculature…), aucun aspect n’est laissé de côté.
Une bonne manière d’aiguiser notre esprit critique et de réfléchir sur nos pratiques
Le trait caricatural de Joseph Falzon, avec des dessins simples et percutants, sert parfaitement cette enquête aussi drôle qu’instructive. Des extraits (pas la BD entière car certaines images ne sont pas adaptées à un public d’élèves) peuvent être utilisés en classe, notamment en EMC ou lors de séances sur l’éducation aux médias et à l’information. Hors du cadre scolaire, l’ouvrage est adapté à un public d’adolescents, plutôt aux lycéens, et aux adultes.
La conclusion de l’ouvrage sur l’utilisation positive des réseaux sociaux vient nuancer ce tableau assez sombre et invite à la réflexion, à s’interroger sur nos pratiques et à comprendre et surtout contrôler l’influence des influenceurs sur nos vies.